– La Dynamo, de La Grenouille Noire –

Quel étrange objet que ce bouquin : pas vraiment de la bédé – même s’il en contient pas mal-, pas non plus une revue réunissant plusieurs travaux autour d’un thème commun, ni-même un art book à proprement parler…

En fait, en ouvrant la Dynamo, c’est un peu comme si vous pénétriez dans l’atelier de la Grenouille Noire et vous y baladiez tel un gamin curieux en l’absence du maître des lieux.
Bon, c’est vrai qu’au début ça peut paraître un peu bordélique, mais vous ne serez pas vraiment livrés à vous-même : avant de s’absenter, l’auteur a laissé trainer d’étranges petits jouets, les transisticons. Ces drôles de petits bonshommes, à mi-chemin entre une ampoule électrique et un smiley, se feront un plaisir de vous prendre par la main pour vous guider dans l’antre de l’artiste.

Sur sa table à dessin, vous trouvez de magnifiques estampes, tout en longueur (20 x 60 cm), annotés de cours textes emplis de lyrisme. Les transisticons nous expliquent que nous tenons entre les mains les 15 premières planches d’une adaptation du grand classique chinois Le Roi Singe ; un projet pharaonique prévu dur 2500 pages. Au vu de la qualité de cet aperçu, espérons que Black Frog trouve un éditeur assez fou pour le suivre dans une telle aventure !

Juste à côté, epinglées au mur, nos yeux se posent ensuite sur deux illustrations au style old school qui pourraient bien devenir les couvertures de projets en gestation… illustrations alléchantes, projets prometteurs !

On se retourne et ombe sur un tableau sombre et envoutant intitulé « Les mille jardins suspendus de Carthage », qui, s’après nos petits guides, donne le ton d’une exposition prochaine qui puisera ses influences dans le Salammbô de Flaubert.

On fait deux pas de plus, et on manque de marcher sur le dessin d’une espionne russe, froide et sexy, qui trouverait tout à fait sa place dans un pulp déjanté. On le ramasse pour le posé sur le bureau encombré, et, entre un jouet à l’image des transisticons, deux cartes d’un jeu de tarot infernal, un marque-page (fort joli), et une planche de stickers destinés à un jeu obscur, on tombe sur une trentaine de pages d’une bande dessinée au ton très fifties et très New York / art déco qu’on ne peut s’empêcher de parcourir. On est immédiatement happés par cette histoire de vie après à la mort et d’enfer au ton très administratif, mais déjà nos drôles d’hôtes nous annoncent qu’il faut partir.

On repose donc les planches à contrecoeur, et on se dirige doucement vers la sortie, non sans s’attarder un instant sur le mur du fond, recouvert de tags, écritures, et logos en tout sens et en tout genre.

C’est à regret – et même avec un poil de frustration – que nous quittons enfin l’atelier du maître…
…mais ce qui est sûr, c’est que nous reviendrons y trainer nos guêtres dès qu’il nous en redonnera l’occasion !

La Dynamo, de La Grenouille Noire (ed. Ankama)

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