– Muderabilia, d’Alvaro Ortiz –

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Malmö, c’est un peu un branleur. Pas méchant, hein, mais faut pas trop lui en demander non plus.
A la base, il voulait devenir écrivain – genre un grand auteur à succès – alors il a arrêté les cours ainsi que les recherches d’emploi pour se consacrer à son art… mais en réalité, il passe ses journées à trainer chez papa-maman sans écrire un seul mot, son ordinateur lui servant moins à pondre le roman du siècle qu’à se mater des vidéos pornos.

Et forcément, quand on retrouve le corps de son vieil oncle – mort seul dans son appart’ et en grande partie dévoré par ses chats – plutôt que verser une larme, Malmö se demande s’il n’y aurait pas moyen de grappiller quelques sous derrière ce triste évènement… ce qui n’est pas aberrant, en fait, certains collectionneurs un poil morbides sur les bords étant prêts à vendre père et mère pour acquérir un objet ayant trait de près ou de loin à un meurtre, accident, massacre, ou toute autre tragédie !

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De là, on suivra alors le lascar dans une bourgade paumée où l’un de ces douteux collectionneurs aura poussé le vice jusqu’à emménager dans une maison ayant été le théâtre d’une tuerie…

…bourgade où il tombera sur une nénette sympa’ qui le mettra dans son pieu, un p’tit boulot tranquillou, et même – pourquoi pas – le thème de son fameux bouquin en relatant les histoires aussi nombreuses que sordides dont regorge l’acquéreur de ses chats cannibales !

Meurtre, tuerie, massacre, morbide, sordide… pas très gai, tout ça, me direz-vous.

Et pourtant, malgré un sujet de base peu ragoutant, Alvaro Ortiz nous offre un livre à la fois touchant et subtil, décrivant avec brio le quotidien de ce trentenaire un peu largué, désabusé et blasé, qui retrouve peu à peu goût à la vie au cours de cet étrange voyage. Une impression de douceur encore renforcé par ce trait naïf et tout en rondeur – non sans rappeler Trondheim à ses débuts, le côté animalier en moins – appuyé par une jolie palette de couleurs pastelles.

Une approche des plus agréables qui nous amène tout naturellement à baisser notre garde… pour mieux nous décocher ce final aussi surprenant et brutal qu’inévitable.

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Entre chronique adulescente bien sentie, satire sociale douce-amère, et thriller faussement gentillet, ce Murderabilia est un livre original, à la fois drôle et flippant, juste et captivant, parfaitement maîtrisé de bout en bout par un jeune auteur qui transforme ici en beauté son premier essai… et allonge encore l’impressionnante liste de talentueux bédéastes que nous offre actuellement l’Espagne.

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Murderabilia, d’Alvaro Ortiz (ed. Rackham).

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