Si François Cluzet a accepté de jouer le premier rôle de Blanc comme neige, le film noir de Christophe Blanc (ben oui, il va falloir suivre là, c’est compliqué…), c’est, selon ses dires, parce que le scénario s’affranchissait des conventions du polar, évoluait loin des clichés habituels du genre…
Sans vouloir manquer de respect à cet acteur dont nous apprécions beaucoup le travail, il n’a probablement pas dû lire beaucoup de romans noirs, parce que, en ce qui nous concerne, l’intrigue de Blanc comme neige est d’un classicisme absolu.

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Le film suit la descente aux enfers de Maxime, un type à qui tout réussissait jusqu’alors : une entreprise florissante – une concession automobile spécialisée dans les véhicules hauts de gamme – une villa luxueuse, une femme irrésistible (et pour cause, elle est incarnée par la très sexy Louise Bourgoin), une adorable petite fille…
Tout bascule quand son associé, Simon (Bouli Lanners), est retrouvé mort. A priori, juste un banal accident de la circulation…
Mais Simon a en fait été assassiné par un groupe de truands finlandais, à qui il avait vendu un lot de véhicules défectueux. Ceux-ci entendent bien récupérer leur argent – une somme rondelette à six chiffres – et ils le font comprendre à un Maxime totalement effaré par ce problème épineux qui surgit de nulle part…
Le plus simple serait d’aller voir la police, mais il redoute que son partenaire ait commis d’autres irrégularités du même acabit, qui pourraient faire couler l’entreprise. Alors, à la place, il demande à ses deux frères, habitués des petites combines foireuses, d’intimider ces intrus un peu trop menaçants et les inciter à rentrer chez eux…
Mauvaise idée… La situation dérape complètement et entraîne les trois frères dans une spirale de violence et de mort, dont ils ne sortiront pas indemnes…

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On sait à peu près comment tout se termine, puisque la narration est assurée par le protagoniste principal, qui, tel « le dormeur du Val », est allongé au pied d’un arbre, dans la neige, une balle dans le ventre et se vidant de son sang…
Manière de dire que l’intrigue importe peu. Ce qui compte, comme dans tout roman noir, c’est le cheminement qui a conduit à cette issue tragique. Un cheminement régi par la loi de Murphy, c’est-à-dire la loi de l’emmerdement maximal : chaque acte entraîne une conséquence désastreuse qui complique encore les choses.
En tentant de protéger égoïstement tout ce à quoi il tient, Maxime va tout perdre.
L’irruption de ces mafieux étrangers dans son univers doré va servir de révélateur et lui offrir à contempler sa véritable personnalité : celle d’un mari un brin macho, négligeant l’intelligence de sa femme et lui faisant insuffisamment confiance, la réduisant à un statut de potiche ; celle d’un type hautain vis-à-vis de ses frères qui n’ont pas connu sa réussite insolente ; celle d’un homme d’affaires coupable d’avoir fermé les yeux, en relative connaissance de cause, sur les magouilles de son partenaire.

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A l’exception de la fin du film, qui réserve une surprise au regard du postulat initial, cette construction est on ne peut plus classique pour un polar. Un classicisme qi se retrouve également dans la mise en scène, assez sobre et créant un rythme particulier, privilégiant la mise en place d’une atmosphère poisseuse, de plus en plus étouffante.
Christophe Blanc sait faire monter la tension comme on doit monter les euh… blancs en neige : lentement, patiemment, pour mieux faire ressortir les éclats de violence qui émaillent le récit.
Il manque juste une petite pincée de sel supplémentaire pour empêcher le rythme de retomber par moments, et pour épicer un peu ce polar plus anthracite que vraiment noir, bleu plutôt que saignant.
On aurait aimé retrouver la même densité, la même subtilité psychologique qui animait son premier long-métrage, Une femme d’extérieur. Ici la mise en scène manque parfois un peu d’allant et se repose trop sur les acteurs, il est vrai tous très bons.

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François Cluzet était idéal pour jouer le rôle de Maxime. Avec son allure de « Monsieur tout le Monde » et son visage instantanément sympathique, on adhère immédiatement au personnage, on s’identifie à lui. Dès lors, il peut s’appuyer sur son talent d’acteur pour dévoiler toutes les failles qui s’ouvrent au cœur du personnage.
Hormis Pertti Koivula, trop caricatural en mafieux venu du nord, le reste du casting est à l’avenant. Olivier Gourmet, massif et tout en colère contenue, et Jonathan Zaccaï, paumé et fragile à souhait, campent les deux frangins de Maxime et complètent ce beau trio d’antihéros.
Perdue dans cet univers viril, Louise Bourgoin parvient malgré tout à apporter une certaine épaisseur à son personnage, seule touche de grâce et de bon sens du film.
On aurait pu ironiser sur le fait qu’une ex-présentatrice de météo ne soit pas dépaysée par un film qui porte le titre Blanc comme neige, mais son jeu, plus qu’honorable coupe toute velléité de plaisanterie. Et quand on la voit nager, entièrement nue, dans la piscine de la villa, autant dire que le spectacle a de quoi faire fondre la couche de glace qui enrobe l’intrigue…

Porté par ses acteurs et par son approche humble du genre, Blanc comme neige est un thriller correct, à défaut d’être inoubliable.
A vous de voir si vous voulez repartir dans le Grand Nord alors que s’annonce le printemps – et pas que du cinéma…

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Blanc comme neige Blanc comme neige
Blanc comme neige

Réalisateur : Christophe Blanc
Avec : François Cluzet, Olivier Gourmet, Jonathan Zaccaï, Louise Bourgoin, Pertti Koivula, Bouli Lanners
Origine : France
Genre : thriller noir comme charbon 
Durée : 1h35
Date de sortie France : 17/03/2010

Note pour ce film : ●●●●○○

contrepoint critique chez : télérama
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