– Rockabilly Zombie Superstar, de Nikopek –

Y a un bail qu’on a pas causé de zombies, ici !
Mais rassurez-vous, le sujet n’est pas mort… enfin, si, un peu quand même…
Bref, mort-un-peu ou pas, les zombies reviennent à la vie aujourd’hui avec la sortie du deuxième (et dernier) tome de Rockabilly Zombie Superstar !

Bon, j’vais pas vous faire un pavé de 3 pages sur l’histoire ; elle tient en quelques mots :
Billy Rockerson, un minable sosie d’Elvis, se fait croquer par un zombie lors d’un concert dans un rade pourri. Il en est persuadé, c’est la fin…
Mais non, ce n’est que le début de la fin (et de la faim) : au lieu de dépérir / pourrir dans son coin, Billy part en croisade pour le King himself, qui, lors d’une apparition divine, lui a confié une mission, les clés de sa caisse, et une pelle !

A partir de là, rien n’va plus ! Tour part en vrille dans ce road movie endiablé à travers le sud profond des States, où l’on croisera des belles pépés, des bagnoles d’enfer, des beaufs ignares, des fermiers consanguins, des militaires totalitaires et très très cons (pléonasme ?), des encapuchonnés du KKK toujours aussi tarés, des volées de coups de pelle qui s’écrasent sur des tronches… et bien sûr, quelques hordes de morts-vivants plus ou moins puants !

Un joyeux bordel bien délirant, du jouissif grand n’importe quoi !

Mais attention : ce n’est pas parce qu’on fait du n’importe quoi qu’il faut le faire n’importe comment !
Là, les deux lascars aux commandes se font plaiz’, certes, mais ils gèrent super-bien leur truc !
Cette bédé est bourrée de bonnes idées (les fausses pubs ventant du matos pour zombie apprivoisé, les lois sur l’intégration en société des morts-vivants…), de références qui claquent (que ce soit par les affiches accrochées un peu partout dans le décor, ou directement dans les répliques), de dialogues ciselés à la hache remplis d’un humour trash et volontairement lourdingue (« Tiens, v’là Johnny Bigoude, le roi du banana-slip »)…
…le tout emballé dans un putain d’écrin qui brille : on est embarqués dans les scènes d’action par un dessin nerveux et dynamique, appuyé par un découpage et des cadrages super-efficaces ; on hallucine devant les gueules pas possibles des perso’ (morts comme vivants !) ; on repense avec nostalgie à nos vieux comics grâce au tramage U.S. et aux couleurs vieillies ; on s’imagine chez Tarantino quand un titre en caractères bien gras s’incruste sur une scène en noir & blanc maculée d’hémoglobine bien rouge, et on entendrait presque la pelle siffler devant notre nez quand les onomatopées s’étalent en pleine page… Raaaaah, qu’c’est bon !

S’il était un film, ce Rockab’ serait une sorte de résurrection des Blues Brothers, échappés de leur tombe dans un état de putréfaction avancé, choucroutés d’une bonne grosse banane bien gominée, et abondamment arrosés à la sauce Grindhouse
…sauf que les bluesmen étaient en mission pour le Seigneur, alors que nos rockers font hurler leurs guitares du fin fond de l’enfer pour honorer le King ! Yeah !

Rockabilly Zombie Superstar, un putain de diptyque par Nikopek et Lou (ed. Ankama)

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