Chalut les humains,
Non mais qu’est-ce que ce que c’est que ce délire?
Passe encore que tous les dessins animés et les films du monde ne soient pas articulés autour des chats et des fauves. Nous autres félins n’avons rien à gagner à vous éblouir de notre prestance féline. Vous seriez vite jaloux.
Je peux aussi comprendre que, parfois, vous vous entichiez d’un toutou, car il n’y a pas à dire, nos meilleurs ennemis sont excellents dans le cabotinage. Idem pour les ours, capables de terrifier ou d’attendrir les marmots, selon les rôles. Et je peux même admettre que des souris puissent tenir les premiers rôles. J’aime leurs films, Ils m’ouvrent l’appétit.
Mais là, franchement, c’est quoi le délire avec Turbo ? Un film ayant pour stars des… escargots ?!?
Ça ne ressemble à rien un escargot, avec leur corps caoutchouteux/ baveux, leur coquille qu’ils se trimballent comme un fardeau. Alors pourquoi, hein? Pourquoi? Qu’est-ce qu’il a de plus que moi, Théo, alias “Turbo”, le héros du nouveau film d’animation des studios Dreamworks?
OK, j’admets qu’il est touchant, ce gastéropode qui rêve de dépasser ses limites et celles de son espèce.
Il a tellement envie de vitesse et d’adrénaline qu’on ne peut qu’être de tout coeur avec lui. Et, évidemment, on applaudit des quatre pattes quand Dame Nature -déguisée en poids lourd- lui accorde finalement ce don qu’il désirait tant. Un camion le fait voler jusqu’au compresseur d’une voiture de sport et le met au contact de “nitro” ou protoxyde d’azote, qui fusionne avec son ADN et lui donne les mêmes pouvoirs qu’une voiture de course! (c’est un film, hein les p’tits humains, ne faites pas ça chez vous)
A mon avis, ça s’apparente à du dopage, tout ça… Mais Théo est fair-play. Il ne se contente pas de battre ses congénères à plates coutures lors de courses d’escargots. Puisqu’il est si rapide, il utilise ses talents pour défier des pilotes humains.
Au cours du récit, il va avoir l’occasion de courir contre son idole, Guy La Gagne – un mix entre Alain Prost, Jacques Villeneuve et Ayrton Senna, tant physiquement que dans la manière de piloter – lors de la course mythique des 500 Miles d’Indianapolis. Une compétition bien évidemment haletante jusqu’au dernier tour du circuit, dans la pure tradition des films sportifs.
Oh, ne vous attendez pas à un chef d’oeuvre au niveau du scénario. On est dans un schéma archétypal de film hollywoodien destiné à la jeunesse, aux péripéties convenues, aux rebondissements plus ou moins attendus et aux leçons morales archi-rabâchées : les petits peuvent devenir grand en se persuadant de leur valeur, en faisant des efforts et en faisant preuve de courage / le collectif peut aider l’individu à devenir plus fort / la famille, c’est sacré.
L’intrigue évoque un peu le premier Cars et, paraît-il, le récent Planes. Rien de nouveau sous le soleil, quoi…
Mais la construction narrative, en trois temps, fonctionne tout à fait correctement. La première partie dépeint la vie de la baveuse communauté et montre le décalage existant entre Theo et ses congénères. La seconde, après la métamorphose du petit gastéropode en mutant, raconte sa rencontre avec des humains fans de courses d’escargot et la montée du buzz autour du phénomène. La dernière est, donc, l’affrontement à 300 à l’heure entre La Gagne et Turbo.
Chacune possède ses bons moments, ses bonnes idées et sa part d’humour et de références cinématographiques (Fast & Furious, Rocky, Grease…) de façon à maintenir éveillé l’intérêt des petits et des grands.
Les personnages sont finement dessinés, et même si, je persiste, les escargots ne ressemblent à rien avec leurs yeux bizarroïdes et leur corps gluant, ceux-là sont plutôt attachants. Il y a Théo, bien sûr, auquel les enfants pourront s’identifier, mais aussi son frère Chet et toute une bande de gastéropodes de compétition : Will Flash, D-Rap, Cool Raoul et L’Ombre Blanche.
Tous sont d’autant plus sympathiques qu’ils sont doublés par une belle brochette de comédiens ou de rappeurs (Ryan Reynolds, Samuel L. Jackson, Maya Rudolph, Paul Giamatti, Snoop Dog en VO, Laurent Laffitte en VF).
Même constat concernant l’animation. C’est fluide, élégant. Ca va à toute vitesse et le cinéaste et ses équipes s’autorisent quelques belles trouvailles visuelles lors de la course finale, appuyées par un relief assez bien exploité.
Finalement, j’avoue que j’ai passé un bon moment devant Turbo. Ce n’est pas le film du siècle et il ne révolutionnera pas le cinéma d’animation, ni sur le fond, ni sur la forme, mais c’est un divertissement très honorable, qui devrait faire le bonheurs des enfants, petits et grands. Et c’est bien là le principal pour ce genre de spectacle.
Bon, il faut que je vous laisse. Voir ce mollusque triompher des humains m’a donné plein d’idées sportives. Rassurez-vous, je ne vais pas troquer ma pâtée 3 étoiles contre un bol de protoxyde d’azote. Et encore moins aller me frotter à des voitures. Je tiens à ma peau, moi! Mais c’est bientôt les JO et j’ai envie de m’amuser à vous défier au bobsleigh. Ben quoi, si un escargot peut gagner des courses d’Indy Car et que le Prince de Monaco a le droit de concourir, pourquoi pas moi? J’ai déjà le nom de ma team : les Rasta Croquettes!
Plein de ronrons,
Scaramouche
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Turbo Turbo Réalisateur: David Soren |
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Merci pour cette critique 😉
Dreamworks a l’air d »avoir battu Disney dans ce bras de fer avec PLANES !