72ème Festival de Cannes (Alpes Maritimes)
– du 14 au 25 mai 2019 –

Cannes 2019 © Photo  La Pointe courte  1994 Agnès Varda et ses enfants - Montage & maquette  Flore MaquinDepuis quelques années, les sélections officielles cannoises ne suscitaient pas toujours un fol enthousiasme au moment de leur annonce. Certes, à l’arrivée, les films projetés ont été, à quelques exceptions près, à la hauteur d’une manifestation de ce standing et le cinéphile à toujours trouvé son bonheur au sein d’une programmation riche en belles découvertes et en œuvres artistiquement ambitieuses. Mais il y avait toujours un peu de frustration au moment de l’annonce des auteurs sélectionnés, entre les auteurs choisis “à l’ancienneté” qui prenaient la place de jeunes talents, les petits nouveaux, jugés encore trop tendres pour tenter de récolter la Palme d’Or, qui privaient les habitués de leur place en sélection, les blacklistés, les boudeurs, les fidèles soudainement infidèles attirés par les sirènes de Toronto et les œuvres estampillées Netflix, refusées car elles ne sortiront jamais en salle. Et on ne parle même pas du 70ème anniversaire, dont le côté festif n’était pas évident.
Mais cette année, le cru cannois semble faire l’unanimité, sur le papier du moins.

La compétition officielle est un subtil alliage d’habitués du festival, dont cinq déjà palmés au moins une fois, et de jeunes cinéastes. Elle semble assez équilibrée, proposant autant de films Art & Essai purs et durs que de films de genre d’un nouveau genre, comme Dead don’t die, le film de zombies de Jim Jarmusch, présenté en ouverture du festival 2019.

Ainsi, Tarantino (Once upon a time in Hollywood), Kechiche (Mektoub my love : Intermezzo), Loach (Sorry we missed you), les frères Dardenne (Le Jeune Ahmed) et Terrence Malick (Une vie cachée) vont essayer d’ajouter une nouvelle Palme d’Or à leur collection, tandis que des grands cinéastes comme Pedro Almodovar (Douleur & Gloire), Arnaud Desplechin (Roubaix, une lumière), Bong Joon-Ho (Parasite), Xavier Dolan (Mathias & Maxime) ou Elia Suleiman (It must be heaven) essaieront de décrocher enfin la précieuse récompense, après l’avoir manquée de peu lors de précédentes éditions.
Mais il ne faudra pas dédaigner les autres cinéastes en compétition, qui n’ont pas été choisis par hasard par Thierry Frémaux et son équipe. Ira Sachs, dont on avait aimé 40 shades of blue et son précédent film, Brooklyn Village, viendra présenter Frankie, avec Isabelle Huppert. Le brésilien Kleber Medonça Filho, dont avait adoré le précédent film, Aquarius, revient sur la Croisette avec Bacurau, co-réalisé par Juliano Dornelles.  Corneliu Porumboiu, cherchera les applaudissements du Grand Théâtre Lumière avec Les Siffleurs. Jusqu’à présent, Cannes lui a plutôt souri, puisque le film qui l’a lancé, 12h08, à l’est de Bucarest, a fait sensation à la Quinzaine des Réalisateurs en 2006 et que deux de ses films suivants ont été primés à Un Certain Regard. Au rayon des cinéastes “méconnus” à surveiller, on parierait volontiers sur Diao Yinan et son Lac aux oies sauvages. “Méconnu”, entre guillemets, car l’homme a quand même gagné l’Ours d’Or en 2014 pour son polar Black Coal… On miserait aussi sur Ladj Ly, dont les premiers échos sont excellents pour se Misérables.

Mais c’est peut être une femme qui gagnera cette année la Palme d’Or. Elles ne sont “que” quatre en lice cette année, mais défendront crânement leurs chances : Mati Diop, avec Atlantique, Jessica Haussner, avec son intrigant Little Joe, mais aussi deux “enfants de Cannes”, Céline Sciamma (Portrait de la jeune fille en feu) et Justine Triet (Sybil).

A celles et ceux qui seraient tenté(e)s de pester contre ce manque de parité en compétition officielle, on opposera la programmation de la section Un Certain Regard, qui expose le travail de huit femmes cinéastes, dont Larissa Sadilova (Odnazhy v trubchevske), Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec (Les Hirondelles de Kaboul) ou Monia Chokri (La femme de mon frère). A noter que la plupart de ces “films de femmes” sont des premiers films, ce qui laisse espérer naturellement une meilleure parité pour la compétition officielle dans les années à venir, sans l’obligation à recourir à des quotas. Car de toute façon, c’est la qualité artistique des films qui doit servir de critère de sélection, pas les chromosomes X ou Y…
Dans cette même section, on attend aussi les nouveaux films de Kantemir Balagov (Beanpole), Bruno Dumont (Jeanne) ou Christophe Honoré (Chambre 212), ainsi que La Fameuse invasion des ours en Sicile, le film d’animation de Lorenzo Mattoti, d’après la nouvelle éponyme de Dino Buzzati.

Hors compétition, le festival compte sur Rocketman, le biopic sur Elton John, pour dynamiter les fameuses marches. Il présentera également les nouveaux films de Claude Lelouch (Les plus belles années d’une vie), Nicolas Bedos (La Belle époque), Abel Ferrara (Tommaso), Alain Cavalier (Etre vivant et le savoir) ou encore Gaspar Noé (Lux Aeterna).

Comme d’habitude, les festivaliers pourront aussi revoir leurs classiques dans la section Cannes Classics, qui projettera, entre autres, Los Olvivados de Luis Bunuel, Le Voleur de chevaux de Tian Zhuangzhuang, Miracle à Milan de Vittorio de Sica ou Le Serpent blanc de Taiji Yabuchita. Dans cette même section, le Festival de Cannes rendra hommage à trois cinéastes : Bertrand Tavernier, que la SACEM a choisi de mettre en valeur pour “A Life in Soundtrack”, Nicolas Winding Refn, qui viendra présenter sa série télévisée, Too old to die young – North of Hollywood, West of Hell et Sylvester Stallone, qui viendra montrer à la fois le premier Rambo, réalisé par Ted Kotcheff et les images du cinquième opus, qu’il a lui-même réalisé.
Un acteur et une actrice seront également honorés (parité parfaite, pour le coup!) : Alain Delon et Zhang Ziyi.

Pour être tout à fait exhaustifs, rappelons que le Festival de Cannes, c’est aussi une compétition officielle de courts-métrages, une seconde compétition de courts issus d’écoles de cinéma du monde entier, la Cinéfondation, et le cinéma de la Plage, qui offre gratuitement aux passants, à la tombée de la nuit, la projection d’un grand classique, à partager en famille ou entre amis.
Et, évidemment, à cette imposante programmation officielle, il convient d’adjoindre les deux sections parallèles, La Quinzaine des Réalisateurs et La Semaine de la Critique.

Bref, une fois n’est pas coutume, les cinéphiles vont être à la fête pendant près de deux semaines et découvrir, au sein de l’effervescence cannoise, la plupart des oeuvres majeures de l’année cinématographique.
On a hâte d’y être pour vous faire partager nos coups de coeur et nos trouvailles!

Plus d’informations : www.festival-cannes.com

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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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