L’homme pénètre dans la propriété à la faveur de la nuit. D’un geste agile et expert, il crochète la serrure, puis il s’introduit à pas feutrés dans la maison. Malheureusement, il fait tomber un cadre photo posé sur une vieille commode. Quand il ramasse l’objet, il est stupéfait… de se découvrir sur la photo!
Ca, ce n’est pas banal! Un cambrioleur qui cambriole sans le savoir sa propre maison, on ne se rappelle pas avoir déjà vu ça à l’écran. Voila qui donne un sérieux coup de jeune au film de braquage, si tant est que Robot & Frank appartienne à cette catégorie.
Enfin, “coup de jeune”, c’est vite dit, parce que le cambrioleur en question, Frank (Frank Langella) est un homme âgé et à la mémoire de plus en plus défaillante, ce qui explique qu’il pénètre par effraction dans son propre domicile. Ses troubles sont de plus en plus fréquents. Il ne se rappelle plus de certains évènements, par exemple le remplacement de son restaurant favori par une boutique de cosmétiques, et oublie même, parfois, le prénom de ses enfants.
Hé oui, si le film se déroule dans un futur proche, la science n’a pas progressé au point de trouver un remède contre la maladie d’Alzheimer et les autres maladies neurodégénératives. En revanche, l’électronique et l’informatique ont bien avancé, et permettent de proposer des robots aides-soignants, capables de tenir compagnie aux patients, leur rappeler la prise de comprimés, veiller à faire respecter leurs régimes alimentaires et prévenir les secours en cas de problème. Un véritable soulagement pour les proches des malades, qui ne peuvent pas toujours être présents pour s’occuper d’eux.
C’est le cas des enfants de Frank, Hunter (James Marsden) et Madison (Liv Tyler). Le premier est un golden boy très occupé par ses objectifs professionnels et par ses propres enfants. La seconde est une idéaliste qui parcours le monde pour aider les populations défavorisées et n’est que rarement présente sur le sol américain. Comme la santé de leur père ne va pas en s’arrangeant et que le bonhomme, qui n’a pas vraiment conscience de son déclin, se montre souvent effroyablement ronchon et désagréable avec eux, Hunter décide de lui acheter un de ces robots de compagnie.
Evidemment, le vieil homme se rebelle tout de suite contre cette idée saugrenue. Il se sent parfaitement en forme et n’a pas besoin de garde-chiourme. Il n’a cependant guère le choix. Ne sachant pas comment faire pour désactiver le robot, il ne peut pas échapper à cette compagnie envahissante qui surveille tous ses faits et gestes et critique son régime alimentaire.
Mais voilà, l’androïde peut rendre quelques beaux services. Frank, dans ses moments de lucidité, a conscience qu’il perd progressivement la mémoire, et ce robot est capable de lui raffraîchir la mémoire quand celle-ci connaît quelques ratés. Il fait aussi la cuisine, le ménage, veille à ce que la maison soit en bon ordre, suppléant ainsi l’ex-femme de Frank, qui l’a quitté quelques années auparavant. Et surtout, il est capable d’apprendre plein de nouvelles choses, d’emmagasiner des informations, de faire rapidement les calculs de combinaisons, d’obéir sans broncher aux ordres de son propriétaire.
Bref, il est le complice idéal pour réaliser un casse. D’autant que le robot ne peut faire la distinction entre le bien et le mal, la légalité et l’illégalité. Sa seule fonction est de veiller sur Franck et de faire en sorte que son état se maintienne, voir s’améliore légèrement par le biais d’activités efficaces. Et l’organisation d’un cambriolage semble avoir un effet positif sur son patient, alors il ne peut qu’accepter de lui prêter main forte.
Ni une ni deux, Frank et Robot se mettent à organiser un casse. Leur cible? Un voisin antipathique et arrogant qui projette de remplacer la bibliothèque municipale, un des rares lieux où Frank a encore ses petites habitudes,en une vulgaire salle des fêtes. Et dont la femme possède un luxueux collier en diamants…
Mais évidemment, la maladie de Frank complique les repérages et la mise en pratique du cambriolage. Par ailleurs, la police s’intéresse à lui – et à juste titre – après le vol d’un précieux manuscrit à la bibliothèque, un exemplaire unique de “Don Quichotte” que le vieillard a subtilisé pour séduire la belle bibliothécaire, Jennifer (Susan Sarandon).
La mise en scène de Jake Schreier manque un peu de jus et s’avère parfois un peu trop binaire, mais on suit avec plaisir les péripéties de ce drôle de duo, leurs démêlés avec leur abruti de voisin, leurs tentatives de cacher la vérité aux enfants de Frank, puis à la police. On s’attache vraiment au vieux ronchon – épatant Frank Langella – et à son robot presque humain, doublé par Peter Sarsgaard, tout comme on se délecte des personnages secondaires, de Susan Sarandon (65 ans et toujours séduisante en diable) à Liv Tyler, en passant par James Marsden.
Le comique de situation fait mouche et un petit suspense parcours le récit, maintenant notre intérêt éveillé de bout en bout.
Et derrière tout cela, derrière les atours de comédie de l’oeuvre, on ne peut s’empêcher d’être ému par le combat de ce vieux monsieur pour essayer de garder contact avec la réalité, pour maintenir intact ce qui lui reste de facultés mémorielles. Un combat que l’on sait perdu d’avance, puisqu’il n’y a pas de remède contre ces maladies. Mais il y a des défaites qui se font avec panache et qui ont même des allures de victoire. En s’amusant une dernière fois à jouer au cambrioleur de haut-vol avant que sa mémoire ne s’efface définitivement, Frank aura pleinement profité de sa vie jusqu’au bout. Pour notre plus grand bonheur…
Robot & Frank n’est peut être pas une oeuvre inoubliable (oui, elle est un peu facile celle-là…), mais c’est une sympathique comédie dramatique qui amuse et émeut tout en nous faisant réfléchir à la place de plus en plus importante du numérique et de la robotique dans nos vie. Pour un premier film, on peut dire que c’est une jolie réussite…
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Réalisateur : Jake Schreier
Avec : Frank Langella, Susan Sarandon, James Marsden, Liv Tyler, Peter Sarsgaard (voix)
Origine : Etats-Unis
Genre : film de cambriolage 2.0
Durée : 1h29
Date de sortie France : 19/09/2012
Note pour ce film : ●●●●