the son affpro[Compétition Officielle]

De quoi ça parle ?

D’un homme qui tente de s’occuper de son fils, adolescent dépressif, et lui redonner goût à la vie.

Peter (Hugh Jackman) vient de démarrer une nouvelle vie avec Beth (Vanessa Kirby), avec qui il vient d’avoir un enfant. Il envisage sereinement cette nouvelle vie de famille et commence à faire des projets pour l’avenir, alors que sa carrière de juriste est sur le point de prendre un nouvel élan.
Mais son ancienne vie vient subitement se rappeler à lui. Son ex-épouse, Kate (Laura Dern), lui apprend que leur fils de dix-sept ans, Nicholas (Zen McGrath) sèche les cours depuis des mois et est sur le point de se faire renvoyer. Elle ne parvient plus à dialoguer avec lui et demande à Peter d’essayer de lui faire  entendre raison. En discutant avec l’adolescent, Peter réalise que ce dernier ne va pas bien moralement. Il semble solitaire, mal dans sa peau, en plein vertige existentiel. Aussi, quand Nicholas lui demande de venir vivre avec lui, il ne peut lui refuser son aide, même si le moment n’est pas idéal.
Au fil des jours, l’adolescent semble aller un peu mieux. Mais est-ce vraiment le cas?


Pourquoi on saute par la fenêtre plutôt qu’au plafond ?

En 2020, Florian Zeller avait effectué un passage réussi de la scène à l’écran en adaptant sa pièce “Le Père”, en version anglaise, avec Anthony Hopkins dans le rôle-titre et Olivia Colman pour lui donner la réplique. Le pari avait dépassé toutes les attentes puisque The Father avait su toucher un large public et gagner quelques récompenses de prestige au passage.

Fort du succès de son film, Florian Zeller tente de récidiver avec The Son, également tiré d’une de ses pièces de théâtre. Mais cette fois-ci, force est de constater que cela fonctionne moins bien, malheureusement.
Les thématiques développées, pourtant, sont intéressantes. Le texte traite d’une relation père-fils compliquée, l’adolescent ayant besoin d’un soutien, d’un accompagnement que son père est incapable de comprendre. Il parle aussi de la difficulté de trouver sa place dans une famille recomposée, pour les enfants comme pour les parents.
Les acteurs signent aussi des performances honorables, même si un cran en dessous des performances de Hopkins et Coleman.
Le problème, c’est que l’on ressent, plus que dans The Father, l’origine théâtrale du récit. La structure apparaît un peu trop nettement et trop d’indices permettent d’anticiper le dénouement, malgré une ultime tentative de diversion à la toute fin du film.
Et surtout, la mise en scène, bien plus ordinaire que celle de The Father, ne parvient jamais à donner à cette histoire l’ampleur cinématographique attendue.
L’avantage de The Father, c’était que le propos – un vieil homme sombrant dans la démence – permettait de jouer avec le décor – l’appartement du vieil homme – pour traduire l’enfermement du personnage dans son propre univers mental. Ici, les possibilités sont moindres et Florian Zeller manque peut-être encore un peu d’expérience pour trouver le moyen de dynamiser son histoire.

En même temps, cela induit une certaine cohérence avec l’état mental du rôle-titre, un adolescent englué dans la dépression, une certaine apathie, une douleur permanente. Si c’est volontaire, le parti-pris se défend. Mais on peut aussi penser que ce n’est pas la meilleure stratégie pour restituer ce genre de tourment à l’écran.  Un cinéaste comme Ingmar Bergman a, par exemple, montré la voie à suivre, avec des dispositifs tout aussi théâtraux. Là, ce rythme lancinant, ce côté atone, ce manque de soubresauts du récit, provoquent plus l’ennui que l’émotion.
Mais reconnaissons au moins à Florian Zeller le bon goût de ne pas verser dans le mélodrame larmoyant. C’est déjà une bonne base de travail pour permettre à ses prochains films d’être plus forts.

Logiquement, il devrait boucler sa trilogie avec l’adaptation de “La Mère”, l’une des pièces qui l’a fait connaître. Mais déjà faut-il que The Son réussisse à trouver son public.


Pronostics pour le palmarès ?

On ne voit pas le film au palmarès. Sinon, éventuellement le prix Marcello Mastroianni pour Zen McGrath.


Contrepoints critiques

”Si The Son émeut tant c’est parce qu’il s’agit avant tout d’un grand film sur la maladie mentale. (…) Florian Zeller pose des questions essentielles tout en se permettant de grands moments de cinéma.”
(Benjamin Locoge –¨Paris Match)

“The Son is a beautifully composed and literate drama with impeccable performances, especially from Jackman”
(Peter Bradshaw – The Guardian)


Crédits photos : Tous droits réservés – Images fournies par La Biennale Cinema 2022 

REVIEW OVERVIEW
Note :
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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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