Zhigen, originaire d’un petit village rural du sud de la Chine, s’est installé à Pékin il y a de nombreuses années, afin de permettre à son fils de suivre des études. Cela a bien fonctionné : le garçon est devenu un brillant homme d’affaires, habitant un des quartiers les plus luxueux de la capitale. Mais l’ingrat ne s’intéresse plus guère à son géniteur, trop occupé par son travail. Pire, il est fâché contre lui depuis un malencontreux incident.
Aussi, Zhigen estime qu’il est grand temps pour lui de retourner dans sa province natale pour honorer une vieille promesse faite à sa femme : ramener au pays l’oiseau qu’elle lui avait offert, jadis, pour qu’il se sente moins perdu, seul dans cette grande ville, et lui rendre sa liberté.
Mais, au moment où il s’apprête à partir, sa bru lui demande de garder Renxing, sa petite-fille. Zhigen, qui attendait ce moment avec impatience, ne peut pas refuser. Cependant, il ne peut pas renoncer pour autant à son périple, car il sent que l’oiseau va bientôt mourir et il tient absolument à honorer sa promesse.
Il décide donc d’emmener la fillette avec lui.
Renxing, citadine ultra-gâtée et ultra-connectée, se montre tout d’abord extrêmement boudeuse et capricieuse, mais au fil des kilomètres parcourus dans la campagne chinoise, le dialogue s’installe. La gamine apprend à mieux connaître et à apprécier son grand-père. Et elle découvre un univers qu’elle ne connaissait pas du tout, celui de ses racines.

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Ce périple intergénérationnel, nimbé de poésie et de chaleur humaine, n’est pas sans évoquer Le Papillon, qui tournait autour de l’amitié entre un vieil homme et une gamine espiègle, incarnés respectivement par Michel Serrault et Claire Bouanich. Et pour cause : ils ont été écrits et réalisés par le même cinéaste, Philippe Muyl.
C’est d’ailleurs suite au succès du Papillon en Asie que ce projet a vu le jour. Des producteurs chinois ont demandé au cinéaste de réaliser un remake de son film, avec des acteurs locaux et en mandarin dans le texte. Mais plutôt que de refaire bêtement la même chose, Philippe Muyl a choisi de développer un autre scénario, plus en phase avec l’histoire et la culture chinoises.

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Toujours axé autour de la confrontation de trois générations différentes et de protagonistes qui ont parfois du mal à communiquer les uns avec les autres, le récit observe les mutations de la société chinoise contemporaine et les profondes différences persistant entre les grandes villes et les zones rurales.
Le grand-père a vécu la Révolution culturelle et l’essor du communisme chinois. Il a été habitué à une vie modeste et à un labeur silencieux au service du collectif. Il reste attaché à la terre de ses origines et à sa famille.
Le fils, lui, représente la génération suivante, celle de l’économie néo-libérale. C’est un businessman qui partage son temps entre son luxueux appartement de Pékin et des hôtels à l’étranger. Il n’a pas le même attachement à ses racines et ne consacre pas beaucoup de temps à son couple et à son enfant.
La petite-fille est née dans le luxe et l’opulence. Elle a l’habitude de tout obtenir sans efforts. Elle n’a pas du tout conscience de l’histoire familiale. A peine parvient-elle à se forger la sienne, en ne voyant ses parents qu’entre deux avions. Mais elle est hyper-connectée par l’intermédiaire des tablettes, smartphones et des réseaux sociaux.
Trois façons de voir les choses totalement différentes, qui traduisent bien la rapidité avec laquelle la Chine a opéré sa mutation économique et sociale.

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Mais au-delà de ce portrait de la nation chinoise, le film est avant tout l’histoire toute “simple” d’une réconciliation familiale et de l’émancipation d’une petite fille trop longtemps prisonnière de sa cage de verre. Un récit vibrant de tendresse et d’émotion, comme Philippe Muyl sait parfaitement les trousser.
Difficile de ne pas être touché par ces personnages attachants, par la complicité entre ce grand-père, joué avec douceur par Baotian Li, et la fillette malicieuse, campée par une gamine adorable, Yang Xin Yi, par le jeu des acteurs incarnant les parents, Li Xiao Ran et Qin Hao, par la magnificence des paysages montrés…

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On ne peut que saluer la façon avec laquelle il a réussi à relever cet incroyable défi qui consistait à aller tourner un film à l’autre bout du monde, dans une langue qu’il ne maîtrisait pas et concilier son style occidental avec les codes culturels asiatiques.
Le Promeneur d’oiseau est une très jolie fable qui rassemble avec bonheur les cultures et les générations, le cinéma populaire et l’art & essai. On lui souhaite de pouvoir voler le plus longtemps possible dans les salles de cinéma.

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Le promeneur d'oiseau Le Promeneur d’oiseau
Le Promeneur d’oiseau

Réalisateur : Philippe Muyl
Avec : Baotian Li, Yang Xin Yi, Li Xiao Ran, Qin Hao
Origine : Chine, France
Genre : fable aérienne
Durée : 1h40
Date de sortie France : 07/05/2014
Note pour ce film :
Contrepoint critique :

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