Après avoir porté à l’écran la pièce de théâtre Diplomatie, qui reposait sur la joute verbale entre Niels Arestrup et André Dussollier, Volker Schlöndorff a choisi d’adapter le roman de Max Frisch, “Montauk” (1), qui repose également sur le face-à-face de deux personnages. L’affrontement est cependant de tout autre nature, puisqu’il tourne autour des retrouvailles d’un homme et une femme qui se sont follement aimés et se retrouvent plusieurs années plus tard.


Return to Montauk, Volker Schlöndorff, Stellan Skarsgard, Nina Hoss

Max Zorn (Stellan Skarsgard) est un écrivain d’une soixantaine d’années, qui arrive à New York dans le cadre d’une tournée littéraire pour le lancement de son nouveau roman, un livre assez sombre, traitant d’amour impossibles et de regrets éternels. Il a beau affirmer à tous ses interlocuteurs qu’il s’agit d’une fiction, on devine qu’il s’est fortement inspiré de sa propre expérience pour écrire ce récit.
Effectivement, plus de trente années auparavant, à l’époque où il vivait lui-même à New York, il a vécu une brève romance avec Rebecca (Nina Hoss), une jeune étudiante d’origine allemande, avant de retourner en Europe, et cette histoire le hante encore aujourd’hui, bien qu’il soit désormais marié et heureux, du moins en apparence.
Rebecca habite toujours New-York. Elle est devenue une redoutable avocate d’affaires. Quand Max l’apprend, il se met en tête de la retrouver, afin de passer un moment en sa compagnie et bavarder du bon vieux temps. Peu importe si Rebecca n’a pas l’air vraiment emballée par ces retrouvailles imprévues, l’écrivain s’accroche. Il tente de la convaincre de partir avec lui, le temps d’un weekend, à Montauk, une petite ville côtière du Suffolk, à l’extrémité est de Long Island, un endroit où ils ont vécu les plus belles heures de leur relation. Quand elle finit par accepter, il se sent pousser des ailes. Il voit dans cette escapade la possibilité de démarrer une nouvelle vie. Il semble prêt à à sacrifier son mariage avec Clara (Susanne Wolff) et abandonner carrière et gloire pour revivre sa passion de jeunesse. Mais Rebecca continue de se montrer distante et amère et ne semble pas concevoir les choses de la même façon…


Retour a Montauk - 2

L’intrigue n’a rien de très originale. L’écrivain qui fait sa crise de la cinquantaine, le couple qui se retrouve après des années de séparation, les regrets et les blessures,… Tout cela a déjà été abordé des centaines de fois, et avec plus d’intensité, car il faut bien reconnaître que la mise en scène de Volker Schlöndorff, certes sobre, appliquée et assumant parfaitement son refus de recourir à des effets mélodramatiques, s’avère un peu trop classique, trop sage pour nous emporter vraiment. Cependant, le récit tient sur ce suspense amoureux, sur la tension que l’on sent entre les personnages, entre cet homme prêt à perdre la tête pour reconquérir celle qu’il a follement aimée et cette femme qui, au contraire, essaie par tous les moyens de ne pas lâcher prise. Cela doit beaucoup aux acteurs principaux et à leurs performances tout en retenue et en finesse. Stellan Skarsgard est touchant en écrivain rongé par les regrets et trop occupé à rêver sa vie pour profiter pleinement de l’existence. Nina Hoss, de son côté, est une nouvelle fois sublime dans le rôle de cette femme blessée, cachant derrière son assurance et sa froideur des abîmes de détresse et de solitude qui ne demandent qu’à s’exprimer. On peut ajouter à ces beaux numéros d’acteurs celui de Susanne Wolff, impeccable et digne en épouse délaissée.

Malheureusement pour eux, le jury de la dernière Berlinale n’a pas été conquis par leurs performances, qui auraient pourtant mérité un prix. Espérons que Retour à Montauk aura davantage de chance dans les salles françaises…

(1) : “Montauk” de Max Frisch – éd. Gallimard



Retour a MontaukRetour à Montauk
Rückkehr nach Montauk
Réalisateur : Volker Schlöndorff
Avec : Nina Hoss, Stellan Skarsgaard, Susanne Wolff, Isi Laborde, Niels Arestrup, Bronagh Gallagher
Origine : Allemagne
Genre : Love story amère et désabusée
Durée : 1h43
date de sortie France : 14/06/2017
Contrepoint critique : Les Cahiers du cinéma

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