En s’aventurant dans la remise de la maison familiale, Julien (Fabien Héraud), un adolescent handicapé, tombe sur une vitrine renfermant les trophées sportifs. Des coupures de journaux attirent son attention. Elle lui apprennent que son père, Paul (Jacques Gamblin) a jadis été un triathlète accompli et qu’il a participé à un  “Ironman”. Il est un peu surpris, car si le nom de cette épreuve lui évoque un super-héros, il n’attribuerait pas ce qualificatif à ce père qui passe son temps à l’éviter, par désamour ou par lâcheté, peut-être.
En se renseignant sur la course sur internet, il découvre qu’un père et son fils handicapé ont participé à ensemble à un Ironman et sont allés jusqu’au bout de l’épreuve. A partir de ce moment, il n’a plus qu’un objectif : réaliser lui aussi cet exploit, avec son propre père. Cela tombe bien, ce dernier vient juste d’être licencié et a donc tout le temps nécessaire pour se consacrer à ce projet un peu fou…

De toutes nos forces - 3

Au départ, Paul refuse catégoriquement. Une telle épreuve nécessite des heures d’entraînement. Seul, c’est déjà très difficile, alors en devant en plus s’occuper d’un binôme handicapé, c’est quasiment impossible. Et puis c’est dangereux pour Julien, à cause des conditions climatiques – le froid et l’humidité lors des 4 km de natation en pleine mer, la chaleur étouffante lors des 180 km de vélo en pleine montagne- et des risques de chute. Non, décidément, l’idée est aberrante…
Mais Julien s’accroche. Il insiste encore et encore, manifeste son mécontentement face à l’attitude bornée de son père. Il va jusqu’à fuguer pour qu’enfin, on prenne en compte ses desideratas. Finalement, Paul finit par plier devant tant d’opiniâtreté, et accepte le challenge.
Ensemble, le père et le fils vont se lancer dans un incroyable défi physique et mental, qui va les mener, au bout de leurs forces, jusqu’à la plus belle des victoires. Contre le handicap. Contre la fatalité…

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Le scénario de De toutes nos forces, de Nils Tavernier, est d’une simplicité et d’une linéarité exemplaires.
Il est construit en grande partie sur le principe d’un film sportif classique, avec images des entraînements intensifs, à la manière d’un Rocky Balboa, et des pics d’intensité dramatique grisants lors de la course, quand incidents, blessures et fatigue extrême sont vite surmontés à force de volonté et d’abnégation.
Et aussi sur la base d’un mélodrame familial tout aussi classique : la mère surprotège son fils, le père le fuit, incapable d’assumer son handicap, ce qui génère des tensions dans le couple et la frustration du garçon. Mais cette folle aventure ressoude finalement les liens de tous les membres de la famille.

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Tout cela pourrait être parfaitement niais, ou se vautrer dans le pathos d’un bout à l’autre. Mais, miracle, il n’en est rien.
La mise en scène ne brille pas par son ampleur ou son originalité, Nils Tavernier se contentant de mettre sagement en images son récit, mais cette simplicité sert le film. Elle évite justement d’ajouter de l’emphase artistique à une barque déjà bien chargée en bons sentiments et en émotions. Et cela n’empêche pas Nils Tavernier de traiter pleinement chaque aspect de son sujet et de prendre le temps de développer chaque personnage – Jolie scène, par exemple, que celle des 18 ans de Paul, qui permet de montrer le lien fort qui l’unit à sa soeur aînée…

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Même sobriété au niveau du jeu des acteurs, tous impeccables. Jacques Gamblin campe avec sa retenue et son charme lunaire habituels cette figure paternelle un peu paumée, qui parvient enfin à voir au-delà du handicap pour exprimer son amour à son fils. Alexandra Lamy est également très juste dans son rôle de mère-poule, fatiguée d’avoir à assumer seule la charge de cet enfant en fauteuil roulant. Et le jeune Fabien Héraud nous épate par sa performance d’acteur tout aussi remarquable que l’exploit sportif accompli par son personnage.

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A aucun moment on n’éprouve de la pitié pour Julien, cet adolescent cloué en chaise roulante. Juste un profond respect et une grande admiration.
Si le film nous bouleverse, c’est par la beauté de cette communion entre le père et le fils, le soutien indéfectible de leurs proches, par la dose d’énergie positive qu’il nous procure, et par la pureté de son message, qui montre qu’avec du courage, de la volonté et de l’amour, on peut réaliser de grandes choses, que l’on soit handicapé ou valide.

Certains esprits chagrins diront sans doute que De toutes nos forces  n’est pas un grand film. Peut-être… Mais c’est assurément un beau film, vibrant d’humanisme et bouillonnant de vie, qui contribuera sûrement à changer le regard des spectateurs sur le handicap et ceux qui en souffrent. Et ce n’est déjà pas si mal…

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De toutes nos forces De toutes nos forces
De toutes nos forces

Réalisateur : Nils Tavernier
Avec : Fabien Héraud, Jacques Gamblin, Alexandra Lamy, Sophie de Fürst, Xavier Mathieu
Origine : France
Genre : leçon de vie et de courage
Durée : 1h30
Date de sortie France : 26/03/2014
Note pour ce film :●●●●
Contrepoint critique : Critikat

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