Ben qu’est-ce qu’il leur arrive aux zombies?
Il y a encore dix ans, ils attaquaient férocement les humains pour leur bouffer la cervelle. La moindre odeur de chair pas encore pourrie provoquait chez eux une frénésie meurtrière. Ils croquaient des jambes comme Steven Seagal casse des bras, à tour de bras, justement…
Mais au moins, à l’époque, c’était simple. Il y avait d’un côté les “méchants”, ces abominations tout droit venues de l’au-delà pour tourmenter les vivants, et de l’autre les “gentils” humains encore en vie, essayant tant bien que mal de s’organiser pour éviter que la planète ne soit totalement décimée par ce fléau.
On n’avait pas de mal à choisir son camp.

Warm bodies - 5

Et là, dans Warm Bodies – Renaissance, voilà-t-y-pas que l’un des zombies épargne sa proie, une jolie blonde prénommé Julie, et l’emmène chez lui – une carcasse d’avion – pour un dîner où elle ne sera pas le plat principal. Ah! Tout se perd, ma bonne dame. Et après on viendra se plaindre qu’il n’y a plus de saisons…
Mais il y a pire. Non seulement “R”, le jeune zombie, ne bouffe pas la blondinette, mais en plus, il essaie de la protéger des assauts potentiels de ses congénères, et fait en sorte qu’elle soit confortablement installée… Hé! Mais il l’aime!

Serait-ce parce qu‘il a dévoré la cervelle – pas bien grosse – du fiancé de la demoiselle qu’il éprouve des sentiments à son égard? Pas sûr… Il semble bien que son coup de foudre soit intervenu quelques secondes plus tôt, quand ses yeux bleu-absent ont plongés dans les yeux bleu-argent de la belle. Il a suffit d’un regard, un seul, pour que le coeur engourdi du mort-vivant se remette à battre, imperceptiblement et rallume un peu de vie en lui.

Warm bodies - 4

Oui, “R” se met à changer, à redevenir vivant. Il retrouve la parole, sort de la torpeur dans laquelle l’avait plongé sa condition de mort-vivant et devient de plus en plus sensible et romantique.
Ah! C’est beau l’amour! Et c’est fort! Car les sentiments de “R”, en plus de faire rebattre son petit coeur éteint, semblent se propager à ses semblables, à les “contaminer”. Eux aussi se mettent à éprouver des émotions, à se souvenir de certaines choses du passé, à rêver de nouveau, et même à aimer…

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si Julie n’était pas la fille du chef des survivants humains, basés au coeur d’une métropole américaine. Le bonhomme est ce que l’on pourrait appeler un excité de la gâchette, du genre qui tire dans la tête d’abord et pose les questions ensuite. Et il déteste les zombies, qui ont dévoré son épouse adorée. Autant dire qu’avoir un zombie pour futur gendre risque de ne pas l’enchanter des masses…
Et, du côté de morts-vivants, si l’idylle entre Zombéo et Juliette fait rebattre quelques coeurs, elle énerve aussi beaucoup les “osseux”, des zombies qui ont accepté leur passage à l’au-delà et se sont délestés de toute trace de chair et d’organes.
Eux sont irrécupérables. Ils ne pourront jamais reprendre forme humaine. Ils sont aussi très féroces… et rapides (forcément, ils sont plus légers).
Bref, les deux tourtereaux, de par leur idylle, ont mis un sacré boxon, qui va culminer en un affrontement généralisé entre humains, osseux et morts-vivants, et donner un divertissement assez sympathique, entre romance, fantastique et aventures…

Warm bodies - 7

Hé! Mais qu’est-ce qui m’arrive à moi?!?
Il y a encore six mois, je pestais contre Twillight et cette mode des films fantastiques édulcorés pour ados en mal de sensations fortes. Et voilà-t-y-pas que j’aime bien ce petit film qui s’inscrit pourtant dans la même lignée. Serais-je en train de changer, moi aussi?

Hum, pas sûr… Cela tient peut-être plus à la personnalité du cinéaste, Jonathan Levine, un réalisateur doué qui a déjà fait ses preuves tant sur le plan de la chronique adolescente douce-amère (The Whackness) que du film de genre (Tous les garçons aiment Mandy Lane).
Là, vous allez peut-être dire que Catherine Hardwicke aussi avait fait ses preuves avant Twillight, en signant le réussi Thirteen.
Certes… Mais Levine, lui, réussit à donner un peu plus de corps à son récit.  Il ne se contente pas de décrire une romance nunuche à l’agument vaguement fantastique. Il sait insuffler ce qu’il faut d’action pour garder le spectateur captif, et il faut bien avouer que l’affrontement bordélique entre les osseux, les zombies et les humains est quand même plus stimulant que la lutte gentillette entre des poilus aux muscles saillants et des beaux ténébreux à la gueule enfarinée, comme chez Stephenie Meyer. Il distille quelques touches d’humour bienvenues pour  oxygéner un peu cette ambiance (forcément) mortifère. Et, même s’il met clairement la pédale douce sur les effets gore, il n’oublie pas que les zombies se nourrissent de chair et cervelle humaine, ce qui nous vaut quelques passages bien saignants. Ouf! Il faut quand même respecter un peu les traditions!

Warm bodies - 3

Mais la principale force du film réside dans sa réflexion sur le devenir de l’humanité et de nos sociétés contemporaines, comme jadis les films de Romero.
Levine montre une humanité qui était “zombifiée” bien avant d’être dévastée par le virus/la mutation génétique/ le phénomène radioactif ou quoi que ce soit qui ait pu transformer les vivants en morts-vivants.
Ah! Il faut les voir, tous ces humains qui ne communiquent plus entre eux, trop absorbés par leurs écrans, leurs téléphones, leurs comptes boobook, teutteur et autres joyeusetés numériques, qui s’abrutissent devant des émissions de télé-réalité ou en lisant les dernières frasques de Kim Kardashian dans la presse people. A l’opposé, le cinéaste montre des zombies plus ouverts, plus désireux d’apprendre et de communiquer. Plus intelligents, en somme, que les vivants…

Warm bodies - 2

Cela donne un peu de profondeur à ce qui reste toutefois un divertissement grand public.
Warm Bodies – Renaissance séduit autant que ses interprètes principaux, Nicholas Hoult (le gamin de Pour un garçon, qui a bien grandi…) et Teresa Palmer, dont le physique parfait semble effectivement capable de réveiller les morts. Sans oublier John Malkovich en militaire psychopathe…
Bon, ce n’est pas le film de l’année, loin de là, mais, je n’ai pas peur de le dire, c’est une oeuvre sympathique, plaisante à suivre…
Et le premier qui prétend que j’ai été zombifié, je lui bouffe la cervelle direct. Et toc!

  
 

_______________________________________________________________________________

Warm bodies Warm Bodies – Renaissance
Warm Bodies

Réalisateur : Jonathan Levine 
Avec : Nicholas Hoult, Teresa Palmer, John Malkovich,
Analeigh Tipton, Rob Corrdry, Dave Franco 
Origine : Etats-Unis
Genre : Zombéo & Juliette 
Durée : 1h37
Date de sortie France : 20/03/2013
Note pour ce film : ●●●●○○
Contrepoint critique : Le Monde

______________________________________________________________________________

LEAVE A REPLY