Avec La Jalousie, Philippe Garrel nous entraîne une fois de plus dans ses histoires de famille.
S’inspirant d’un épisode amoureux difficile de la vie de son père, le comédien Maurice Garrel, le cinéaste français fait jouer à ses enfants, Louis et Esther, un récit contemporain axé autour d’une passion amoureuse déliquescente.
Louis (Louis Garrel), comédien sans le sou, quitte sa femme et sa fille pour aller filer le parfait amour avec Claudia (Anna Mouglalis), artiste elle aussi. Leur passion est abritée par un minuscule studio parisien, où la jeune femme ne tarde pas à étouffer. Louis trouve finalement un rôle dans une pièce de théâtre pendant que Claudia accumule les échecs aux auditions. Paniquée par la perspective qu’il le quitte, écrasée par la solitude lors de ses soirées dans l’appartement vide et jalouse autant de son compagnon que des partenaires de scène de celui-ci, elle se met à envisager une autre vie, sans lui. Peu à peu, leur relation se décompose…

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On est là dans les thèmes classiques de Garrel : les amours compliquées, les aléas de la vie de couple, la vie de bohème des artistes, la tentation du suicide… Et au niveau du style, on se retrouve également en terrain familier : images en noir & blanc léchées, montage elliptique, cadrages précis qui évoquent tour à tour l’idée de relation fusionnelle et de séparation.
Il y avait là de quoi donner un Garrel grand cru. Surtout que, pour une fois, le cinéaste a la bonne idée de faire court (1h17) plutôt que d’assommer le spectateur. Mais c’est peut-être là où le bât blesse. Car finalement, il n’a pas grand chose à dire. Cette histoire d’amour déçu n’a rien d’extraordinaire. Ses personnages non plus. Et on déjà vu des dizaines de fois ce genre de récit intimiste réalisé avec les codes artistiques de la Nouvelle Vague, chez Garrel et chez d’autres. La narration est très rapide, et nous laisse un peu sur notre faim, même si elle a le mérite de mettre en en exergue la scène-clé scène de la rupture de Louis et Claudia, qui intervient de façon très soudaine et inattendue dans le récit.

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L’autre point faible du film, c’est le jeu de Louis Garrel. Il a une certaine présence à l’écran, c’est indéniable, mais son jeu nonchalant, sa façon de réciter ses répliques et ses mimiques outrancières sont rapidement horripilantes et insupportables. On comprend bien que la famille c’est sacré et que  Philippe Garrel aime à voir en son fils un parfait alter-égo de cinéma, mais il serait bien avisé de se trouver d’autres acteurs pour jouer dans ses films, car, de notre point de vue, son fiston chéri plombe tous ses derniers films. Quand sa partenaire féminine livre une grande performance – Clotilde Hesme dans Les Amants réguliers ou Monica Bellucci dans Un été brûlant – cela passe, et quand l’actrice est moins inspirée – Laura Smet dans Les Frontières de l’aube – cela casse.
Ici, on se situe entre les deux. Anna Mouglalis livre une performance correcte, mais son temps de présence à l’écran est finalement assez limité. Heureusement, le cinéaste peut aussi s’appuyer sur le jeu de sa fille, Esther Garrel, et celui de la petite Olga Milshtein, qui apporte au film sa fraîcheur et sa candeur enfantine.

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Le résultat final est regardable, mais franchement, cela nous semble beaucoup trop anecdotique pour marquer durablement les esprits. Seuls les indécrottables nostalgiques de la Nouvelle Vague crieront au chef d’oeuvre…

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La Jalousie La Jalousie
La JalousieRéalisateur : Philippe Garrel
Avec : Louis Garrel, Anna Mouglalis, Olga Milshtein, Esther Garrel, Rebecca Convenant, Arthur Igual
Origine : France
Genre : autopsie d’un couple façon Garrel
Durée : 1h17
Date de sortie France : 04/12/2013
Note pour ce film : :●●●●
Contrepoint critique : Les Fiches du cinéma

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