– Suzette ou le grand amour, de Fabien Toulmé –

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Enterrement de Bernard. Tout le monde présente ses condoléances à Suzette, sa veuve éplorée.
Enfin, éplorée… modérément. D’ailleurs, quand Noémie, sa petite-fille, lui offre tout son soutien, elle avoue à demi-mots ne pas être si triste.

Pourtant, si ce demi-avoue l’intrigue un instant, Noémie, n’y prête que peu d’attention, totalement dévastée par la perte son grand-père. Ses parents s’étant séparés dès ses plus jeune années, celle-ci fut en grande partie élevée ses grands-parents ; son papou devenant ainsi son copain, sa mamoun, une véritable confidente, et eux à deux, son couple référence. Mais encore une fois, quand Noémie aborde à nouveau le sujet, un étrange malaise traverse sa grand-mère… Cette fois-ci, la petite-fille insiste, curieuse et n’osant comprendre, jusqu’à ce que Suzette, le cœur lourd, accepte de tout lui expliquer : si elle n’avait rien à reprocher à son mari – à part quelques tromperies qui ne l’affectèrent pas tant que ça – elle ne peut pas non plus dire qu’il lui manquera plus que ça. En réalité, leur mariage ne fut que le fruit d’une conjoncture faisant que Suzette, célibataire et en âge de convoler, épousa ce bon Bernard, gentil fils d’une gentille famille proche de la sienne… sans le détester, mais sans jamais en être amoureuse non plus.

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Outrée, Noémie s’offusque qu’elle n’ait jamais connu l’amour, ce à quoi la vieille dame lui confie l’avoir en réalité connu, une fois, il y a bien longtemps, en la personne du beau Francesco, un jeune italien qu’elle côtoya durant cette courte mais si douce période au cours de laquelle elle fut jeune-fille au pair à Portofino…

Fatiguée et elle-même un peu paumée dans son couple – lassée par les envies « de liberté » de son petit copain – il n’en faut pas plus à Noémie pour plier bagage et embarquer sa mamoun dans sa camionnette, direction l’Italie à la recherche du beau Francesco !

Le retrouveront-elles ? Se souviendra-t-il de Suzette ? Sera-t-elle encore sous le charme ?
Au final, tout cela importe bien peu : qu’importe la destination tant que le voyage est beau !?
Et là, le voyage, qu’est-ce qu’il est beau !

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D’un trait des plus simples, mais des plus justes, dénué de fioriture mais allant à l’essentiel pour – justement – le mettre encore plus en avant, l’essentiel, Fabien Toulmé nous entraine dans un joli roadtrip où deux femmes de deux générations se retrouvent, se trouvent, prennent le temps de se retrouver, de se trouver, de discuter, de réfléchir, de se ressourcer… d’apprécier les petites choses simples… justes… essentielles…

Une simplicité et une justesse que l’on retrouve également dans le ton, appuyé encore par ces couleurs, tout aussi simples et justes… douces… et donc parfaites pour illustrer la dolce vita à laquelle se laissent enfin aller cette jeune fille et sa grand-mère…

A la manière d’un Alfred et de son magnifique Come Prima, c’est donc un joli voyage en Italie que nous offre ici Fabien Toulmé… un voyage où les émotions et les sentiments se révèlent aussi enchanteurs que les paysages.

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Suzette ou le grand amour, de Fabien Toulmé (Ed. Delcourt)

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