Future proche. L’Apocalypse Zombie a eu lieu. Les rares survivants s’organisent pour survivre dans ce monde dévasté et hostile.
Pfff… encore un « walking-dead like » ?!
Ah ? Ducoudray au scénar’ ? Bon, laissons sa chance au produit, comme qui dirait : avec un bonhomme comme lui aux manettes, on peut espérer quelque chose d’un peu différent des hordes d’anti-héros plus ou moins putrifiés déboulant dans nos librairies depuis le succès de la série sus-citée.
L’une des grandes qualités de Ducoudray est de savoir « raconter les gens ». Quels que soient son histoire et l’univers dans lequel elle se déroule – du Pripiat post-Tchernobyl aux trottoirs malfamés de Baltimore en passant par la Bosnie ou les camps de migrants de Calais – ce malin scénariste doublé d’un excellent dialoguiste nous propose toujours des personnages forts et extrêmement bien écrits, auxquels on s’attache immédiatement. De là, il peut nous raconter ce qu’il veut, on se fera forcément embarquer.
Et c’est ici le cas une nouvelle fois : lorsque l’on aura rencontré Brooks, Ben, Mickey, Doudoune, Spielberg et les jumeaux, les zombies passeront vite au second plan. D’ailleurs, de zombies, nous n’en verrons que très peu en ces pages : loin de nous resservir les sempiternelles bastons où les coups de pelle de font voler les têtes en décomposition, l’auteur se focalisera plutôt sur le quotidien de cette bande d’ados livrés à eux-mêmes ; comment il se sont retrouvés dans cette situation, et comment ils ont réussi à s’adapter à ce nouvel environnement, créant leur propres règles pour survivre et dénichant les ressources nécessaires à une nouvelle vie finalement pas si dégueu’ que ça… entre parties endiablées sur des consoles reliées à des générateurs et plongeons rafraîchissants dans les piscines abandonnées du quartier !
Autre qualité de Ducoudray : savoir s’entourer d’une armée de dessinateurs des plus talentueux et collant idéalement à ses différents propos. Et pour ce Kidz, Jocelyn Joret ne déroge pas à la règle : quelle bonne idée de choisir ce dessinateur au trait rond et épais, nous livrant ici des pages dans un style cartoon aussi classe que frais, aux couleurs vives et lumineuses, bien loin des canons de la série Z ! Même si Romero est évidement cité, les nombreuses références cinématographiques présentes en ces bouquins – dans le texte comme dans les images – se rapprocheront bien plus des films ayant enchanté nos années ’80, une nostalgique ambiance Amblin Entertainment qui fleure bon E.T. et Les Goonies !
De fait, grâce aux qualités croisées de ces auteurs et à leurs choix artistiques, on referme presque le premier tome le cœur léger ; intrigués par tout ce qu’il nous reste encore à découvrir, certes, mais aussi – et surtout – totalement charmés par cette bande de survivants en culottes courtes…
Ah, les malins ! Charmez-nous avec des perso’ hyper-attachants et une ambiance relativement douce… pour mieux nous faire mofler à la lecture du second opus ! Car si le premier est un tome de présentation, la deuxième moitié de ce diptyque est clairement celle des révélations. Et qu’elles soient sur la réelle situation du monde post-invasion, sur le triste passé de certains personnages ou les lourds secrets de certains autres, ces révélations sauront vous faire frémir tant dans l’ombre de ces dessins tout ronds peuvent se cacher des cruautés et infamies auxquelles nous ne nous attendions vraiment pas !
Mais basta ! Je m’arrêterai ici et n’en dévoilerai pas un poil de plus afin de garder intact tout plaisir de lecture, car aussi sombres soient les surprises que vous réservent ce dénouement, du plaisir, vous en aurez, c’est certain !
* Kidz (2 tomes), d’Aurélien Ducoudray & Jocelyn Joret (ed. Glénat).