– Jeangot (Tome 1), de Joann Sfar & Clément Oubrerie –

Niglaud est un hérisson qui a eu du cul : né en captivité dans un camp de manouches, sa destinée était d’être boulotté comme tous les autres membres de sa famille.
Pourtant, le sort en aura voulu autrement : en atterrissant dans le berceau de Jeangot – dernier né de la famille Renart –, un statut sacré lui a valu d’être immédiatement intouchable… et donc immangeable.

Bien vite, Niglaud devint l’inséparable ami de Jeangot, le renard rusé – un peu roublard et vicelard, mais bon diable quand même – qui lui apprendra tout de la vie : la pêche, le banjo, et la chatte des filles !
D’ailleurs, tout ceci sera finalement un peu lié : pour passer le temps lors des pêches infructueuses, les loustics jouent du banjo, se révèlent être de fabuleux autodidactes, se font embaucher pour jouer au bordel du coin, et s’y font déniaiser par la même occasion.

Tout va donc pour le mieux pour les joyeux compères, Jeangot décroche même un contrat pour une tournée en Angleterre. Rien n’étant jamais tout rose, à la suite d’une soirée trop arrosée, le renard mettra malencontreusement le feu à sa roulotte, sauvera sa vie de peu, mais en ressortira physiquement très diminué.

Afin de lui changer les idées, Niglaud lui offrira une guitare, et, ô surprise, malgré sa main d’estropié dotée de trois doigts seulement, ce génie de Jeangot parviendra à en sortir des mélodies enchanteresses ! Des mélodies qui lui permettront de payer sa chambre d’hôpital, de se taper les jolies infirmières, et même de jouer avec les plus grands !

 

Cette biographie fantasmée d’un Django Reinhart mâtiné à l’irrévérencieux Renart éponyme des fameux Romans, sera donc l’histoire d’une belle rencontre… ou même de deux belles rencontres : celle de Niglaud et Jeangot, bien évidemment, mais aussi celle de Joann Sfar et Clément Oubrerie.

En effet, en écrivant ce scénario pour un autre que lui, l’égocentrique Sfar passe à la trappe ses marottes omniprésentes dans ses dernières œuvres, et nous offre ainsi quelque chose de bien plus convivial et léger, beaucoup moins philosophico-bavard et torturé.

Oubrerie, quant à lui, « cradifie » un brin son trait à coups de fusain bien sentis pour illustrer la banlieue-bidonville du Paris d’après-guerre, et lui apporte une certaine folie collant au mieux au côté doux-dingue du scénariste et des personnages qu’il met ici en scène.

Un duo rêvé pour digresser joyeusement sur la jeunesse de ce musicien aussi fantasque que génial !

Jeangot (Tome 1), de Joann Sfar & Clément Oubrerie (ed. Gallimard).

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