78ème Festival International du Film – Cannes (Alpes-Maritimes)
– du 13 au 24 mai 2025 –

Cannes 2025 annonceComme le veut la coutume, Iris Knobloch, présidente du festival, et Thierry Frémaux, le délégué général, ont dévoilé à la presse la plus grande part de la sélection officielle, un mois avant le début de la manifestation.

On savait déjà que l’actrice Juliette Binoche, qui a été révélée lors de l’édition 1984 dans le Rendez-vous d’André Téchiné, présidera le jury, dont la composition n’a pas encore été communiquée.
Les membres de ce jury auront toutefois beaucoup de difficultés à départager les candidats à la Palme d’Or, parmi lesquels des auteurs confirmés, habitués des grands festivals, et des outsiders qui espèrent bien se faire une place au soleil.
Dans le lot, on retrouve les frères Dardenne, qui font partie des cinéastes ayant remporté deux fois la prestigieuse récompense (pour Rosetta, en 1999, avec la regrettée Emilie Dequenne, puis pour L’Enfant en 2005) et ont été primés lors de la plupart des éditions auxquelles ils ont participé. Leur nouveau film, Jeunes mères, suit cinq adolescentes vivant dans une maison maternelle avec leurs enfants en espérant pouvoir bientôt accéder à une vie meilleure. On se doute qu’il s’agit d’un de ces drames sociaux dont ils ont le secret.
Julia Ducournau, Palme d’Or 2021 pour Titane, sera elle aussi de retour avec son nouveau film, Alpha, mettant en vedette Golshifteh Farahani et Tahar Rahim. On ne sait pas grand-chose du scénario, mais de la part de la cinéaste, on peut s’attendre à une oeuvre tout sauf consensuelle.
Les festivaliers – du moins, ceux qui aiment son univers singulier – apprécieront de découvrir le nouveau long-métrage de Wes Anderson, The Phoenician scheme, comédie mâtinée de thriller avec Benicio Del Toro et un casting fabuleux (Michael Cera, Tom Hanks, Scarlett Johansson, Bill Murray, Bryan Cranston, Riz Ahmed…).
Ils salueront sans doute également le retour en compétition de Dominik Moll avec son polar Dossier 137, que l’on espère aussi réussi que La Nuit du 12, présenté dans le cadre de Cannes Première il y a trois ans.
Autre fidèle du festival, Kleber Mendonça Filho proposera L’Agent Secret après avoir gagné le prix du jury pour Bacurau en 2019, alors que le bien meilleur Aquarius était reparti bredouille de la compétition 2016.
Les cinéphiles pourront également découvrir les nouveaux films de Tarik Saleh (Les Aigles de la République, avec Fares Fares et Lyna Khoudri), Joachim Trier (Sentimental value, dans lequel il redonne le rôle principal à Renate Reinsve après Julie en 12 chapitres), Kelly Reichardt (The Master Mind), Jafar Panahi (Un simple accident), Mario Martone (Fuori) ou Richard Linklater (Nouvelle Vague, sur la Nouvelle Vague Française).
Côté outsiders, on s’attend à être bousculés par l’atypique Ari Aster, qui présentera Eddington, un “western horrifique” (à confirmer) avec Joaquin Phoenix. On attend aussi beaucoup d’Oliver Hermanus, avec The History of sound, car on avait adoré son dernier film, Living. Mêmes attentes concernant la nouvelle réalisation de la pétillante Hafsia Herzi, La Petite dernière. On connait ses talents d’actrice (que le César de la meilleure actrice 2025 est venu saluer) mais aussi ses talents de cinéaste (découverts avec l’extraordinaire Bonne Mère), donc les attentes sont grandes.
Bien sûr, on guettera l’accueil réservé au nouveau film de Sergueï Loznitsa, Deux procureurs. Le cinéaste ukrainien continue de réaliser des films, alternant documentaire (L’Invasion, l’an dernier à Cannes) et de fiction.

Pour le reste de la compétition, c’est un peu l’inconnu. On attendait quelques grands noms dont les films ne sont probablement pas finalisés. A la place, les sélectionneurs jouent la carte de la fraicheur, avec des noms moins connus du grand public.
Chie Hichikawa n’est pourtant pas une inconnue des festivaliers. Plan 75 avait été remarqué dans la section Un Certain Regard en 2022. Renoir, qui a priori n’est ni un portrait du peintre, ni un film sur le cinéaste, marquera son entrée dans le grand bain cannois et constituera probablement une belle surprise.
Idem pour Oliver Laxe, dont les trois précédents films ont tous été primés sur la Croisette, soit dans les sections parallèles, soit à Un Certain Regard. Il tentera la passe de quatre avec Sirat, qui nous entraînera dans une odyssée saharienne sur les pas de Sergi Lopez.
Quant à Carla Simon, elle était jusque-là une habituée de la Berlinale et s’était fait connaître en remportant l’Ours d’Or 2022 (pour Nos Soleils). Son troisième film, Romeria sera en compétition à Cannes
En revanche, on avoue ne pas connaître Mascha Schilinski, jeune cinéaste allemande qui viendra présenter son second long-métrage, Sound of falling dans le Grand Théâtre Lumière.
Cela promet quelques belles surprises et des découvertes intéressantes, même si quelques postulants supplémentaires pourraient frapper à la porte au cours des prochains jours, en fonction des choix des sélectionneurs et de l’avancée du montage des films encore en post-production, et en plein rush.

Mais s’il y a plein de petits nouveaux en compétition, cela veut dire que certains grands noms doivent trouver leur place hors-compétition, en séance spéciale ou dans la désormais très attendue sélection Cannes Première.
Cédric Klapisch viendra montrer son quinzième long-métrage, La Venue de l’avenir, un film ambitieux, tourné entre deux époques, avec au casting Vincent Macaigne et Julia Piaton.
Spike Lee reviendra sur la Croisette pour défendre Highest 2 lowest, nouvelle adaptation du roman “Rançon sur un thème mineur” d’Ed McBain, déjà porté à l’écran par Akira Kurosawa (Entre le ciel et la terre).
Rebecca Zlotowski proposera, de son côté, Vie Privée, avec Jodie Foster, Virginie Efira et Daniel Auteuil. Joli casting, qui fait écho à La Femme la plus belle du monde de Thierry Klifa, qui associe Isabelle Huppert, Marina Foïs et Laurent Lafitte, par ailleurs maître de cérémonie à l’ouverture du festival.

En parlant d’ouverture, c’est Partir un jour d’Amélie Bonnin qui marquera le début des festivités, pour bien marquer l’idée d’un vent de fraîcheur et de renouveau sur la manifestation. Il s’agit d’un premier film, en lice, donc, pour la caméra d’Or, qui met en vedette Juliette Armanet et Bastien Bouillon.
Initialement, on pensait que cette lourde tâche, jamais très évidente, reviendrait à l’équipe de Mission:Impossible. Mais non, Ethan Hunt n’est pas disponible ce jour-là. Il le sera dès le lendemain pour en mettre plein la vue aux festivaliers avec Mission: Impossible – The Final Reckoning, dernier opus de la saga.

Du côté de Cannes Première, on retrouvera du beau monde : Fatih Akin (Amrum), Michael Angelo Covino (Splittsville), Kirill Serebrennikov (La Disparition de Josef Mengele), Raoul Peck (Orwell 2+2=5), Sebastian Lelio (La Ola) et Alex Lutz (Connemara).
Ca ne vous suffit pas? Alors en séance spéciale, vous pourrez voir/écouter Stories of surrender de Bono (oui, celui de U2), découvrir avec l’accent le nouveau Sylvain Chomet Marcel et Monsieur Pagnol, ou dire je t’aime à Dites lui que je l’aime de Romane Bohringer.
En séance de minuit, Yann Gozlan apportera sa contribution sur les dangers de l’IA avec Dalloway, dans lequel Cécile de France incarne une romancière en panne d’inspiration qui finit par recourir à une IA ayant la voix de Mylène Farmer et un comportement de plus en plus intrusif…
Juno Mak présentera de son côté un thriller de gangsters, Sons of the neon night, histoire de donner aux festivaliers un petit coup de fouet avant les soirées sur les plages de la Croisette.
Pas sûr que Exit 8 de Genki Kawamura puisse les maintenir éveillés, en revanche… Il s’agit apparemment de l’adaptation d’un jeu vidéo dans lequel un personnage est bloqué dans un labyrinthe constitué de couloirs de métro déserts et doit trouver la sortie. Si on a bien compris, il ne se passe pas grand-chose dans le jeu en question, si ce n’est une errance dans des lieux inquiétants parce que vides. Ca promet sûrement de longs plans-séquences façon Shining. Avec ou sans jumelles flippantes et flots d’hémoglobine?

Pour finir, un mot sur la section Un Certain Regard, qui est souvent source de belles découvertes venues du monde entier. Des jeunes pousses prometteuses y côtoient des cinéastes confirmés.
Huit premiers films seront projetés, dont deux longs-métrages feront sans doute salle comble en quelques minutes. Le premier, Urchin, est signé par l’acteur Harris Dickinson (Sans filtre, Babygirl et bientôt dans les films sur les Beatles de Sam Mendes). Le second, Eleanor the great est signé par Scarlett Johansson et promet de nous emballer avec les pérégrinations d’une dame de 90 ans.
La section offrira aussi les nouveaux films de Stéphane Demoustier (L’Inconnu de la Grande Arche), Hubert Charuel (Météors), Neeraj Ghaywan (Homebound), Kei Ichikawa (A pale view of hills), Erige Sehiri (Promis le ciel) ou encore d’Arab et Tarzan Nasser (Once upon a time in Gazza). Tous se sont fait remarquer dans différents festivals auparavant, à Cannes, Venice ou ailleurs et leurs nouvelles réalisations sont forcément attendues.

Bref, autant dire que les cinéphiles du monde entier vont une fois de plus se régaler avec cette édition 2025 du Festival de Cannes, en attendant les ajouts qui ne feront que renforcer les attentes et les annonces des sections parallèles, La Quinzaine des Cinéastes et La Semaine de la Critique.

Plus d’informations : Festival de Cannes

LA SELECTION :

Film d’Ouverture, hors compétition :

PARTIR UN JOUR d’Amélie BONNIN

Compétition Officielle :

THE PHOENICIAN SCHEME de Wes ANDERSON
EDDINGTON d’Ari ASTER
JEUNES MÈRES de Jean-Pierre et Luc DARDENNE
ALPHA de Julia DUCOURNAU
RENOIR de HAYAKAWA Chie
THE HISTORY OF SOUND d’Oliver HERMANUS
LA PETITE DERNIÈRE de Hafsia HERZI
SIRAT d’Oliver LAXE
NOUVELLE VAGUE de Richard LINKLATER
DEUX PROCUREURS de Sergei LOZNITSA
FUORI de Mario MARTONE
AGENTE SECRETO de Kleber MENDONÇA FILHO
DOSSIER 137 de Dominik MOLL
UN SIMPLE ACCIDENT de Jafar PANAHI
THE MASTERMIND de Kelly REICHARDT
LES AIGLES DE LA REPUBLIQUE de Tarik SALEH
SOUND OF FALLING de Mascha SCHILINSKI
ROMERÍA de Carla SIMON
SENTIMENTAL VALUE de Joachim TRIER

Un Certain Regard :

LA MISTERIOSA MIRADA DEL FLAMENCO de Diego CÉSPEDES (1er film)
MÉTÉORS de Hubert CHARUEL
MY FATHER’S SHADOW d’Akinola DAVIES JR (1er film)
L’INCONNU DE LA GRANDE ARCHE de Stéphane DEMOUSTIER
URCHIN de Harris DICKINSON (1er film)
HOMEBOUND de Neeraj GHAYWAN
A PALE VIEW OF HILLS d’ISHIKAWA Kei
ELEANOR THE GREAT de Scarlett JOHANSSON (1er film)
KARAVAN de Zuzana KIRCHNEROVA (1er film)
PILLION de Harry LIGHTON (1er film)
AISHA CAN’T FLY AWAY de Morad MOSTAFA (1er film)
ONCE UPON A TIME IN GAZA d’Arab et Tarzan NASSER
THE PLAGUE de Charlie POLINGER (1er film)
PROMIS LE CIEL d’Erige SEHIRI
LE CITTÀ DI PIANURA de Francesco SOSSAI
TESTA O CROCE? de Matteo ZOPPIS et Alessio RIGO DE RIGHI

Hors Compétition :

LA VENUE DE L’AVENIR de Cédric KLAPISCH
LA FEMME LA PLUS RICHE DU MONDE de Thierry KLIFA
HIGHEST 2 LOWEST  de Spike LEE
MISSION: IMPOSSIBLE – THE FINAL RECKONING de Christopher MCQUARRIE
VIE PRIVÉE de Rebecca ZLOTOWSKI

Séances de Minuit :

DALLOWAY de Yann GOZLAN
EXIT 8 de KAWAMURA Genki
FENG LIN HUO SHAN (SONS OF THE NEON NIGHT) de MAK Juno

Cannes Première :

AMRUM de Fatih AKIN
SPLITSVILLE de Michael Angelo COVINO
LA OLA (LA VAGUE) de Sebastian LELIO
CONNEMARA d’Alex LUTZ
ORWELL : 2+2=5 de Raoul PECK
DAS VERSCHWINDEN DES JOSEF MENGELE (LA DISPARITION DE JOSEF MENGELE) de Kirill SEREBRENNIKOV

Séances Spéciales :

STORIES OF SURRENDER de BONO
DITES-LUI QUE JE L’AIME de Romane BOHRINGER
MARCEL ET MONSIEUR PAGNOL de Sylvain CHOMET

Crédits photos :
Palme d’Or – copyright L.Haegeli © FDC
Les films de la Sélection officielle 2025 © FDC

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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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