Une chanson pour ma mère - 4

Parce que leur mère (Michèle Moretti), gravement malade, n’a plus que quelques jours d’espérance de vie, Simon (Guy Lecluyse), Michel (Fabrizio Rongione) et Sylvie (Sylvie Testud ) se rendent tous à son chevet, dans la ferme familiale, perdue dans les Ardennes belges.
Même l’aîné, Antoine (Sam Louwyck), qui est devenu ecclésiastique, a accepté de quitter son monastère pour être près d’elle. En revanche, il continue de respecter son voeu de silence…
… Ce qui est bien pratique pour éviter de communiquer avec ses frères, sa soeur et le mari de celle-ci, Jean (Patrick Timsit). Car, comme dans bien des fratries, ils ont beaucoup de mal à s’entendre les uns avec les autres. Ce n’est pas pour rien que chacun était parti vivre sa propre vie, loin des autres.
Pourtant, ils vont bien être obligés de faire des efforts, pour faire plaisir à leur maman adorée et l’accompagner paisiblement jusqu’au bout de son existence.
Ils vont même être amenés à collaborer étroitement ensemble pour réaliser un projet un peu fou : offrir à leur maman une rencontre avec Dave, son idole, son chanteur préféré.
Adeline (Mathilde Goffart), la fille de Sylvie, sait que le chanteur doit se produire sur scène dans la localité voisine. Elle envoie ses parents et ses oncles convaincre le chanteur de venir faire un tour du côté de chez eux, pour chanter une ultime chanson à sa grand-mère mourante.
Hélas, ils se heurtent au refus catégorique de l’imprésario de Dave (Renaud Rutten), qui les prend pour des groupies timbrées.
Aux grands maux, les grands remèdes : pour offrir à leur mère le plus beau des cadeaux d’adieu, ils décident de kidnapper le chanteur…

Une chanson pour ma mère - 6

C’est sur cette drôle de trame narrative que tient le premier long-métrage de Joël Franka, Une chanson pour ma mère.
Le cinéaste joue sur les oppositions. Entre la vie et la mort. Entre le rire et les larmes. Entre les caractères, très différents, des personnages. Entre la paille et les paillettes… Il en tire de tantôt des situations joliment burlesques, tantôt de beaux moments d’émotion – et notamment la scène finale, poignante, préparez vos mouchoirs – offrant à ses acteurs de multiples occasions de briller. 
Sam Louwyck est impeccable dans le rôle (quasi) mutique du fils aîné. Il n’était pas simple de réussir à faire rire ou émouvoir en se contentant uniquement des expressions du visage et de la gestuelle. Pourtant, il est toujours très juste, quelque soit le registre.
Sylvie Testud est également parfaite – comme toujours – dans la peau de la seule fille de cette remuante fratrie. Elle apporte à son personnage sa force de caractère, sa fantaisie lunaire et son phrasé particulier.
Guy Lecluyse incarne le cadet, le fils préféré, le seul à être resté pour s’occuper de la ferme familiale, sacrifiant ses rêves personnels de voyages et d’aventures. Bien qu’habitué aux rôles comiques, l’acteur joue ici plus sur la retenue, abandonnant à Patrick Timsit l’essentiel de la partie comique.
Ce dernier joue le rôle du “beauf”, dans tous les sens du terme : Il est le mari de Sylvie, la pièce rapportée de la famille, et se sent parfois perdu dans ces querelles entre frères et soeur, mais il est aussi un indécrottable lourdaud, qui aimerait bien profiter de la présence de Dave pour gagner un peu d’argent et promouvoir son entreprise de pompes funèbres. Après tout, le gars a bien fait de la pub pour du fromage hollandais, alors il peut bien faire l’article pour un cercueil en chêne massif…

Une chanson pour ma mère - 2

Pas bête, car Dave fait effectivement montre d’un talent certain pour la comédie. Allez, soyons fous, on peut même dire qu’il crève l’écran.
Oh, ce n’est pas la première fois qu’il brille au cinéma, dans son propre rôle. S’il ne faisait qu’une petite apparition dans Poltergay, La Cité de la peur et Charité bizness, il sauvait du néant le nanar cosmique de Jean-Claude Janer, Superlove, grâce à une scène mémorable où il donnait une leçon de philosophie au malheureux héros du film. Mais ici, dans un rôle un peu plus étoffé, il a l’occasion de pratiquer encore plus l’autodérision, de jouer autour de son image de chanteur “ringard”, de crooner pour midinettes, de fils caché de Lady Di et Michael Douglas, qui aime les homme autant que l’edam… Il parvient à nous faire rire, à nous émouvoir, avec un abattage qui n’a rien à envier à celui de ses partenaires.
Il chante aussi. Un peu. Juste ce qu’il faut pour rythmer le film, avec la reprise de ses tubes les plus célèbres, de “Vanina” à “Du côté de chez Swann”, sans tomber dans le matraquage musical façon Stars 80.
A presque 70 ans – mieux vaut tard que jamais – Dave est la vraie révélation du film! En lice pour un César du meilleur espoir masculin? Pourquoi pas! En tout cas, on milite pour!

Une chanson pour ma mère - 3

Il est, comme le reste du casting, à l’image du film de Joël Franka : simple, humble et attachant.
Soyons clairs, Une chanson pour ma mère n’est pas du grand cinéma. Techniquement parlant, la mise en scène est très basique, très plan-plan, malgré deux ou trois bonnes idées, comme cette déclinaison autour du motif de la croix, au début du film. Le scénario part un peu dans tous les sens et n’exploite pas toujours le potentiel comique des situations. Et il manque parfois le petit grain de folie que nécessite pareille comédie.
Pourtant, on passe un excellent moment devant ce film, car le rythme est enlevé, la plupart des gags font mouche et l’émotion prend peu à peu le pas sur la comédie pure. Et surtout, on s’attache à tous ces personnages, malgré leurs défauts, malgré leurs caractères parfois excessifs. Ou peut-être, justement, grâce à ce côté imparfait, terriblement humain. Ils nous ressemblent un peu. Aussi leur histoire nous touche, fatalement…

Une chanson pour ma mère - 8

Difficile de ne pas être ému par le sourire de la vieille femme, heureuse de réaliser son rêve avant de mourir, et de ne pas compatir à la tristesse de ses proches, désormais orphelins.
Difficile de rester insensible à cette belle fable sur les liens familiaux, qui se resserrent toujours quand le malheur vient frapper un membre de la tribu.
Si vous êtes fan de Dave, pas d’hésitation, vous irez bien refaire un tour du côté de votre cinéma préféré, en chantant à tue-tête “Vanina-ah-ah-ah….”. Et si vous n’êtes pas fan du chanteur, vous serez sûrement quand même conquis par l’acteur et par cette jolie réussite, dans le registre doux-amer, en provenance du plat pays. Ah ça est sûr, une fois…

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Une chanson pour ma mère Une chanson pour ma mère
Une chanson pour ma mère

Réalisateur : Joël Franka 
Avec : Dave, Patrick Timist, Sylvie Testud, Guy Lecluyse, Sam Louwyck, Michèle Moretti
Origine : Belgique, France 
Genre : prise d’Otto (Wouter Levenbach) 
Durée : 1h35

Date de sortie France : 27/03/2013
Note pour ce film : ●●●●●
Contrepoint critique : Unification

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