Nǐ hǎo les humains, Mǐ hǎo les p’tits chats,

Déjà le dernier jour de festival. Personnellement, je n’ai pas vu le temps passer et je ne me suis pas ennuyé une seconde.
La sélection Action Asia fut certes inégale, mais de meilleure tenue que celle de l’an dernier, qui s’était avérée très décevante. Deux titres sont sorti du lot, Wu Xia et The Raid. Les films hors compétition, Nos voeux secrets et  Headshot furent également très bons. Quant à la rétrospective Kiyoshi Kurosawa, ce fut évidemment un grand plaisir de cinéphile.
Pour la compétition officielle, Monsieur Boustoune vous en parlera bien mieux que moi. Tout ce que j’en sais, c’est que les films semblent avoir divisé les festivaliers en plusieurs clans : les classiques, les originaux, les partisans d’un cinéma radical,… Et que les deux thématiques principales de l’année ont été le deuil et l’errance. Sur les neuf films en compétition, quatre correspondent en effet à des voyages – ou à des fuites – à pied ou en voiture. Et quatre tournaient autour de l’accomplissement d’un deuil.

Himizu - 2

Puisqu’on parle de la compétition officielle, il restait encore un film à projeter ce dimanche : Himizu, le nouveau film de Sono Sion. Il s’agit de l’adaptation du manga éponyme de Minoru Furuya, l’histoire d’un adolescent rêvant d’un vie ordinaire, banale, mais qui, subitement abandonné par des parents n’ayant pas trop la fibre familiale, se retrouve livré à lui-même, obligé de s’occuper seul de la petite affaire familiale, un cabanon qui loue des barques pour une promenade sur le lac voisin. Autour de lui gravitent plusieurs personnages : des réfugiés du séisme de mars 2011, une jeune camarade de classe amoureuse de lui, des yakuza venus réclamer le remboursement des dettes de son père et le paternel lui-même, systématiquement violent et alcoolique. Il va se laisser peu à peu contaminer par la violence du monde extérieur jusqu’à un point de rupture… Evidemment, il s’agit surtout pour Sono Sion, auteur des glaçants Suicide club,  Coldfish ou Love exposure, d’une base de travail pour développer un peu plus sa vision cynique et nihiliste de la société japonaise contemporaine.

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Arrivés trop tardivement pour la projections, nous avons renoncé à voir le dernier film de la sélection, Pink, le nouveau Jeon Soo-il, présenté hors compétition. A regret, d’abord, puis plus vraiment au vu des réactions des spectateurs au sortir de la salle : “chiant à mourir”, “un fiasco”, “qu’est-ce que c’est que ce truc?”, “Non, là, on, je peux pas…”
D’accord… Ca donne envie…

Evidemment, le festival s’est terminé avec la traditionnelle cérémonie de clôture et la remise des trophées aux films primés par les différents jurys.

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Première à monter sur scène, Isabelle Nanty, présidente du jury Action Asia, accompagnée de ses jurés. Notre taupe sur place nous avait dit que la délibération avait été rapide. Effectivement : il ne leur a fallu qu’une trentaine de secondes pour choisir de primer à l’unanimité le film Wu Xia. Des petits grognements de stupeur et de déception se sont fait entendre dans la salle, émis par les partisans de The Raid. On peut les comprendre. Il est vrai que dans le registre de l’action pure, le film indonésien était nettement au-dessus du lot. Mais niveau scénario, jeu d’acteur et élégance formelle, le film de Peter Ho Sun-Chan était supérieur, et le primer n’a rien de scandaleux.

Himizu - 3

Les prix suivants concernaient la compétition officielle.
Tout d’abord, le Prix de la Critique Internationale a été remis. Notre taupe sur place nous avait dit que les négociations avaient été plus longues et plus âpres, autour de deux ou trois films. Effectivement : une mention spéciale a été remis à Mourning, le film iranien de Morteza Farshbaf, mais le prix a finalement été accordé à Himizu, le film de Sono Sion.
Cela fait deux fois de suite qu’il gagne le prix, après Coldfish l’an passé, d’accord, mais puisque c’est mérité, il n’y a rien a redire…

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Puis le grand jury est venu sur scène pour remettre ses deux prix. Notre taupe sur place nous avait dit que les négociations avaient été encore plus longues et plus âpres, discutées et disputées. Effectivement, dans un discours plein d’humour, le président du jury, Elia Suleiman, a précisé que les choix avaient été difficiles à faire parmi des oeuvres aussi différentes, présentant chacune des qualités artistiques manifestes. Il a tenu notamment à mettre en avant le travail de ces jeunes metteurs en scène qui continuent de faire du cinéma un art bien vivant, capable de faire bouger le monde.

 

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Suivant cette logique, ils ont donc accordé le prix du Jury à Baby factory, d’Eduardo Roy Jr.
Visiblement ému, le cinéaste a dédié son prix à toutes les mères du monde, et principalement à celles des Philippines, qui doivent accoucher dans ce type de lieux plus proche d’une prison qu’à une maternité.

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Ils ont enfin remis le Grand Prix du Jury à Mourning, optant pour une oeuvre aux partis-pris de mise en scène assez originaux et assumés de bout en bout. Là aussi, cela fait deux années de suite que le jury récompense l’un des films les plus lents du festival, au risque de faire grincer des dents les partisans d’un cinéma plus “grand public”. Mais quand le film est bon et maîtrisé, c’est un choix défendable…

Globalement, il s’agit d’un palmarès tout à fait respectable puisque tous les films récompensés sont de qualité.
Après, il y a forcément des petites déceptions, comme l’absence de The Raid au palmarès Action Asia, ou celle de Saya Zamuraï  dans celui de la compétition officielle. A l’applaudimètre, les deux films étaient assurément les chouchous du public, ou du moins d’une bonne majorité de sectateurs.

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Voilà, c’est terminé pour cette année! Malgré un rythme de projections assez intense cette année, on aurait bien aimé que le festival se prolonge encore un peu pour nous faire découvrir d’autres oeuvres, d’autres auteurs asiatiques et nous permettre de profiter encore un peu de l’air marin et du bruit des vagues lors de nos pauses sur la plage.
D’ailleurs, maintenant que ma mission est accomplie, j’ai encore un peu de temps pour une dernière balade nocturne pleine de chat-badabadas. Et la première mouette qui vient me chercher des noises, gare à ses plumes! Waaaaaaaah ayaaaaah, avec tous ces films d’action ingurgités, j’ai amélioré mes techniques de combat dans tous les domaines. Cool!

Pleins de ronrons et Chat-yonara,

Scaramouche

스카라무슈 (en coréen)
スカラムーシュ (en japonais)
美人如玉剑如虹 (en chinois)

Chat-olin

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Scaramouche est un... chat. Son heureux maître, Boustoune, l'a baptisé ainsi après l'avoir vu escalader les rideaux et pratiquer l'escrime contre les plantes vertes, à la manière d'un héros de film de cape et d'épée. (Il a longtemps hésité avec Channibal et Cat Vador, mais bon...) Evidemment, avec un tel nom, l'animal ne pouvait que devenir cinéphile. Comme il n'avait rien d'autre à faire que de glander toute la journée sur le canapé, il s'est gavé de DVD et s'est forgé sa culture cinématographique, avant d'accepter de devenir critique pour Angle[s] de vue. Sa spécialité ? Les films dont les félins sont les héros. Et les films qui parlent de boxe et de sports de combat (il kiffe). Mais il doit aussi se farcir la plupart des critiques de films pour enfants (il kiffe aussi, sans l'avouer...). Il aime donner quelques coups de griffes aux films qu'il n'aime pas, et complimenter ceux qu'il aime de sa plus belle plume (volée à un pigeon trop téméraire). En tout cas, il n'aime pas les critiques qui ronronnent. Qu'on se le dise...

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