– Susine et le Dorméveil, de Clément Lefèvre & Bruno Enna –

Susine est une petite fille solitaire, un peu à part, volontiers renfermée dans son propre monde fantasque et secret.
Avec un tel caractère, il n’est pas évident de se faire des copains, et à l’école, Susine est malheureusement bien souvent isolée.
A la maison, ce n’est guère mieux, ses parents étant constamment absents… et lorsqu’ils sont présents, ils ne lui réservent que peu d’attention, bien trop occupés à se disputer.
Heureusement, il y a sa grand-mère, adorable, généreuse, toujours prête à l’écouter… et surtout à lui raconter de nombreuses et fabuleuses histoires.
Alors forcément, quand sa grand-mère décède, c’est tout son monde qui s’effondre.
Susine se retrouve seule, incomprise, et infiniment triste.

Et puis un jour, elle s’endort, la tête recouverte d’une invention fabriquée selon les dires de sa tendre aïeule, et se réveille dans un monde des plus étranges : le Dorméveil.
Un pays un peu fou, où les trains voguent sur des mers d’algues luminescentes, où les hommes-biscuits s’entretiennent avec des insectes à barbes, mais surtout, où les pleurs sont bannis et le bonheur est fortement recommandé…
Et forcément, avec en sa besace des milliers d’histoires apportant joie et hilarité à tout ce petit peuple, Susine sera ici choyée comme un coq en pâtes… jusqu’à ce que son ombre au goût de réglisse attire un peu trop l’attention.

Ah ? Vous ne comprenez pas cette histoire d’ombre au goût de réglisse ?
Rassurez-vous, moi non plus. Ni les divagations sur les courbures du temps de ce hibou aux yeux en cadrans d’horloge. Ni l’intérêt mystérieux que la Reine des Larmes porte à notre petite héroïne.
En fait, il y a énormément de choses qui ne nous seront pas expliquées dans cet album, sûrement car il n’est que le premier tome d’une trilogie à venir. Et pourtant, cela nous importera peu, tant il est agréable de se promener sans se poser de questions dans ce monde farfelu, certes, mais ô combien empli de poésie et de rêve.

 

D’autant que les dessins de Clément Lefèvre répondent si magnifiquement aux doux mots de Bruno Enna.
Son trait si délicat et si fin nous émerveille, ses couleurs si chaudes et resplendissantes nous enchantent.
Les images se marient au texte à la perfection, parvenant merveilleusement à donner vie à tous ses êtres extraordinaires et ses décors fascinants que nous découvrons en même temps que Susine.

Néanmoins, ce trait si délicat risque fort de se durcir et ces couleurs si resplendissantes de se ternir, au vu de l’image pour le moins inquiétante sur laquelle nous refermerons ce livre…
…mais ceci, nous le saurons dans le second volet de ce joli conte, à la croisée d’Alice au Pays des Merveilles et du Voyage de Chihiro.

Susine et le Dorméveil (Tome 1/3), de Clément Lefèvre et Bruno Enna (ed. Soleil – Métamorphose).

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