Pauline va mieux. C’est du moins ce qu’elle affirme à son psy. Depuis qu’elle a trouvé son nouveau job, maquettiste pour l’hebdomadaire “Détective”, elle s’est plongée dans le travail et ne pense plus à sa vie privée, son désir d’avoir des enfants et les sautes d’humeur de son compagnon. Elle annonce donc au thérapeute qu’elle arrête là ses séances d’analyse.
Mais, patatras, juste après ce dernier rendez-vous, ledit compagnon vient lui annoncer qu’il la plaque et Pauline se laisse peu à peu gagner par la dépression.
Sa soeur Jeanne, une actrice de séries télévisées, et son beau-frère Wilfried, inquiets de la voir se morfondre toute seule chez elle, décident de l’emmener en vacances. Direction la Riviera italienne et un luxueux hôtel, très prisé des touristes français, avec pour objectif une semaine de farniente au soleil.
Mais c’est à ce moment qu’un tueur en série se décide à commettre des crimes dans la région, ce qui ne manque pas d’aiguiser la curiosité de la journaliste, prompte à imaginer les unes de son hebdomadaires, illustrées façon Di Marco (1).
Et quand une des clientes de l’hôtel disparaît mystérieusement, Pauline s‘imagine immédiatement qu’elle a été victime du tueur en série et décide de mener sa propre enquête. Après tout, une petite investigation lui fera sûrement plus de bien au moral que de rester avachie dans un transat. Et d’autant plus qu’elle se trouve un bien séduisant assistant en la personne de Simone, le maître-nageur de l’hôtel…
Après La Vie d’artiste et Copacabana, deux premiers longs-métrages où la comédie loufoque servait d’écrin à une fine étude sociale, Marc Fitoussi semble avoir voulu réaliser un pur divertissement et ne se concentrer que sur la fantaisie de son récit.
Pauline détective, avec son titre qui fleure bon les titres de la Bibliothèque verte, est une comédie policière dont l’intrigue n’est que le prétexte à la rencontre de deux personnages qui ne s’entendent absolument pas, mais dont on se doute assez rapidement qu’ils vont finir par tomber amoureux l’un de l’autre.
Marc Fitoussi offre à Sandrine Kiberlain et Claudio Santamaria l’occasion de constituer un tandem classique de la comédie américaine – l’enquiquineuse et le playboy – tout en charme et en fantaisie. Ce sont leurs prises de bec et leurs moments de complicité – comme la belle scène de tarentelle placée au coeur du récit – qui font avancer le film, plus que l’enquête elle-même, aux péripéties assez molles.
Enquêtrice dilettante, plus sexy que Miss Marple et plus bavarde que Hercule Poirot (et vice versa), Pauline fouine un peu partout et échafaude ses théories à haute voix entre deux cocktails et bains de soleil. Elle observe les clients de l’hôtel et le personnel, qui, comme dans tout bon whodunit qui se respecte, constituent tous des suspects potentiels : le directeur de l’hôtel volage (Wladimir Yordanoff) et la réceptionniste à forte poitrine (l’accorte Sabrina Impacciatore), le couple de touristes obsédés par la gastronomie (Anne Benoît et Elie Lison), fâcheux à souhait… Mais aussi sa propre soeur, l’actrice hyperactive en mal de reconnaissance, à qui Audrey Lamy prête son énergie et sa gouaille habituelles, et Wilfried, le mari discret mais fatigué incarné par Antoine Chappey…
Cela crée un petit mystère autour de l’identité du meurtrier, mais pas de quoi créer un réel suspense. Ceci dit, on s’amuse de voir Pauline braver le danger pour vérifier ses théories improbables et, surtout, entraîner dans son sillage le pauvre Simone, qui doit supporter ses incessants babillages et les catastrophes qu’elle provoque. Par moment, ce drôle de duo nous rappelle le vieux couple formé par Diane Keaton et Woody Allen dans Meurtre mystérieux à Manhattan, autre traque d’un meurtrier par des détectives amateurs. La différence, c’est que Marc Fitoussi ne possède pas le sens du rythme de Woody Allen, ni sa virtuosité technique, ni même sa verve comique…
Oh, l’ensemble reste plaisant malgré tout. Les acteurs, Sandrine Kiberlain en tête, semblent beaucoup s’amuser. La mise en scène de Marc Fitoussi, sans être géniale, propose quelques beaux mouvements de caméra et le film peut s’appuyer sur la mise en images de Céline Bozon, très colorée et vaguement “rétro”, dans l’esprit des films d’aventure et des gialli des années 1960/1970.
Et puis, sans être au niveau du cinéaste newyorkais, Marc Fitoussi est quand même capable de trousser quelques répliques cinglantes. Exemple :
”- Votre soeur, elle ne se serait pas fait gonfler les lèvres?
– Et vous, vous ne vous seriez pas fait gonfler les fesses?”
Le problème, c’est que le film manque sérieusement de consistance – et d’ambitions.
On ne s’ennuie pas, mais on ne s’enthousiasme pas vraiment non plus. On sourit parfois, mais on ne rit pas aux éclats. On se laisse prendre par les petites tentatives de suspense, mais on est loin d’avoir peur. On trouve du charme au duo Kiberlain/Santamaria, mais la partie romantique du film n’est pas totalement convaincante… Et, à l’arrivée, on a l’impression désagréable de rester un peu sur notre faim.
Il est fort probable que Pauline détective ne laissera pas une empreinte durable dans nos mémoires, et, si la fin (relativement) ouverte qui laisse présager une suite, il nous fait bien avouer que nous ne sommes pas spécialement impatients de la découvrir.
On préférerait que Marc Fitoussi retrouve l’inspiration qui avait irrigué son Copacabana, comédie autrement plus profonde et aboutie que cette récréation certes sympathique mais également très volatile et trop futile…
(1) : Angelo Di Marco est un dessinateur qui s’est spécialisé dans la représentation de faits divers. Ses illustrations ont contribué à faire le succès du « Nouveau Détective »
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Pauline Détective
Pauline détective
Réalisateur : Marc Fitoussi
Avec : Sandrine Kiberlain, Claudio Santamaria, Audrey Lamy, Antoine Chappey, Wladimir Yordanoff, Michèle Moretti
Origine : France
Genre : comédie romantico-policière dilettante
Durée : 1h41
Date de sortie France : 03/10/2012
Note pour ce film : ●●●●