74ème Festival International du Film – Cannes (Alpes Maritimes)
– du 06 au 17 juillet 2021 –

affiche-cannes-2021-Après une édition 2020 annulée pour cause de confinement et de risques épidémiques, les organisateurs du Festival de Cannes ont tout mis en oeuvre pour que la grande fête du 7ème art puisse se tenir cette année, malgré un coronavirus toujours menaçant et un contexte économique des plus moroses.
Ils n’ont pas hésité à décaler de deux mois les dates de la manifestation pour que celle-ci puisse finalement accueillir du public dans de bonnes conditions et offrir aux cinéphiles de multiples émotions sur grand écran, en compagnie des meilleurs cinéastes du moment.
Pendant dix jours, Thierry Frémaux et Pierre Lescure auront en effet le bonheur d’accueillir en haut des célèbres marches les équipes de quelques-uns des films les plus attendus de l’année, prêtes à les offrir au regard expert d’un public exigeant, en mal de cinéma après de longs mois de salles obscures fermées, de couvre-feu et de confinement.

Pour commencer, les festivaliers pourront découvrir Annette, un drame musical mettant en vedette Marion Cotillard et Adam Driver. Ce film d’ouverture marque le grand retour de Leos Carax, qui s’était fait assez discret depuis Holy Motors, qui avait reçu un accueil mitigé sur la Croisette en 2012.
On retrouvera ensuite François Ozon, qui signe Tout s’est bien passé. Cette adaptation du livre éponyme d’Emmanuelle Bernheim, dans lequel elle racontait comment elle a aidé son père malade à mourir, promet – du moins sur le papier – d’offrir à Sophie Marceau l’un des rôles les plus émouvants de sa carrière.
Autre habitué, Paul Verhoeven viendra présenter Benedetta, qui glisse l’une des chouchoutes de la Croisette, Virginie Efira, dans la peau d’une nonne italienne du XVIIème siècle, condamnée pour saphisme. Nanni Moretti tentera de décrocher une seconde Palme d’Or avec Tre piani, adaptation d’un roman d’Eshkol Nevo. Même pari pour Apichatpong Weerasethakul, qui proposera Memoria, “l’histoire d’un grand BANG” – c’est du moins ce qui est suggéré dans le synopsis, aussi intriguant que son casting, associant Tilda Swinton à Jeanne Balibar – tandis que Jacques Audiard en visera une troisième avec Les Olympiades, adaptation de la série de bandes-dessinées “Les Intrus” d’Adrian Tomine. Bruno Dumont, lui, revient à la compétition et espère que sa France, avec Léa Seydoux dans le rôle-titre, connaîtra un sort au moins aussi enviable que L’Humanité et Flandres, tous deux auréolés d’un Grand Prix il y a quelques années.
Autres habitués, Wes Anderson, qui viendra présenter l’attendu The French dispatch, Joachim Lafosse, qui proposera Les Intranquilles, avec Leila Bekhti et Damien Bonnard, ou Asghar Farhadi, qui continue, avec Un héros, de dresser le portrait de la société iranienne contemporaine.

Au rayon des grands retours, notons celui de Catherine Corsini, dont la dernière incursion en compétition officielle remontait à 2001 et à La Répétition. Son nouveau long-métrage, La Fracture, s’inscrit dans une actualité politique brûlante – celle de la France des Gilets Jaunes et fera sans doute l’objet de nombreux débats. Sean Penn fait également son grand retour avec Flag Day. On lui souhaite un meilleur accueil que lors de sa présentation de The last face, sa dernière tentative en compétition, huée par le public et démolie par les critiques. On nous le souhaite aussi, parce qu’objectivement, le film en question était un pur nanar…
On guettera également les nouveaux films de Nadav Lapid (Le Genou d’Ahed), Mahamat Saleh-Haroun (Lingui, les liens sacrés), Joachim Trier (Julie en 12 chapitres/The worst person in the world), Ryūsuke Hamaguchi (Drive my car), Nabil Ayouche (Haut et fort), Justin Kurzel (Nitram) ou Mia Hansen Love (Bergman Island), qui pourraient bien constituer de sérieux outsiders au palmarès. A moins que Kirill Serebrennikov, qui aurait bien mérité la Palme d’Or pour son très beau Leto, ne mette tout le monde d’accord avec La Fièvre de Petrov, si le titre ne fait pas fuir tous les spectateurs anxieux d’attraper un autre virus que celui du cinéma!
On attend aussi beaucoup de L’Histoire de ma femme d’Ildiko Enyedi, dont le très beau Corps et âme avait enthousiasmé la Berlinale (Ours d’Or en 2017 ), mais aussi de Titane de Julia Ducourneau, qui, après avoir secoué la Semaine de la Critique en 2016, s’attaque à la cour des grands avec un scénario tout aussi intriguant, et de Sean Baker, qui, après avoir marqué l’édition 2017 de la Quinzaine des Réalisateurs avec The Florida Project, propose une nouvelle plongée dans la face cachée de l’Amérique avec Red Rocket.
Enfin, le finlandais Juho Kuosmanen tentera de séduire le jury avec Compartiment n°6, un voyage ferroviaire entre Moscou et Oulan Bator, passant par la Sibérie. Son précédent film, autour de la vie du boxeur finlandais Olli Mäki, avait mis KO le jury de la section Un Certain Regard en 2016. Reste à voir s’il peut lutter à armes égales dans la catégorie des poids lourds…
Le jury, présidé comme prévu par Spike Lee, devra départager tous ces candidats au palmarès.

Hors compétition, il y aura aussi du beau monde. Jugez plutôt! Arnaud Desplechin (Tromperie), les frères Larrieu (Tralala), Emmanuelle Bercot (De son vivant), Mathieu Amalric (Serre moi fort – c’est le titre du film, hein, pas une requête intempestive), Audrey Estrougo (Suprêmes), Samuel Benchetrit (Cette musique ne joue pour personne), Cédric Jimenez (Bac nord),  ou Charlotte Gainsbourg, qui essaie de dresser le portrait de sa Jane B. de mère, comme en son temps notre chère disparue Agnès Varda l’avait fait. Valérie Lemercier, de son côté, se glissera dans la peau d’une chanteuse à succès ressemblant beaucoup à Céline Dion (Aline – pour qu’elle revienne?)
On trouvera également le traditionnel film de Hong Sang-soo (In front of your face), les nouveaux Todd Haynes (The Velvet underground), Tom McCarthy (Stillwater) et Andrea Arnold (Cow). On attend beaucoup du nouveau Ari Folman qui, après nous avoir fait valser avec Bachir et nous avoir entraîné dans l’univers fascinant et effrayant du Congrès, nous entraîne dans les pas d’Anne Frank, pour un film d’animation qui s’annonce bouleversant (Where is Anne Frank?).
Kornel Mundruczo aborde lui aussi le thème de l’Holocauste dans son nouveau long-métrage, Evolution, qui s’intéresse à trois générations confrontées à l’horreur de la Shoah, mais aussi à la mémoire et au passage du temps.
Pas très joyeux tout cela… Mais probablement nécessaire en ces temps troublés.
Côté humour, les serveurs des pizzeria cannoises verront, médusés, Jean Dujardin leur demander si leur “blanquette est bonne” (OSS117, Alerte rouge en Afrique Noire, de Nicolas Bedos, film de clôture).
Enfin, Gaspard Noé viendra présenter son nouveau film, Vortex. Après l’expérience Lux Aeterna, le cinéaste franco-argentin devrait une nouvelle fois surprendre et déstabiliser le public avec son récit qui s’intéresse aux amours d’un couple sénile, avec Dario Argento et Françoise Lebrun.

A noter que cette année, le Festival de Cannes inaugure deux nouvelles sélections, “Cannes Première”, consacrée aux avant-premières attendues, et “Cinéma & Climat”, un regard écologique et cinématographique sur l’état du monde et l’urgence climatique. Là encore, du très beau monde, avec des films signés par Noémie Merlant, Aïssa Maïga, Karim Aynouz, Sergeï Losnitza et bien d’autres.

Pour combler leur boulimie de films après des mois de sevrage forcé, les cinéphiles pourront aussi compter sur la sélection de Un Certain Regard, qui fera voyager entre les univers de cinéastes talentueux comme le russe Aleksey German Jr (Elo), le français Arthur Hariri (Onoda, tourné au Japon), l’israélien Eran Kolirin (Et il y eut un matin), le vidéaste essayiste sud-coréen Kogonada (After Yang) et de nombreux premiers films qui devraient révéler le talents des futurs grands maîtres de demain et de potentielles graines de palmes d’or pour les éditions futures de la manifestation.

Le Festival s’appuiera également sur ses compétitions de courts-métrages pour repérer les pépites émergentes du septième Art. Pour autant, les grands anciens ne sont pas oubliés avec une sélection rétrospective qui devrait séduire nos copains de “Revus & corrigés” (Resnais, Doillon, Lynch, Germi, Rosselini, Shinoda et le très beau Lettre d’une inconnue d’Ophüls), sans oublier les rencontres avec des personnalités attachantes (Jodie Foster, Isabelle Huppert, Bong Joon-Ho, Marco Bellochio, Matt Damon, Steve McQueen).
Bref, de quoi passer l’envie d’aller paresser sur la plage voisine et de multiplier les séances dans les salles obscures, même si les montées des marches en smoking par 40°C à l’ombre risquent d’être très chaudes!

Plus d’informations sur le site officiel du festival : www.festival-cannes.com/

Crédits affiche : © Photographie de Spike Lee avec l’autorisation de Bob Peterson & Nike © Tous droits réservés / Graphisme © Hartland Villa

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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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