Le cinéma français est une fois de plus en deuil puisque l’actrice et réalisatrice Marie-France Pisier vient de nous quitter à l’âge de 66 ans.

Marie-France Pisier - 2

Elle a commencé sa carrière d’actrice de fort belle manière, choisie par François Truffaut pour incarner Colette, le premier amour d’Antoine Doisnel, dans Antoine & Colette, un des sketches de L’Amour à vingt ans. Un rôle qu’elle a repris dans Baisers volés et L’Amour en fuite, dont elle a co-signé le scénario.

Elle a ensuite été l’égérie de Robert Hossein, pour trois polars tournés en 1963/1964, dont Le Vampire de Düsseldorf avant d’être employée par quelques-uns des meilleurs metteurs en scène de France et d’Europe.
Elle a tourné avec Alain Robbe-Grillet (Trans-Europ-express), Luis Bunuel (Fantôme de la liberté), Jacques Rivette (Céline et Julie vont en bateau), Jean-Charles Tacchella (Cousin, cousine), Jacques Demy (Parking) ou Andrzej Zulawski (La Note bleue).

Marie-France Pisier

Plus récemment, elle a collaboré avec Manuel Poirier (Marion), Raul Ruiz (Le temps retrouvé), Yamina Benguigui (Inch’Allah dimanche), Christophe Honoré (Dans Paris) ou Maïwenn (Pardonnez-moi).
Beaucoup de films qui s’inscrivent dans une logique “Art & essai”, ce qui ne l’a pas empêchée de tourner également dans de grands films populaires, comme L’As des as de Gérard Oury, avec Belmondo ou Le Prix du danger d’Yves Boisset, sans oublier de petites comédies comme Pourquoi Maman est dans mon lit?  de Patrick Malakian… 

Elle a aussi joué au théâtre ou dans des oeuvres pour la télévision et réalisé deux films, Le Bal du gouverneur, tiré de son roman autobiographique, et Comme un avion, en hommage à ses parents. Artiste engagée, elle a participé à de nombreux combats féministes.

Barocco

Pour la petite histoire, elle fut la première titulaire du César de la meilleure actrice dans un second rôle, en 1976, pour Cousin, cousine et Souvenirs d’en France, d’André Téchiné. Probablement l’un des cinéastes qui lui a confié ses plus beaux rôles. C’est d’ailleurs avec Barocco qu’elle remporta son second trophée, tout juste un an après le premier. Et elle collabora encore avec le cinéaste sur Les Soeurs Brontë.

Pour nous, modestes critiques du web, elle était aussi une référence. Nous ne sommes pas prêts d’oublier sa façon de démolir un film dans Souvenirs d’en France, justement : sortant de la salle, où elle vient de voir  Le Roman de Marguerite Gautier, de George Cukor, avec Greta Garbo, elle se démarque du reste du public en riant aux éclats et répétant “Foutaises! Foutaises! Que c’est nul, ce film!”. Charme, élégance et humour. On n’a pas trouvé mieux pour dire du mal d’un film… 

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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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