Welcome to the Rileys - 6

Welcome to the Rileys. Voilà le message que l’on peut lire sur la porte de la maison de Loïs et Doug Riley. Un pavillon de banlieue plutôt chic et tranquille, conforme à une certaine idée du rêve américain. Mais cette accroche accueillante dissimule en fait un malaise profond chez les occupants des lieux.

On le sent dès le premier plan du film, montrant une voiture dévastée par les flammes – on en comprendra plus tard la raison – symbolisant l’incendie qui est en train de consumer lentement l’unité du couple. Loïs n’a plus mis un pied dehors depuis la mort de leur fille. Elle s’enferme dans la dépression et les idées noires, s’éloigne chaque jour un peu plus de son mari et des réalités. Sa dernière lubie ? Commander une pierre tombale pour elle et son époux, et l’installer près de la tombe de leur enfant disparue.

Welcome to the Rileys - 5

Evidemment, quand Doug, de passage au cimetière, se rend compte de cela, cela lui fait un drôle d’effet… Lassé de la froideur de sa femme, il pense changer de vie avec Vivian, une serveuse au diner de la ville, mais le destin contrarie ses projets.
A l’occasion d’un déplacement professionnel à La Nouvelle-Orléans, il croise la route de Mallory, une jeune stripteaseuse qui lui rappelle beaucoup sa fille. Voyant la jeune fille complètement paumée, il décide de rester un peu pour l’aider à affronter l’existence. Mais cette rencontre va surtout l’aider à remettre de l’ordre dans sa propre vie, et dans son couple, puisque Loïs, inquiète de le voir l’abandonner, va enfin sortir de son cocon protecteur et étouffant.

Welcome to the Rileys - 4

Bienvenue chez les Scott. On connaissait Ridley, l’auteur de chefs d’oeuvre comme Alien ou Blade runner – entre autres – et Tony, son frère, réalisateur de films d’action plus remuants, voici Jake, le fils du premier, qui adopte un style un peu plus discret, très typique du cinéma indépendant américain (1).
Welcome to the Rileys est une comédie dramatique intimiste dont les ressorts narratifs sont un peu usés et prévisibles, mais elle est suffisamment bien menée pour nous permettre de suivre avec intérêt les tribulations de ce trio de paumés essayant de reprendre goût ou espoir en la vie.
Et elle est surtout interprétée par des acteurs épatants, tout à fait convaincants dans des rôles n’échappant pourtant pas aux stéréotypes :
James Gandolfini est dans son registre de prédilection en figure paternelle à la fois autoritaire et protecteur. Mélissa Leo, elle, confirme qu’elle est une comédienne de tout premier plan. Après avoir été remarquée tardivement au cinéma (l’an passé dans Frozen river), elle prouve ici qu’elle est aussi à l’aise dans le drame que dans la comédie – les scènes où elle essaie en vain de faire démarrer la voiture sont très drôles.

Welcome to the Rileys - 3

Et dans le rôle de Mallory, femme-enfant à la dérive, Kristen Stewart montre une nouvelle fois qu’elle vaut mieux que l’étiquette d’actrice nunuche que beaucoup lui ont collé après les films de la saga Twillight

Grâce à eux, la fable un peu naïve sur le choc salutaire des cultures et la thérapie de couple par l’ouverture aux autres se laisse voir avec plaisir, et leurs performances laissent tout loisir au réalisateur de soigner sa mise en scène, d’une sobriété et d’une humilité inattendues, mais bienvenues (2). Il prend le temps de développer ses thématiques autour de la cellule familiale, du rapport de l’individu à l’argent, de l’indépendance et de la liberté. Le tout avec pudeur et élégance, dans le décor on ne peut mieux choisi des quartiers pauvres de La Nouvelle-Orléans. Quoi de mieux qu’une zone sinistrée pour traiter de délabrement moral et psychologique ?

Welcome to the Rileys - 2

Bref, vous pouvez tout à fait vous laisser tenter par ce film, sélectionné à Sundance et au festival du film américain de Deauville, et faire la connaissance de ces Rileys, très sympathiques…

(1) : Le cinéaste n’en est pas à son coup d’essai. Il a déjà signé Guns 1748, pas un chef d’oeuvre, certes… Ni même un film mémorable…
(2) : Outre son premier film déjanté, Jake Scott a tourné des clips et des vidéos pour MTV. Pas spécialement un gage de qualité pour le cinéma…

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Welcome to the Rileys Welcome to the Rileys
Welcome to the Rileys

Réalisateur : Jake Scott
Avec : James Gandolfini, Kristen Stewart, Melissa Leo, Eisa Davis, David Jensen, Ally Sheedy, Lance E. Nichols
Origine : Etats-Unis
Genre : chronique intimiste très typée “indie”
Durée : 1h50
Date de sortie France : 10/11/2010
Note pour ce film :

contrepoint critique chez :  Les Inrockuptibles

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