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– Luminae, de Bengal –

Prenons un pitch simple : « Dans un monde médiéval, une femme mystérieuse, source de toute la magie, vit en fuite permanente face au Mal Absolu convoitant son essence. Pour la protéger, Luminae (tel est son nom) dispose de cinq Dames d’exception, maîtrisant les armes et les sorts comme personne. »

Maintenant que nous avons notre pitch (simple), deux solutions s’offrent à nous.
Première solution, dite « à l’ancienne » : nous le confions à un vieux de la vieille qui s’armera de ses plus beaux pinceaux et de ses plus belles huiles pour se fendre tous les 5 ans d’un album chez Vent d’Ouest débordant de dessins hyper-chiadés et chargés… voire même un poil surchargés, non ?
Deuxième solution, dite « du tiroir-caisse » : nous le soumettons à un éditeur ensoleillé qui greffera des gros nichons aux héroïnes tout en leur remplissant la bouche de jeux de mots bien gras avant de les déposer à l’espace « Culture » du supermarché le plus proche.

Ces deux choix me paraissent si peu réjouissants, que finalement, face à un tel pitch, je serais tout simplement tenté de passer mon chemin.

Pourtant, entre ces deux autoroutes de l’Heroic Fantasy se dessine parfois un autre chemin, moins emprunté et réservant encore quelques agréables surprises à qui ose s’y aventurer.
Pour cette troisième alternative, dite « de la nouvelle école », glissons ce pitch de base entre les mains d’un jeune auteur pas spécialement bercé par la bédé franco-belge lors de sa tendre enfance, et n’ayant pas forcément voué un culte à Tolkien lors de sa boutonneuse adolescence. Un gars qui se lancerait dans l’Heroic Fantasy, comme ça, juste pour le plaisir, et qui en plus aurait l’audace d’y insuffler sa culture du manga !

Le résultat, je le tiens entre les mains : un album à la pagination dense pour laisser de la place à l’action, et au découpage dynamique pour laisser cette action nous emporter. De l’action dessinée dans de belles grandes cases – voire même des pleines pages ou des doubles pages -, pour profiter au mieux des magnifiques illustrations au trait aussi nerveux qu’épuré et élégant. De l’action mettant en scène des chevaliers, des mages, et des dragons, mais aussi de valeureuses combattantes. Oubliées, les potiches à forte poitrine, ici, aussi belles et sexy soient-elles, les femmes ne sont pas là pour décorer : redoutables et courageuses, elles se jettent corps et âme dans le combat et donnent du fil à retordre à leurs dangereux adversaires. Oubliées, les potiches à forte poitrine, ici, aussi belles et sexy soient-elles, les femmes ne sont pas là pour décorer : énigmatiques et mystérieuses, elles possèdent une véritable personnalité, complexe et au potentiel scénaristique énorme.

S’éloignant de l’Heroic Fantasy de papa pour y apporter une touche japanisante des plus rafraichissantes, Bengal signe là un premier tome au visuel époustouflant et au scénario sombre et envoutant, ne dévoilant que peu d’éléments pour l’instant, mais qui pourrait pourtant se révéler comme étant les prémices d’une grande fresque médiévale et fantastique.

Luminae, de Bengal (ed. Ankama).

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