– A la fin des catastrophes, de Joann Sfar –

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Via ses nombreuses BD, carnets et romans, la publication (pluri)quotidienne de ses pensées sur Insta’, ses fréquentes interventions à la télé, à la radio ou dans les journaux, on connait Joann Sfar rigolo, foufou, profond, grivois, passionné, philosophe, érudit, empathique, impliqué et concerné, que l’on parle de livres, de cinéma, de musique, d’art en général, mais également d’actu’, de religion(s), de politique… ou d’un mixe des trois !
Yep, quel que soit le support et sujet, on connait Joann Sfar très disert… pour ne pas dire bavard !

Pourtant, dans A la fin des catastrophes, il fera preuve d’une incroyable économie de mots, laissant ses pinceaux parler pour lui. Ce grand et bel album réunit les dessins de Sfar publiés dans Paris Match – un exercice et un espace qu’il partagea un temps avec notre si regretté Sempé –, un bouquet de superbes aquarelles s’étalant en pleine page auxquelles l’auteur appose juste une courte légende, une pensée, un bon mot ou un trait d’esprit…

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Sans réel fil conducteur, Joann nous prend la main et nous entraine dans une jolie balade le long des rues d’un Paris (post)confiné, marchant quelque peu au ralenti mais s’adaptant bon gré mal gré à ce nouveau mode de vie qui nous fut imposé. Une balade toute tranquille, teintée d’une douce mélancolie, au cours de laquelle on croisera sur un trottoir, des musiciens de rue sans public, dans les allées sombres et vides, des animaux sauvages vantant les mérites du couvre-feu, à une fenêtre, une jeune demoiselle profitant à la fois du confinement et de son exposition plein sud pour bouquiner au soleil, sur un quai de gare désert, une pauvre erre regrettant presque feu la cohue des jours de grève, sur une branche, des oiseaux arborant des masques en « bec de canard », alors que sur une terrasse les humains le laissent négligemment pendre à l’oreille pour mieux échanger un sourire.

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Tel un photo-reporter, Sfar pose ici et là son regard aiguisé sans jamais être acerbe, un regard bien souvent cocasse, volontiers absurde, parfois un poil naïf, d’autres fois un brin cynique, mais ce, sans jamais être méchant, car toujours emprunt d’une certaine tendresse et compassion pour ses congénères… et même pour leurs animaux de compagnie : pouvait-on en demander moins à l’auteur du Chat du Rabbin !?

A la fin des catastrophes, de jolis souvenirs subsistent malgré tout… et pour cela, merci Joann.

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* A la fin des catastrophes, de Joann Sfar (Ed. Gallimard)

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