En 2009, Jennifer Devoldère signait son premier long-métrage, Jusqu’à toi, une comédie romantique légère et pleine de charme, avec Mélanie Laurent dans le rôle principal. Pas mal du tout pour un coup d’essai…
Comme on ne change pas une équipe qui gagne, la réalisatrice et son actrice se retrouvent pour un nouveau film, au titre à rallonge, Et soudain, tout le monde me manque.
Il s’agit là aussi d’un film conçu comme une comédie, articulé autour d’une relation père-fille pour le moins tumultueuse…

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Justine (Mélanie Laurent) nourrit en effet un certain ressentiment envers son paternel, Eli (Michel Blanc). On peut la comprendre. L’homme, toujours à voyager autour du monde, ne s’est quasiment pas occupé d’elle quand elle était enfant, et ces absences répétées ont probablement conduit à l’explosion de la cellule familiale…
Depuis, il s’est sédentarisé et tente de rattraper le temps perdu en étant très présent dans la vie de Justine. Trop présent, même, puisqu’il tente de sympathiser avec tous les petits amis de la demoiselle et garde même en secret le contact avec tous ses ex…
Bref, ce grand gamin de soixante ans n’a jamais vraiment su s’occuper correctement de ses enfants. Aussi, quand sa nouvelle compagne annonce, lors d’un repas de famille, qu’elle est enceinte, cela jette un froid…

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On s’attend à voir défiler une successions de situations clichés sur la paternité, les liens familiaux, le besoin d’émancipation des enfants, etc…,  conclue sur un happy-end où tout le monde fait la paix et retrouve la sérénité, pour livrer une gentille morale sur l’importance de la famille.
C’est un peu cela, d’une certaine façon. On peut prévoir la plupart des situations et le comportement des personnages obéit strictement aux codes narratifs de ce type de comédie. Mais l’ensemble ne manque ni de charme, ni d’humour – les deux ingrédients-clés du genre…- et les répliques font souvent mouche, qu’elle soient déclamées par Michel Blanc, Géraldine Nakache, Florence Loiret-Caille ou Manu Payet (on avoue avoir bien ri à ses jeux de mots sur les Rabbi – “Roger Rabbi, Rabbi Boché, Rabbi Saoudite…”. Bon OK, c’est basique, mais on s’amuse d’un rien chez Angle[s] de vue)
Oui, Jennifer Devoldère possède un talent de scénariste et de dialoguiste certain…

Un talent d’écriture qui lui permet aussi, comme dans son premier film, d’ajouter à son récit une belle pointe d’amertume, qui donne à l’oeuvre une autre dimension, une saveur très particulière.
On est moins dans les stéréotypes que dans des sujets universels, susceptibles d’émouvoir un large public. Et plus dans un film intimiste et sincère que dans une de ces banales comédies franchouillardes qui polluent fréquemment nos écrans (non je ne citerai pas de nom, on ne tire pas sur une ambulance…).

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Certains diront que les acteurs sont pour beaucoup dans le charme que l’on peut trouver au film. C’est probablement vrai, tous étant parfaits dans leurs rôles respectifs. Mais le talent, c’est de savoir les choisir et de les diriger, de canaliser leur énergie et de museler le cabot qui sommeille éventuellement en eux.
Prenez Michel Blanc, par exemple. Il est ici très à l’aise dans un rôle taillé pour lui sur mesure – le type à la fois un peu lourd et maladroit,  attachant et sensible. Mais l’an passé, il était nettement moins convaincant, dans un registre pourtant similaire, dans Une petite zone de turbulences.
La cinéaste peut aussi compter sur Mélanie Laurent, pour qui le rôle de Justine a été écrit. L’actrice livre une performance toute en nuances, fragile, sensible et empreinte d’une poésie lunaire.

Et une fois de plus, Jennifer Devoldère soigne ses seconds rôles : irrésistible couple bobo que celui formé par Florence Loiret Caille et Sébastien Castro, impeccable Géraldine Nakache en aide soignante autoritaire et zélée, sympathique Guillaume Gouix en petit ami malmené… Plus la toujours excellente Claude Perron, plus Manu Payet et tous les autres…

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Quant à la mise en scène, elle reste relativement sobre – et humble – tout en recelant quelques jolies idées : les oeuvres d’art en radiographies, il fallait y penser…

Si vous cherchez une jolie comédie pour votre sortie cinéma de la semaine, vous pouvez donc tout à fait tenter Et soudain, tout le monde me manque. Ce n’est certes pas le film de l’année, mais c’est une oeuvre pleine de charme, mêlant subtilement humour et émotion, et portée par un casting très complice et fort sympathique…

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Et soudain, tout le monde me manque

Réalisatrice : Jennifer Devoldère
Avec : Mélanie Laurent, Michel Blanc, Guillaume Gouix, Géraldine Nakache, Manu Payet, Florence Loiret-Caille, Claude Perron
Origine : France
Genre : chronique familiale tourmentée
Durée : 1h38
Date de sortie France : 20/04/2011
Note pour ce film :

contrepoint critique chez :  Critikat

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