Je ne sais pas ce que la planète Terre et l’humanité ont fait à Roland Emmerich, mais il doit avoir un sacré problème avec elles, vu qu’il passe son temps à les imaginer complètement ravagée par les pires catastrophes. Après Independance day et Le jour d’après, voici 2012, son nouveau blockbuster. Encore une histoire où notre planète est menacée de destruction imminente (1) …

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L’argument ? Une antique prophétie maya qui annonce la fin du monde pour le 21 décembre 2012 (2) La Terre a peut-être survécu aux apocalypses annoncées de l’an mil, 1066, 1099, 1199, ou 1666, à la fin du monde selon Nostradamus puis selon Paco Rabanne (brrr, la station Mir qui se crashe sur Paris), au bug de l’an 2000 et ses conséquences dramatiques, à l’impact de la comète de Haley, à l’astéroïde d’Armageddon, au virus Ebola, à la grippe aviaire et la grippe A (enfin, presque…), à Godzilla, King Kong et même au concert de Mireille Mathieu, Enrico Macias et Gilbert Montagné du 6 mai 2007, mais cette fois, c’est du sérieux. C’est les mayas qui l’ont dit et ils étaient quand même moins cons que les incas…
La preuve : un scientifique indien découvre dès le début du film que les vents solaires produisent de plus en plus de neutrinos et que ceux-ci agissent comme des micro-ondes sur le magma au cœur de la planète. Le dîner est servi et la Terre casse la croûte… Au menu, séismes, tsunamis, éruptions volcaniques… Prétextes à 2h40 d’effets spéciaux spectaculaires Et comme Emmerich a disposé d’un budget conséquent de 205 M$ et d’une équipe rompue aux effets visuels et multi-oscarisée, ce grand show pyrotechnique et apocalyptique nous en met plein la vue et file presque autant les chocottes que le Home de Yann Arthus-Bertrand.

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Le problème, et la vraie catastrophe de l’histoire, c’est que le réalisateur a aussi décidé de suivre le destin de plusieurs personnages stéréotypés et de rajouter une morale à son histoire. Bien cucul, la morale, comme dans tout bon blockbuster qui se respecte…
D’un côté, on a un scientifique (Chiwetel Ejiofor) qui découvre l’égoïsme des personnages les plus riches et puissants, prêts à sauver leur peau, mais pas celle de leurs semblables. Une constatation qui épargne évidemment le président des Etats-Unis (Danny Glover, en pseudo Obama), modèle de vertu, phare de l’humanité. Et aussi, bizarrement, le premier ministre italien (Berlusconi qui resterait solidaire de son peuple alors qu’il pourrait se sauver, vous y croyez, vous ?).
De l’autre, on a un romancier (John Cusack), qui apprend par hasard que des catastrophes se préparent et que les gouvernants préparent en secret des arches pouvant sauver un nombre limité de personnes. Jusque là mauvais mari et mauvais père, il redécouvre la force des liens familiaux et tente d’emmener en lieu sûr ses enfants, son ex-femme (Amanda Peet) et le nouveau compagnon de celle-ci (Thomas McCarthy)…

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Et là, ça se gâte sérieusement, car comme on s’adresse à un public familial, hors de question qu’il arrive quoi que ce soit aux « héros ». Alors de manière fort peu crédible, le petit groupe réussit à surmonter toutes les épreuves qui se présentent à eux. Ils survivent à un tremblement de terre dévastateur qui fait s’écrouler toute la Californie, réussissent à faire voler un avion jusqu’à Washington, non sans avoir fait un arrêt à Yellowstone transformé en gigantesque volcan, puis arrivent à tomber miraculeusement sur la base où se trouvent les vaisseaux censés sauver ce qui reste de l’humanité… Rien que ça ! Ah, ça vous reforge une famille, ça ! Alors, on a droit à plein de scènes bien guimauve sur les liens familiaux, la responsabilité, le sens du sacrifice des parents pour leurs enfants, et blablabla…
Mais rassurez-vous, il y a aussi la dose adéquate de pathos pour tirer les larmes des spectateurs : séparations douloureuses, morts tragiques, rédemptions salvatrices… Bref, tous les ingrédients d’un mauvais mélo à l’américaine, dégoulinant de morale bien pensante et de patriotisme imbécile. La petite chanson de Roland comporte bon nombre de fausses notes…

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Cela dit, soyons francs : si on met de côté toutes ces grosses ficelles finalement assez prévisibles, le spectacle est assez entraînant pour nous permettre de tenir les 2h40 de projection sans ennui. Ce qui n’est déjà pas si mal.
2012 n’est certes pas un chef d’œuvre du cinéma, mais il remplit pleinement les fonctions que ses producteurs attendaient de lui, à savoir un divertissement familial spectaculaire, drôle par moments, dramatiques à d’autres…
Quant à savoir si l’apocalypse annoncée aura bien lieu, il faudra attendre le 21 décembre 2012 pour le vérifier (3). En attendant, profitez de la vie et allez voir de bons films au ciné, des meilleurs que ce blockbuster trop formaté…

(1) : Le bonhomme avait aussi décliné une histoire similaire en 1984, dans Le principe de l’arche de Noé, qui prédisait la fin du monde pour… 1994 !
(2) : pour en savoir plus, suivre le lien suivant :
prédictions pour le 21/12/2012
(3) : pour autant, pas de panique, des thèses infirment toutes ces théories apocalyptique, comme l’article suivant (en anglais) :
The Greatest Hoax Of The 21st Century: 2012 Armageddon
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2012
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2012

Réalisateur : Roland Emmerich
Avec : John Cusack, Chiwetel Ejiofor, Amanda Peet
Origine : Etats-Unis
Genre : apocalypse now
Durée : 2h40
Date de sortie France : 11/11/2009

Note pour ce film : ˜˜˜

contrepoint critique chez : –

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