Réparer les vivants, c’est le titre du nouveau film de Katell Quillévéré, présenté dans le cadre de la section Orizzonti. La cinéaste raconte une belle histoire de mort et de renaissance, en entrelaçant deux récit ayant pour point commun une greffe d’organe. D’un côté, il y a un jeune homme victime d’un grave accident de la route. Le garçon est en état de mort cérébrale, mais ses organes sont intacts. Ils pourraient sauver des vies. Mais pour cela, les médecins ont besoin de l’accord de ses parents. La décision n’est pas facile à prendre, surtout à chaud, sans même avoir eu le temps d’accepter l’idée que leur fils est cliniquement mort, malgré un coeur qui bat encore, maintenu artificiellement en fonction par des machines. De l’autre, il y a une femme dont le coeur ne bat plus – ou presque plus – car elle est atteinte d’une maladie dégénérative du myocarde. Réticente à se faire greffer l’organe d’une personne décédée, elle doit décider d’accepter ou non la transplantation, sachant que c’est sa seule chance de s’en sortir.
Entre les deux histoires, qui vont évidemment se rejoindre, gravitent des médecins, des infirmières, des internes, des équipes de professionnels de la santé qui font ce qu’ils peuvent pour s’occuper non seulement des mourants, mais aussi de leurs proches, ceux qui restent en vie malgré le chagrin, malgré le vide que le deuil va générer en eux.
On reste un peu sur notre faim, car on aurait aimé que Katell Quillévéré développe un peu plus cette partie-là, la plus intéressante du récit, qu’elle se focalise sur les doutes des jeunes internes, confrontés à la dure réalité du métier, comme elle avait filmé les questionnements spirituels de l’héroïne de Un poison violentRéparer les vivants est clairement inférieur à ce dernier, mais il n’en demeure pas moins un bon film, émouvant et sensible, truffé de jolis moments de cinéma.

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Il est aussi question de réparer les vivants – ou du moins de protéger ce qu’il en reste – dans Hacksaw Ridge, de Mel Gibson, un film de guerre atypique, articulé autour de l’histoire vraie de Desmond Doss, un objecteur de conscience, non-violent et pacifiste, qui a tenu à s’enrôler dans l’armée américaine pendant la 2ème Guerre Mondiale. En tant qu’infirmier, il a sauvé des dizaines de soldats, notamment pendant la terrible bataille d’Okinawa, où il a fait preuve de bravoure et d’abnégation pour extirper les blessés du champ de bataille.
L’idée est plutôt originale, mais entre les mains de Mel Gibson, cela donne une oeuvre curieuse, alternant des séquences mélodramatiques sirupeuses et des morceaux de bravoure ultra-violents.
Il réussit au moins sa reconstitution de la bataille d’Okinawa, qui nous plonge littéralement dans l’action, avec la même force que Spielberg dans Il faut sauver le soldat Ryan ou Eastwood dans Lettres d’Iwo Jima.
(Lire notre critique)

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Dans El Ciudado illustre, le jeu de massacre est plus réjouissant. Mariano Cohn et Gaston Duprat nous invitent à suivre le retour d’un écrivain célèbre, prix Nobel de Littérature, dans son village natal, en Argentine, où il n’a plus mis les pieds depuis plus de trente ans. Très vite, ce retour triomphal tourne au cauchemar, car de nombreux parasites se mettent à graviter autour de l’écrivain : politiciens en quête de prestige, notables voulant profiter de sa notoriété, villageois essayant de lui soutirer de l’argent et anciens amis envahissants… Les cinéastes décrivent une société argentine encore marquée par leurs vieux démons, entre vestiges de la dictature et stigmates des crises économiques successives. Le film semble faire l’unanimité entre les critiques et le public, et doit donc être considéré comme un prétendant sérieux au Lion d’Or. (Lire notre critique)

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A l’opposé, Spira Mirabilis fait l’unanimité contre lui.
Ce documentaire expérimental ambitionnait de faire les spectateurs sur l’immortalité, les cycles de la vie et la place de l’humain dans le monde. Il n’a provoqué qu’ennui abyssal, ronflements et ricanements.
Il est vrai que le rôle des festivals de cinéma est de servir d’écrin aux films “différents”, mais quand ceux-ci tiennent plus de la blague ou du bad trip artistique, il est peut être préférable de mettre en avant des oeuvres qui méritent plus d’être diffusées. (Lire notre critique)

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A demain pour la suite de ces chroniques vénitiennes

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