– Tu sais ce qu’on raconte, de Gilles Rochier & Daniel Casanave –

Warum 1

« – A ce qu’il paraît, le père Rochier sort une nouvelle bédé…
– Il va encore nous faire un truc sur la banlieue.
– Même pas, je crois que ça se passe dans un bled à la campagne.
– C’est un bouquin avec des racailles à la campagne, alors.
– Ou pas : ce serait une sorte de truc sur une sorte de rumeur qui se propage, tu vois, mais en la jouant un peu comme une sorte de cadavre exquis.
– Genre un gars balance une info’ en l’air, comme ça, un autre la reprend à sa sauce dans la case d’après et ainsi de suite… ?
– La reprend et la complète, aussi… avec le p’tit détail en plus qui sort on sait pas d’où et qui vaut c’qui vaut, quoi.
– Un détail ou un avis, j’imagine ! Parce que les gens, ils aiment bien donner leur avis, quand-même.
– Et elle parle de quoi, sa rumeur, là ?
– D’un gamin qui reviendrai dans sa ville après avoir disparu deux ans suite à une histoire chelou avec une fille.
– Ouais, un viol, quoi.
– Bah, on sait pas, justement, d’où la rumeur, les qu’en-dira-t-on et autres cancans !
– Je le vois pas trop dessiner un truc comme ça, le Rochier.
– Bah là, c’est pas lui dessine, justement.
– Ah ! Le branleur ! Il préfère passer son temps à écumer les dance-floors des boites de nuits, le raclo !
– Ouais, il paraît que c’est sa came, ça !
– Et du coup, c’est qui qui s’y colle, au dessin ?
– Casanave.
– Connais pô…
– Ca le fait pas mal, le gars, il un à style assez rapide, direct, genre en 2 – 3 coups de crayon, il te fait un visage bien expressif, qui te dit bien l’état d’esprit de celui qui reprend – et répand – la rumeur…
– Ouais, j’vois l’genre : la bonne excuse pour te sortir un dessin vite-fait !
– Arrête ! A ce que j’ai entendu, le côté rapide, c’est aussi pour la fluidité de la lecture, pour que tu sautes de case en case, aussi vite que le « on-dit » passe de la bouche à l’oreille !
– Moi, si j’achète une BD, je veux aussi que ça soit beau !
– Non, mais apparemment, ils ont mis un peu de couleurs, aussi. Une sorte de bichromie, tu vois ?
– Une bichromie ? Ils avaient pas plus de deux couleurs, à l’imprimerie ?
– J’sais pas… Peut-être que c’est pour jouer sur l’ambiance… Apparemment, ils tirent plutôt sur le rouge, ça doit être pour te faire comprendre que l’atmosphère est super-tendue, un truc de la sorte !
– Mouais, admettons… et ça intéresse qui, une BD sur un gamin qu’on connaît pas qui à fait quelque chose qu’on sait pas à une fille qu’on connaît pas ?
– Je pense que le sujet, c’est pas forcément l’intérêt du bouquin.
– C’est tout le problème de la bédé, actuellement.
– Roooh, comme t’y vas ! Tu sais : pas tu l’as pas lue, celle-là !
– Et alors, quoi ? Tu parles que des trucs que t’as lu, toi ?
– Bah, j’essaye de me renseigner un minimum.
– Ouais, bof. Faut croire qu’on est pas tous égaux, à ce niveau-là.
– Par contre, on est tous égaux pour ouvrir notre bouche et commenter tout ce que tout le monde raconte !
– Attends, t’es pas en train de me dire qu’en fait, c’est ça, le sujet de ta bédé, là ?
– Aucune idée, je l’ai pas lue ! Moi ce que je te dis, c’est ce qu’on m’en a dit !
– Oh, tu sais, ce qu’on raconte, hein…?! »

Warum couv

Tu sais ce qu’on raconte, de Gilles Rochier & Daniel Casanave (ed. Warum).

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