drop gameViolet Gates (Meghann Fahy) n’a pas vraiment de chance avec les hommes…
Son précédent conjoint, Blake, lui a certes permis d’avoir son enfant, Toby (Jacob Robinson), mais il passait son temps à la cogner et la malmener, jusqu’à ce qu’il finisse par passer l’arme à gauche, après une ultime nuit de violences.
Après plusieurs années de célibat, passées à tenter de surmonter son traumatisme et à s’occuper de son jeune garçon, elle se décide à sortir à nouveau. Ainsi, elle accepte un rendez-vous avec Henry (Brandon Sklenar), un photographe avec qui elle a échangé sur une application de rencontres. L’homme est séduisant, apparemment bienveillant et courtois, et, grand seigneur, il ne lésine pas sur les moyens pour la séduire. Il l’a invitée au Palate, un restaurant gastronomique situé au dernier étage d’un gratte-ciel, offrant une vue panoramique sur la ville, avec un pianiste d’ambiance et des serveurs obséquieux. Aussi, Violet accepte d’abandonner son fils pour la soirée et le laisser sous la responsabilité de sa soeur, Jen (Violett Beane).
Elle ignore qu’elle va passer une soirée de cauchemar.

A peine arrivée au bar du restaurant, en attendant Henry, elle commence à recevoir des messages d’un inconnu sur sa messagerie “Drop”, une application permettant à des personnes situées dans le même périmètre d’échanger messages et fichiers. Au début, elle pense qu’un lourdaud essaye de la draguer. Peut-être ce type qui lui est rentré dedans à l’entrée du restaurant (Travis Nelson), ou ce sexagénaire (Reed Diamond) qui l’a confondue avec son rendez-vous du soir, ou bien encore le pianiste (Ed Weeks), visiblement un peu éméché… Mais rapidement, les messages se font de plus en plus insistants et menaçants. Son mystérieux correspondant lui explique qu’il tient en otage son fils et sa soeur, ce que confirment les images des caméras de vidéosurveillance , et qu’il ne les relâchera qu’en échange d’un “service”. Il attend de Violet qu’elle dérobe et détruise la carte SD contenue dans l’appareil photo de Henry, puis qu’elle assassine ce-dernier en versant un poison dans son verre. Pas de chance, pour une fois qu’elle rencontre un homme avec qui elle peut envisager une vie apaisée, il faut qu’il soit la cible d’un tueur manipulateur…
Violet essaie bien sûr de contourner l’obstacle et de trouver un moyen de prévenir la police, mais le mystérieux inconnu observe tous ses faits et gestes, écoute ses conversations et est en copie de tout ce qui transite par son téléphone. Elle n’a pas d’autre choix que de lui obéir si elle veut pouvoir retrouver ses proches en vie.

Drop game est un thriller quasiment à huis-clos, qui place son héroïne dans une situation très inconfortable et quasi inextricable.
Pour Violet, l’idée de perdre son perdre son fils est insupportable, mais celle de devoir assassiner un inconnu l’est tout autant. Elle se doute par ailleurs que si le commanditaire l’a choisie pour effectuer sa basse besogne, c’est pour pouvoir lui faire porter le chapeau du crime. Elle est en plein dilemme, stressée par la situation, inquiète pour ses proches dont la vie ne tient qu’à un (coup de) fil, désemparée par les consignes reçues par e-mail, mais elle doit aussi essayer de contenir ses émotions, de se comporter normalement pour ne pas faire fuir son compagnon. Si Henry venait à quitter prématurément le dîner, Violet ne pourrait plus accomplir sa “mission” et cela causerait illico la mort de Jen et Toby. La tâche n’est pas simple, car le photographe est vite dérouté par son comportement. Entre le portable qui sonne régulièrement, les allers-retours aux toilettes, les différents incidents qui émaillent le début du dîner, Henry en vient à se demander si son invitée a vraiment envie de passer la soirée avec lui ou, pire, si elle ne serait pas un peu siphonnée. Elle doit donc tout faire pour le retenir, tout en essayant de gagner un peu de temps pour trouver une solution alternative au choix cornélien qui lui est imposé et en subissant de plus en plus de pressions de la part du correspondant anonyme. Equation ardue à résoudre, encore compliquée par l’impossibilité de quitter les lieux, ou d’agir à l’insu des caméras de surveillance, des micros cachés ou du regard de la crapule orchestrant toute cette machination.
L’héroïne cherche malgré tout à identifier la personne qui la harcèle. Les messageries “Drop” permettent de mettre en contact des individus dans un périmètre restreint et celui qui lui envoie les messages est forcément là, dans la salle de restaurant. Est-ce un client ? Un employé? Un des lourdauds qui ont discuté avec elle au bar? L’hôtesse d’accueil ? La barmaid ? Certes, elle semble sympathique et serviable, mais qui sait ? Le serveur ? Comme par hasard, c’est son premier soir et il est un peu excentrique pour un restaurant de ce standing… Violet essaie de trouver des indices pouvant la mettre sur la piste, sa seule chance de se confronter directement à son bourreau.

Christopher Landon réussit à utiliser au mieux les spécificités de son décor, pour créer petit à petit son climat angoissant et maintenir la tension tout au long du récit. La réalisation, d’abord ample et élégante, composée de beaux mouvements panoramiques, permet de donner une idée de la topologie des lieux et des différentes tables, abritant autant de suspects potentiels. Mais quand Violet commence à recevoir les messages ”Drop”, la caméra se concentre davantage sur elle. Les mouvements se font plus secs, plus nerveux, pour accompagner les montées de stress du personnage. C’est techniquement sobre et sans chichis, mais suffisamment maîtrisé pour livrer un thriller de série B efficace.
Par ailleurs, la discrétion de la mise en scène offre un espace d’expression plus important, laissant notamment à Meghann Fahy, dont le charme subtil et les faux airs de Michelle Pfeiffer fascinent, toute latitude pour imposer sa présence à l’écran. C’est grâce à elle, à son jeu épuré, à la fébrilité qu’elle nous fait ressentir, que l’on se trouve accroché à l’intrigue.

Sans doute les scénaristes, Jillian Jacobs et Chris Roach, auraient-ils pu jouer davantage sur l’ambiance paranoïaque et les interactions entre les personnages, rajouter quelques fausses pistes, car une fois les enjeux fixés, il devient plus compliqué de faire progresser le récit. La situation est verrouillée et il manque un peu de péripéties pour alimenter le suspense et faire monter crescendo la tension. On déplore aussi le virage final, plus porté sur l’action spectaculaire, au détriment de la crédibilité du récit, mais cela occasionne un ou deux moments plutôt sympathiques dont la mise au tapis du kidnappeur à l’aide d’un stratagème assez malin. Un vrai jeu d’enfant!

Drop game est un petit film sympathique qui va au bout de ses idées et distille un message féministe assez percutant, incitant les femmes à prendre leur destin en main et ne plus se laisser manipuler par qui que ce soit, et notamment les mâles dominants. Il ne laissera probablement pas une trace importante dans l’histoire du Septième Art, et s’oubliera même probablement au bout de quelques jours, mais c’est un divertissement honnête et bien mené. C’est déjà ça.


Drop Game
Drop

Réalisateur : Christopher Landon
Avec : Meghann Fahy, Brandon Sklenar, Reed Diamond, Ed Weeks, Violett Beane, Travis Nelson, Jacob Robinson, Jeffery Self, Gabrielle Ryan
Genre : Phone Game (pour le concept) + The Chef (pour le cadre) + Panic Room (pour le final)
Origine : Etats-Unis
Durée : 1h40
Date de sortie France : 23/04/2025

Contrepoints critiques :

”Bien tenu au début, un peu mou au milieu, le film devient complètement fou dans ses vingt dernières minutes, risibles, grand-guignolesques, dignes de Mel Brooks… Tellement délirantes que le film pourrait bien finir par devenir culte.”
(Fréderic Foubert – Première)

”Drop parvient ainsi à plaquer le spectateur à son fauteuil durant la plus grande partie de sa durée. Regrettons toutefois une fin un peu trop… téléphonée”
(Michel Valentin – Le Parisien)

Crédits photos : copyright 2025 Universal Studios. All Rights Reserved

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