En juillet 2001, le G8, sommet des huit plus grandes puissances mondiales, a lieu à Gênes. En parallèle, les mouvements altermondialistes organisent un contre-sommet et plusieurs manifestations. Les premières sont pacifiques, mais des “Black blocs”, des groupes de casseurs, se forment et font dégénérer les marches des jours suivants. La police réprime ces émeutes de façon brutale. Les affrontements font un millier de blessés et un mort, un jeune activiste du nom de Carlo Giuliani.
Cela, les média internationaux en ont beaucoup parlé, fustigeant au choix, l’attitude des policiers ou celle des casseurs. En revanche, peu ont parlé de ce qui s’est déroulé après, au cours de la nuit du 21 juillet.

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Cette nuit-là, 300 policiers sont entrés dans l’école Diaz, qui abritait le centre de presse indépendante du Forum Social et servait de lieu d’hébergement pour des centaines d’altermondialistes venus de différentes régions du Monde. Leur ordre de mission officiel : appréhender les membres des black blocs supposément cachés dans le bâtiment.   

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’y sont pas allés de main morte pour la mener à bien. Ils se sont montrés extrêmement brutaux, frappant violemment des hommes et des femmes désarmés, à terre ou en position de reddition, tabassant les femmes et les vieillards sans une once de pitié… Toute cette violence était-elle vraiment nécessaire? Certainement pas, vu que le centre abritait essentiellement des jeunes pacifistes, des organisateurs du Forum Social et des journalistes. Pour justifier ce carnage, les policiers n’ont pas hésité à inventer des preuves et à mentir sur l’origine des blessures des nombreuses personnes interpelées… Bravo la police…

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Mais il y a encore pire : les militants arrêtés en état (relatif) d’être déplacés ont été transférés dans la prison de Bolzaneto, où ils ont subi davantage de brutalités, de brimades, d’humiliations et de sévices corporels, tout en étant privés de leurs droits les plus élémentaires et sans que personne de leur entourage ne soit prévenu de leur détention.

Après ACAB, qui décrivait les liens entre flics et mouvements d’extrême-droite, voici un nouveau  film-témoignage édifiant, qui ne va guère arranger l’image de la police italienne, ni celle des forces de l’ordre en général…
Sous prétexte de faire respecter l’ordre, les carabinieri impliqués dans le massacre de l’école Diaz ont utilisé des méthodes que l’on pensait d’un autre âge, ont fait preuve d’une brutalité indigne d’un pays civilisé, ont bafoué les principes démocratiques les plus élémentaires.

Le fascisme n’est pas mort, hélas. Il est toujours là, rampant, tapi dans l’ombre et caché dans les recoins les plus sombres de l’âme humaine.
Diaz, un crime d’état, film âpre, dur, dérangeant, que l’on reçoit prend comme un coup de poing dans l’estomac, est là pour nous le rappeler et nous inciter à la plus grande vigilance contre ce fléau.

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Le film rend aussi hommage à ces victimes oubliées du G8 de Gênes, dont les média ont peu parlé, ces hommes et ces femmes idéalistes qui ne faisaient qu’exprimer leurs idées, proposant un autre modèle économique et social que ce système libéral mondialisé qui, depuis, a clairement montré ses limites.
Il n’y a pas eu de morts lors de cette intervention policière, “juste” des personnes défigurées à vie, gravement handicapées et détruites psychologiquement. Les brutalités qu’ils ont subies ne pourront jamais être effacées de leurs mémoires. Faisons un peu de place dans les nôtres pour y graver ce témoignage bouleversant, à voir absolument.

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Diaz Diaz, un crime d’état
Diaz, don’t clean up that blood

Réalisateur : Daniele Vicari 
Avec : Jennifer Ulrich, Claudio Santamaria, Elio Germano, Fabrizio Rongione, Ralph Amoussou
Origine : Italie
Genre : coup de poing violent à l’estomac 
Durée : 2h01
Date de sortie France : 05/06/2013
Note pour ce film : ●●●●●
Contrepoint critique : Studio Ciné Live

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