Serge est atteint d’une rare maladie.
Ho, pas une maladie très grave, certes, mais une maladie pourtant bien désagréable : il est ultra-sensible aux ondes. Toutes sortes d’ondes.
Du coup, dans notre société moderne où la technologie s’est invitée (imposée ?) un peu partout, le pauvre homme est constamment mis à l’épreuve. Le moindre four micro-ondes, téléphone portable, ou enseigne lumineuse lui martèle le crâne ; le rendant systématiquement désagréable, aigri, irritable… et parfois, presque violent.
Une maladie pas très grave, donc, mais dont les conséquences, elles, le seront assurément… entrainant finalement Serge jusqu’à l’issue fatale.
Non, non, ne vous offusquez pas ! Je ne viens pas de vous dévoiler la fin de l’histoire, bien au contraire : Serge meurt dès la première page de l’album !
Et c’est là tout l’intérêt du bouquin : grâce à une série de flashbacks où Serge reviendra sur sa triste vie, doublée de l’enquête que mènera la police autour de son meurtre, nous remonterons le temps et les faits afin de découvrir enfin ce qui aura conduit notre homme à sa perte.
Pour ce faire, Jean-C Denis déploiera une galerie de personnages dont il a le secret, tous à la fois très normaux – voir banals – mais présentant pourtant des traits de caractères bien plus travaillés qu’on ne pourrait l’imaginer au premier abord. Des personnages finalement si délicieusement ordinaires que l’on ne pourra que s’identifier en eux – ou identifier nos proches, nos voisins, nos amis, ou nos ennemis –, et ainsi ouvrir grands nos yeux sur nos petits travers parfois si irritants.
Un thriller sous forme de puzzle, malin et bien construit, doublé d’une critique sociale amère et habilement distillée.
Zone Blanche, de Jean-C Denis (ed. Futuropolis).