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Si vous rêvez de séduire un jour la sublime Clara Morgane, ne croyez pas arriver à vos fins en jouant les machos en rut ou en singeant les playboys de films X ou de séries Z.
Non, non, non, ne voyez-vous pas, pauvres presbytes, que la belle ne sera pas envoûtée par vos gross…
Ouh, il fait chaud, non?…
que la belle ne sera pas envoûtée par vos grossières manières…
Loin de n’être que l’objet de fantasme façonné par sa courte carrière dans le cinéma érotique, Clara Morgane est une femme raffinée, qui aime qu’on lui titille les…
Il fait vraiment chaud…
Qui aime qu’on lui titille les neurones et qui aime les activités cul…
C’est torride là-dedans…
Qui aime les activités culturelles.

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Pour lui plaire, il faudra user de votre langue…
Il y a combien de degrés, là? On se croirait en enfer…
Il faudra user de votre langue française, caresser les mots, vous lancer dans des liaisons dangereuses, toucher à des con…
Ouvrez les fenêtres !
toucher à des contrepèteries et vous glisser dans des allitérations du plus bel effet.
Il faut la faire vibrer en lui suss… en lui susurrant des textes de grands auteurs, tels que Guy de Maupassant (“L’affinité des chairs”), Alfred de Musset (“La branleuse”), Paul Verlaine (“Monte sur moi”), en lui déclamant la prose rose de La Fontaine (“ La jouissance et les désirs / Sont ce que l’âme a de plus rare./D’un vit, d’un con et de deux cœurs /Naît un accord plein de douceurs”(1)), de Victor Hugo (“Son con est sans secret, sa vulve est sans mystère, mais j’ai pris cette nuit en un moment son cul. Elle était endormie, aussi j’ai dû me taire, Celle à qui je l’ai fait n’en a jamais rien su”(2))

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Si vous n’êtes pas très fort en lit… en littérature, ne vous inquiétez pas. La belle Clara aime aussi la chanson populaire. Dans l’espoir de lui peigner le barbu, invoquez les mânes de quatre moustachus, les Frères Jacques, et chantez-lui donc “La Digue du cul”, “Les Fesses” ou “Tape ta pine”.
Vantez-lui les mérites de la vie à Bouffémont (tsoin-tsoin) ou les plaisirs du fumeur baladeur au bois de Boulogne…
Et rêvez de lui caresser le castor en lui chantant du Colette Renard :
”J’me fais frotter la péninsule
  J’me fais béliner le joyau
  J’me fais remplir le vestibule
  J’me fais ramoner l’abricot…”
(3)

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Quoi?!? Vous ne connaissez pas non plus ces chansons paillardes, fleurons de notre patrimoine musical?
Alors pas d’hésitation, allez donc, à la nuit tombée, faire un tour au “Cabaret Canaille” concocté par Nicolas Briançon et animé par l’accorte Clara et ses complices, Muratt Atik, Pierre-Alain Leleu, Michel Dussarat, et Antoine-Marie Millet.
Un peu plus d’une heure de récitations de textes coquins, de chants grivois, de poses sexy et de folles embardées burlesques.
Certes, la voix de Clara Morgane manque parfois de puissance, n’en déplaise à ses jolis poumons, mais elle reste assez mélodieuse. Et la chanteuse se sort mieux de ces textes, pourtant assez difficiles à déclamer ou à fredonner, que du “Comme un boomerang” de Gainsbourg.
Et puis, mince, quand même, le plaisir des yeux compense aisément celui des oreilles, surtout lorsqu’elle susurre son texte, entre deux râles de plaisir, en se prodiguant de langoureuses caresses. Pfiuuu… Ca sent le chaud, non?

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Attention, tout cela reste relativement soft, même si l’accès à la salle est interdite aux mineurs. Le Théâtre de la Pépinière n’est pas un vulgaire peep show, et Miss Morgane n’est pas une catin exhibitionniste. Elle se sait désirable et en joue, allumant gentiment le public de ses croisements de jambes experts et de ses déhanchés provocants, mais toujours en prenant bien garde à ne rien montrer de trop intime.
Juste de quoi vous faire tourner la tête…

Cela dit, désolé de briser vos rêves érotiques les plus fous, mais il est quand même fort peu probable que vous réussissiez à conquérir le coeur de la belle avec votre ver… votre verbe, ou avec votre organe… votre organe vocal, et encore moins avec une attitude de macho conquérant, au risque de vous faire transpercer le pied d’un coup de talon aiguille, aussi redoutable qu’un dard acéré.   
De toute façon, on a envie de la garder rien que pour nous, à la rédaction, où on est tous morgane de Clara.
Ah, douce Clara, venez donc faire un tour chez nous. Venez nous chambouler les sens. Venez transformer nos angles de vue en angles de vice. Venez caresser notre gros chat (Scaramouche, viens là, minet…). Rhââ lovely…

Obsédés, nous? Oui, on l’avoue. Sexuels autant que textuels, ce qui nous pousse évidemment à vous recommander ce sympathique “Cabaret canaille”…

”Cabaret Canaille”
Théâtre de la Pépinière
7, rue Louis Le Grand
75002 Paris
Les jeudis et vendredi à 23h 

Cabaret canaille

(1) : “Aimons” de Jean de La Fontaine 
(2) : “Sonnet d’arvers… à revers” de Victor Hugo
(3) :  “Les Nuits d’une demoiselle” de Colette Renard

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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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