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– La femme de l’Ogre, de Bernadette & Etienne Appert –

Vous connaissez tous l’histoire du Petit Poucet ?
En gros, on y découvre un couple de pauvres bucherons qui, face à la misère et la famine, ne parviennent plus à subvenir aux besoins primaires de leur famille et se résignent à abandonner leurs sept fils dans la forêt.
Après quelques péripéties, et malgré la malice du petit dernier, les garçonnets transis et perdus au milieu d’un bois enneigé, finissent par frapper à la porte d’un méchant ogre. Heureusement, grâce à l’esprit vif et affuté de leur benjamin, les sept frères évitent le pire, et finissent par revenir à la maison, accueillis comme des rois par des parents écrasés sous une chape de remords.
Voilà, on y rajoute une petite morale, et le conte est bon : encore une fois, tout est bien qui finit bien !

Mais souvenez-vous, pour échapper aux griffes de leur geôlier, les sept Poucet usèrent d’un subterfuge conduisant le monstre à égorger ses propres fillettes. Affreux, non ?
Et si l’on s’attendrit sur le retour joyeux des fils prodigues, personne ne s’inquiète de la douleur incommensurable de l’ogre et de sa femme face à la mort atroce de leurs enfants ?

Hé bien c’est justement sur ce couple-là qu’ont voulu s’attarder Bernadette et Etienne Appert en adaptant mais surtout en donnant une suite au célèbre conte de Perrault.

Ainsi, nous verrons comment le dévoreur d’enfants, conscient de son ignominie, sombrera dans une tristesse sans nom, perdant goût à la vie et goût à la chair ; alors que sa compagne, elle, ressentira au contraire une rage sans égale, nourrissant une folie meurtrière la transformant petit à petit en bête dénuée d’âme et de sentiments.

Malheureusement, le tourbillon ravageur dans lequel nous entrainera la pauvre femme engendrera certaines scènes confuses, à la limite de l’anachronisme, peinant à trouver leur place dans le contexte d’origine.

Ceci est d’autant plus malheureux que, d’un point de vue visuel, le rendu est particulièrement séduisant, s’écartant des canons de la BD classique, et s’affranchissant des bulles et des mots pour leur préférer de belles et grandes illustrations muettes, au trait charbonneux, proches de celles que l’on pouvait voir dans les livres de contes d’antan.

Pari osé et risqué que celui d’imaginer une suite à un grand classique tel que le Petit Poucet, mais défi partiellement relevé seulement… Dommage car le résultat est bien loin d’être dénué d’intérêt, proposant une adaptation vraiment réussie du texte original et une seconde partie qui en retrouve finalement l’esprit au cours de ses dernières jolies pages.

La femme de l’Ogre, de Bernadette & Etienne Appert (ed. La Boîte à Bulles).

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