A 42 ans, David Wosniak continue de se comporter comme un adolescent, insouciant et irresponsable.
Souvent en retard, tête en l’air et pas vraiment motivé, ce grand gaillard québécois aurait depuis longtemps perdu son job s’il ne travaillait pas avec son père et ses frères au sein de la petite boucherie détenue par la famille. Pour autant, son clan sait très bien qu’il ne peut pas vraiment compter sur lui et le cantonne aux tâches les plus basiques, comme la livraison de la viande aux clients. Et encore… Car même là, il trouve le moyen de ne pas travailler correctement et de commettre quelques impairs…  Les contraventions s’empilent sous les essuie-glace du camion frigorifique et certains clients se plaignent de ne pas être livrés.

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Il faut dire que David a d’autres soucis à régler. Constamment empêtré dans des problèmes d’argent, il a fini par se retrouver dans une situation épineuse en empruntant beaucoup d’argent à un usurier patibulaire. Evidemment, le bonhomme veut récupérer son argent et est prêt à utiliser l’intimidation et la manière forte pour le forcer à payer ses dettes.
David aimerait bien payer ses dettes, mais il n’a pas un sou, et aucune banque n’accepte de lui accorder un prêt. Pour se sortir de ce mauvais pas et gagner très vite les sommes dues, il  ne trouve rien de plus intelligent à faire que de cultiver du cannabis dans son appartement miteux.
Bon, après tout, pourquoi pas… Mais cela lui pose d’autres problèmes. Sa copine, Valérie, est… flic, et elle serait très fâchée d’apprendre qu’il s’adonne à des activités illégales. Alors, il l’évite. Et évidemment, la jeune femme s’emporte contre ce tabernacle d’hostie de Christ de compagnon à temps partiel qui n’est jamais là quand on a besoin de lui…

… Et notamment là, pile au moment où elle voulait lui annoncer qu’elle est enceinte de lui.
Alors elle envisage très sérieusement d’élever seule l’enfant, puisque son père est incapable de gérer quoi que ce soit et se complait dans sa petite vie minable.
Mais pour David, la perspective de cette paternité provoque une sorte de déclic, une prise de conscience de la nécessité de remettre sa vie sur de bons rails. Il décide de changer, en mieux, de prouver qu’il est enfin devenu adulte – il serait temps – et qu’il sera une figure paternelle digne de ce nom.

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Mais quand on a la loose, on l’a jusqu’au bout… 
Alors que David se fait tout juste à l’idée qu’il va devenir père, il découvre qu’il est déjà le géniteur de pas moins de… 533 enfants!
Dans sa jeunesse, pour gagner quelques dollars, il a beaucoup donné de sa semence à une banque du sperme. Et ses spermatozoïdes ont fait un peu de chemin depuis… Aujourd’hui, les enfants qui sont nés de ces inséminations artificielles se sont retrouvés, et regroupés pour demander à ce que soit levé l’anonymat qui entoure le donneur, connu seulement sous le pseudonyme de Starbuck. Ils entendent mener une action en justice pour avoir le droit de connaître l’identité de leur père biologique.
Aïe… Que lui veulent ces inattendus rejetons? Certains pourraient lui en vouloir, d’autres essayer de lui réclamer de l’argent… Il ne manquerait plus que ça! Et il n’est pas du tout certain que Valérie soit enchantée de faire la connaissance de ses 533 beaux-fils et belles-filles… 
David décide de ne surtout pas dévoiler son identité et, faute de pouvoir se payer les services d’un avocat, charge un vieux copain de défendre ses intérêts. Mais, dans le même temps, il reçoit les fiches d’identité des “enfants de Starbuck”. Après avoir envisagé de les jeter directement à la poubelle, il cède à la curiosité et part à la rencontre de chacun d’entre eux… Cette découverte va lui permettre de mieux appréhender ce qu’implique la paternité, dans ses bons et mauvais côtés, et lui faire comprendre l’importance de la famille…

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Le spectateur, lui, va passer de très bons moments devant cette jolie comédie, drôle, tendre et particulièrement jubilatoire.
Partant d’un sujet peu exploré au cinéma, celui de l’insémination artificielle et du vide juridique qui entoure l’anonymat des donneurs de sperme et d’ovules en Amérique du Nord, Ken Scott et son vieux copain Martin Petit ont écrit un scénario intelligent, riche en répliques irrésistibles et en situations émouvantes, apte à titiller les neurones et secouer les zygomatiques. Et ils l’ont fait sans jamais sombrer dans la vulgarité et l’humour graveleux qu’un tel sujet aurait pu induire, ni dans la mièvrerie ou les bons sentiments pur miel.
On n’en attendait pas moins de la part de Ken Scott, auteur, entre autres du script de La Grande séduction, qui avait séduit le public français lors de sa sortie en 2003.

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Ici, officie également en tant que réalisateur et, à défaut de signer une mise en scène franchement originale, il réussit à insuffler du rythme à son récit, tout en exploitant au mieux le jeu de ses comédiens, tous épatants, que ce soit les acteurs principaux, Patrick Huard, Julie Le Breton, Antoine Bertrand,  ou les seconds rôles. Il s’autorise même quelques jolis plans, comme celui où David, qui s’est incrusté incognito à la partie de campagne de ses enfants, profite d’un moment de temps suspendu avec quelques-uns de ses fistons, au bord d’un lac.
Et surtout, il réussit à rendre crédible un récit qui comporte quelques incohérences – difficile, par exemple, de croire que l’enfant handicapé ait pu demander à connaître l’identité de son père biologique et à s’associer aux autres pour le recours en justice… – et quelques stéréotypes un peu faciles – la junkie repentie, l’homosexuel volage,… On oublie vite ces menus défauts pour se laisser entraîner par le charme et l’humour de cette comédie pétillante, qui regonfle le moral à bloc et donne le sourire. 

Efficace “feel-good movie”, Starbuck  a cartonné au box-office québécois et s’est taillé une jolie réputation dans les festivals internationaux, au point que des producteurs hollywoodiens, français, italien et même indiens achètent les droits d’un remake. Plutôt que d’attendre ces versions clonées, qui sont souvent moins percutantes que les oeuvres  dont elles s’inspirent, on vous conseille donc de découvrir sans tarder l’originale, inséminée dans votre cinéma le plus proche…

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Starbuck

Réalisateur : Ken Scott
Avec  : Patrick Huard, Julie Le Breton, Antoine Bertrand, Igor Ovadis, Marc Bélanger
Origine : Québec
Genre : comédie pour famille nombreuse
Durée : 1h49

Date de sortie France : 27/06/2012
Note pour ce film :

contrepoint critique chez : Le Monde
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1 COMMENT

  1. Bonsior, j’ai un billet à paraître demain sur ce film très sympa. Et heureusement qu’il est souvent sous-titré en français car le québecois, ce n’est pas de la tarte. Je recommande chaudement ce film qui devrait rencontrer un certain succès. Idéal pour l’été. Bonne soirée.

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