Hey, vous vous souvenez de la critique bourrée de superlatifs que j’avais écrite à propos de la shagadelik série Freaks’Squeele (sinon, clickez vite ici) ? Vous pouvez donc facilement imaginer ma joie quand à peine 3 semaines plus tard j’ai l’occaz’ de tenir entre mes mains fébriles et moites un nouveau bouquin du génial Florent Maudoux !
Joie proche de la jouissance si en plus vous ajoutez au projet l’immense Run (auteur du funkadelik Mutafukaz) et le très prometteur Singelin, jeune padawan n’ayant rien à envier aux deux maîtres susnommés !
Car avec Doggy Bags, ce n’est pas une histoire, môssieur, ni-même deux histoires, madame, mais bien trois histoires que ce trio de fous furieux nous propose là !
Trois histoires pour lecteurs avertis, comme l’annonce fièrement la couv’, où les mots d’ordre seront suspens, frissons et horreur… entre autres !
En ouverture, Singelin nous invite à un bal country dans l’Amérique profonde, avec lampions, binouze, chapeaux de cow boy… et hémoglobine ! Quand la sauterie tourne au bain de sang, la blondinette essayerait bien d’se faire la belle, mais c’est pas évident avec une horde de motards loups garous scotchés à ses p’tites miches. S’ensuit alors une course poursuite effrénée avec grosses cylindrées, coups de chaine motos dans la tronche, accidents spectaculaires et explosions… explosives ! Et ce rythme, messieurs, ce rythme ! Paf : plans serré / plans large ! Tac : plongée / contre-plongée ! Une telle maestria au niveau du découpage et du cadrage au poil de cul qu’on se croirait devant une bonne vieille VHS de Faster Pussycat Kill Kill !
En plat de résistance, Maudoux nous propose quelques chinoiseries et nous embarque à Hong Kong, où la mère d’une de ses héroïnes de Freaks’Squeele aura à en découdre avec les triades pour une sombre histoire de vengeance. Au menu de ce Kill Bill version papier : une sacrée nénette, Masiko, seule contre tous, beauté vénéneuse contre tueurs stupides, sous-tif’ bien rempli contre costards noirs bien cintrés, experte en lames contre porte-flingues minables, coups de tatanes bien placés contre balles perdues, répliques qui tuent contre tirades qui puent… visuel qui pète contre scénar’ qui claque ! Victoire écrasante pour Masiko !
Et en bouquet final, direction la frontière Mexicaine pour une balade dans le désert à la suite d’un flic sévèrement burné et aux méthodes expéditives traquant avec hargne un braqueur néo-nazi au regard de fou et au cerveau passablement cramée. Ici, l’action débridée passe au second plan pour laisser place à une tension palpable et oppressante. A grands coups de cases en cinémascope, de plans américains bien sentis, et de cadrages serrés-serrés sur les yeux, Run se la joue Sergio Leone pour un duel d’hommes, de vrais, sous un soleil de plomb bien lourd, avec vautours qui rodent et cadavres en décomposition…
Faster Pussycat, Tarantino, Sergio Leone… vous l’aurez compris, ce bouquin est un putain de bel hommage au cinéma de genre, celui où on avait pas peur de montrer du sang, du flingue, et du nibard ! Et si on y voyait de la cervelle sur les mûrs, de la cervelle, y en avait aussi dans la tête des réalisateurs talentueux qui savaient différencier la série B de qualité des minables série Z sans âme, donnant ses lettres de noblesse à un cinéma injustement considéré d’arrière-plan.
Afin d’accentuer encore le côté Grindhouse, les histoires sont entrecoupées de succulents petits programmes à la con : ce qui en salle donnerait lieu à de vieille pubs, des mini-reportages, ou des p’tits cartoons ; se traduit ici en faux coupons de VPC, fiches « le saviez-vous ? », et strips humoristiques. Et pour coller au mieux à la belle époque qu’il sanctifie, cet album se pare d’atours de vieux comics des années ’50 avec titres accrocheurs qui s’étalent en pleine page, onomatopées en rouge sang qui dégoulinent, couleurs passées et trames à l’ancienne, poster de pin-up à épingler dans ta piaule, et même une couverture faussement abimée à force de s’faire trimballer dans la poche arrière de ton Levi’s usé sur le siège de ta bécane !
Alors, ce Doggy Bags, une pépite ? Non, mieux : une grosse bastos en or massif dans ta face !
Doggy Bags, de Singelin, Maudoux & Run (ed. Ankama)
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Tout à fait d’accord, en espérant que la suite sera à la hauteur de ce preimer tome qui place la barre très haut. perso j’ai été scotché par l’histoire de Maudoux et par son dessin ( j’ai snobé freak squeele) allez comprendre…
@ Julien : Mais quelle grossière erreur d’avoir snobé Freaks’Squeele… Le bon côté, c’est que maintenant tu vas pouvoir t’en taper 4 tomes d’un coup ! La chance…
PaKa, tu cites « Faster Pussycat kill kill », mais tu omets de rendre hommage à Tura Satana, l’actrice du film, qui vient de décéder le 4 février dernier…
Qu’elle repose en paix et aille retrouver au Paradis Russ Meyer et les autres seins, oups pardon, les autres Saints…
@ Boustoune : Il est clair qu’avec sa paire de saints, elle va égayer un peu ce paradis tout-blanc-tout-tristoune et défriser les poils du vieux barbu !
vraiment sympa dans le concept… la troisieme histoire existe déja .
c’est un conte de la crypte, d’abord sortie en bd, et ensuite en série tv..ca s’apelait LE CANYON DE LA MORT.. histoire copié collée donc..
mais bon ..quand c’est bon, on se tait et on lit..
Merci pour votre enthousiasme sur DoggyBags
Pour répondre à Gérarddeath, sa référence est bonne. « Carrion Death », mal traduit en français par « Le Canyon de la mort » est un épisode des contes de la crypte, inspiré d’un strip de 5 pages au titre éponyme, paru en 1952 dans Shock, publié par EC comics. Je ne m’en cache pas, puisque c’est écrit en toutes lettres au début de mon récit…
Le pitch est le même, mais tu auras constaté par toi-même que les évènements décrits n’ont plus rien à voir ni avec la BD, ni avec l’épisode des contes de la crypte.
@ Run : Merci à toi, l’auteur, pour tes BDs (celle-ci, bien sûr, mais aussi ce putain de Mutafukaz qui – comme son nom l’indique – déchire sa mère), et merci à toi, le directeur de collection, pour ce bouquin et son concept, en espérant que ce tome 1 soit le premier d’une longue série !
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