Qui n’a pas un jour rêvé de partir à l’aventure, à la découverte du monde, sac à dos sur l’épaule et de vivre au jour le jour, sans attaches ni contraintes?
Ce rêve-là, Simon (Arthur Dupont) et Julien (Guillaume Gouix) l’ont entretenu un temps, au moment de l’adolescence. Ils avaient alors un groupe de rock et qui commençait à se faire un nom et avaient fait une petite tournée estivale dans leur région, dans les Ardennes belges. Cette virée leur avait donné envie d’aller plus loin ensemble…
Et puis la “vie normale” a repris ses droits. Le groupe s’est séparé. Chacun sa route, chacun son destin. Certains sont partis étudier à la ville, d’autres sont restés sur place. Certains se sont mis en couple et même fondé une famille. Et les doux rêves ont été remisés au sous-sol…

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Mais voilà, quelques années plus tard, Simon revient dans son village d’origine pour s’y ressourcer, après avoir sabordé sa vie bien rangée. Il a abandonné son poste à Bruxelles et quitté sa copine après des années de ruptures et de retrouvailles vouées à l’échec.
Il est revenu habiter chez ses parents et se laisse vivre en attendant de décider ce qu’il compte faire de son avenir.Et il profite de ce retour au bercail pour retrouver son pote Julien.
Lui est toujours resté au village. Son père a été gravement malade et il a sacrifié sa vie personnelle pour s’occuper de lui. Résultat, le vieil homme va mieux, mais Julien,  à trente ans passés, n’a pas de travail, pas de femme et pas de perspective d’avenir, sinon celle de retaper la vieille grange familiale. Un travail colossal nécessitant plusieurs années de chantier…

Un soir de beuverie, les deux garçons reparlent de cette idée de prendre la route. Comme ils n’ont plus aucune attache – ou presque – ils décident de réaliser leur rêve et partir tous deux sur les routes d’Europe. L’idée est simple : acheter un mobile home et prendre le large, faire des haltes quand ils le souhaitent et s’installer quelques temps à un endroit juste pour y faire des petits boulots, histoire de financer la suite du périple…

Mobil home - 4

Les parents des garçons, évidemment, ne sont pas très enthousiastes face à cette idée un peu folle. Ceux de Simon sont inquiets de voir leur rejeton jeter sa “vie normale” aux orties et partir faire le zouave sur les routes juste pour assouvir un vieux rêve d’adolescence. Ils jugent l’entreprise totalement déraisonnable… Le père de Julien, lui, ne dit rien, car il sait qu’il a beaucoup exigé de son fils par le passé. Mais il affiche une tristesse silencieuse.
Ceci n’arrête nullement le duo, qui a déjà acheté le camping-car et est prêt à partir…
   
… mais Simon et Julien ont a peine fait quelques kilomètres que leur véhicule tombe en panne. Or un engin de cette envergure, quand ça tombe en panne, ça fait tout de suite mal au portefeuille. Alors ils se retrouvent obligés de faire leur première halte à seulement quelques encablures de leur point de départ – pour eux, hors de question de retourner chez leurs parents, ce serait trop la honte… – et de trouver leur premier job pour financer les réparations.
Un copain d’enfance, qui dirige désormais une entreprise de sylviculture, leur propose de déraciner des sapins. Un job difficile, physique, et payé des clopinettes. Mais à défaut d’autre chose…
Simon montre rapidement ses limites. Il n’a pas la carrure pour ce genre de tâche. Julien, lui, est plus à l’aise. Il trouve même un intérêt supplémentaire à ce travail en la personne de Valérie (Catherine Salée), la jolie blonde qui assure la paie une fois le travail effectué.
Plus le temps passe, plus le départ est retardé, et plus les deux trentenaires s’interrogent sur la viabilité de leur drôle de projet. Ils ne sont plus vraiment sur la même longueur d’onde et n’ont pas forcément les mêmes envies…

Mobil home - 2

Drôle de road-movie que ce Mobile home, le premier long-métrage de François Pirot. Un road-movie quasi immobile, mais qui correspond néanmoins à un vrai voyage introspectif pour les deux héros. Le chemin parcouru est celui qui sépare la jeunesse de l’âge adulte, les rêves de la raison, et il débouche sur un embranchement où Simon et Julien vont devoir choisir entre prolonger le périple et se fixer pour de bon.
Le cinéaste filme avec beaucoup de sensibilité ces deux trentenaires à la croisée des chemins et livre une oeuvre douce-amère, moins légère qu’elle n’y paraît de prime abord. On s’amuse de leurs mésaventures et on s’émeut de leurs états d’âme et de leurs questionnements existentiels. Et l’ensemble tient la route, malgré quelques secousses et quelques baisses de régime – c’est l’inconvénient d’une histoire qui donne l’impression, parfois, à l’instar de ses héros, de faire du surplace et occasionne quelques longueurs.

On s’attache surtout aux deux comédiens principaux, visiblement très complices. Arthur Dupont et Guillaume Gouix en font parfois un peu trop, mais globalement, leur jeu reste d’une appréciable sobriété, dans le prolongement de la mise en scène de François Pirot, naturaliste et ne s’embarrassant pas de fioritures. Et les personnages secondaires sont eux aussi parfaitement interprétés, même si certains auraient mérité d’être un peu plus développés.

Tous contribuent à faire de Mobile home un voyage cinématographique plaisant, à défaut d’être inoubliable. Un premier film sympathique qui donne envie de découvrir la prochaine réalisation de ce jeune cinéaste, d’abord passé par la case “scénariste” (pour les premiers films de Joachim Lafosse), avant de passer derrière la caméra.

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Mobile home

Réalisateur : François Pirot 
Avec : Arthur Dupont, Guillaume Gouix, Catherine Salée, Jean-Paul Bonnaire, Jackie Berroyer, Eugénie Anselin
Origine : Belgique, Luxembourg, France
Genre : road-movie immobile
Durée : 1h35

Date de sortie France : 29/08/2012
Note pour ce film :

contrepoint critique chez : Critikat
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