– A Short story, de Run & Florent Maudoux –

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Que ce soit via les albums d’auteurs tels Aurélien Ducoudray ou Joe Sacco chez Futuropolis (pour ne citer qu’eux), ou via les excellentes La Revue Dessinée, qui décortique si brillamment l’actu’, et TOPO, sa petite sœur destinée aux ado’, on a plus d’une fois eu à cœur à la Rubrique-à-Brac de mettre en avant ce qu’on appelle communément la bédé-reportage.

Aujourd’hui, nous revenons sur un album suivant quelque peu cette mouvance tout en s’en détachant pourtant, ne s’apparentant pas totalement à une bédé-reportage, mais plutôt à une « bédé-enquête ».

Run et Florent Maudoux, figures de proue du prestigieux Label 619 nous proposent avec A Short Story de se pencher sur la jeunesse d’Elizabeth Short, victime du tristement fameux « cold case » mondialement connu sous le nom du Dahlia Noir.

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Si l’enquête qui suivit ce sordide meurtre fut exposée dans ses moindres détails – que ce soit au travers des médias qui s’en emparèrent nourris d’une fascination morbide ou sous la plume de James Ellroy qui en accoucha un roman aussi puissant que poisseux –, le duo attaque l’affaire sous un angle novateur en choisissant de revenir sur l’enfance et la jeunesse de cette modeste fille du Massachusetts, pour s’attarder ensuite sur ses rêves inassouvis de romance et de gloire à Hollywood

En alternant pages de textes et pages de BD, ils le dressent le portrait un brin pathétique d’une pauvre jeune femme désabusée se voulant forte et prête à tout pour arriver à se trouver un beau mari et s’ouvrir les portes des mythiques studios de cinéma… mais enchainant malheureusement, les échecs, sa beauté ne pouvant régler tous les problèmes qu’elle se crée, paumée et pas toujours très éclairée dans ses choix, s’enfonçant inexorablement dans la misère, le mensonges, et se tournant, désespérée, vers certaines personnes peu recommandables… certaines personnes dangereuses ?

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Pour mieux cerner cette personnalité trouble et sa lente descente aux enfers, Run collectera articles de presse, correspondances de la jeune femme et pièces du dossier juridique afin de décrire au mieux l’héroïne, son caractère et ses failles, mais également l’époque si particulière dans laquelle elle évolue – drainant un véritable flot de rêves et de désillusions – et comment elle aura une part entière dans sa triste destinée. Des longs et denses textes qui ne seront jamais rébarbatifs, néanmoins, le lascar y amenant un certain lyrisme dans le choix de ses mots et ses tournures de phrases, et surtout, en confiant certains passages à son compère Florent Maudoux, véritable virtuose qui de son trait des plus élégants et ses couleurs extrêmement soignées illustre au mieux les milliers d’émotions qui traversent les yeux d’Elisabeth, et les décors sans pareil de la Californie des années 40… des fastes d’Hollywood au ruelles crasseuses des bas-fonds de Los Angeles.

Enfin, nous ne saurions clore cette chronique sans tirer une nouvelle fois notre chapeau aux éditions Rue de Sèvre qui, en accueillant en leur sein le Label 619, leur permettent aujourd’hui de continuer de nous offrir de beaux albums, tant par leur contenu original et novateur que par leur maquette et leur confection des plus soignées.

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A Short story, de Run & Florent Maudoux (Ed. Rue de Sèvres – Label 619)

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