Top! Cinéaste américain né en 1966, j’ai rendu hommage au survival horrifique et au film de zombies en signant le sympathique remake du Zombie de Romero, L’Armée des morts. Puis j’ai affirmé un goût prononcé pour le travail sur l’image en adaptant les oeuvres de deux auteurs majeurs de la BD américaine : Franck Miller, avec le bodybuildé et testostéroné 300, et Alan Moore, avec la courageuse adaptation de Watchmen. Deux films à l’esthétique très travaillée, proche du matériau original. Enfin, je me suis essayé à la fois à l’animation et au relief avec le premier (et dernier?) volet du Royaume de Ga’Hoole, adaptation d’une série de romans pour adolescents. Je suis… Je suis…
Zack Snyder…

Au vu de son âge et de son éclectique filmographie, on se doutait bien que Zack Snyder était un geek pur et dur, un fan de BD et de manga, d’héroic-fantasy, de SF et d’horreur, un amateur de jeux vidéo et de bonnes vieilles séries B découvertes en VHS ou en DVD, bref, tout ce qui appartient à la “contre-culture”. Il le prouve encore plus avec Sucker Punch, son premier scénario original, dans lequel il balance, en vrac, toutes ses influences, littéraires, cinématographiques et musicales, et remixe tous les univers qui l’ont fait rêver, en poussant encore plus loin ses bidouillages sur l’image, le son et le montage.

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Allons droit au but. Les détracteurs du jeune cinéaste, qui lui reprochent essentiellement son style plein d’esbroufe, son approche “clipesque” du montage et sa mise en scène privilégiant la forme au fond, peuvent s’abstenir de voir ce film. Ils vont le détester…
L’introduction donne le ton. Elle présente le personnage principal, “Baby Doll” (Emily Browning) et le drame familial qui l’a conduite dans un sinistre asile psychiatrique pour jeunes femmes, attendant de subir une lobotomie : sa mère décède, laissant Baby Doll et sa petite soeur seules avec leur salaud de beau-père. Celui-ci, furieux de n’avoir rien touché de l’héritage, s’attaque aux deux filles. Il tue la plus jeune et colle le meurtre sur le dos de l’aînée.
Il corrompt Blue (Oscar Isaac), un employé de l’hôpital psychiatrique voisin pour appuyer l’enfermement de la jeune fille et produire un faux document ordonnant la lobotomie de la patiente.Ainsi, il pourra tranquillement toucher la fortune de son ex-épouse sans craindre que la vérité n’éclate…
Toute cette partie est expédiée en moins de dix minutes, quasiment sans dialogues, mais avec pour fond musical le remix de “Sweet Dreams” d’Eurythmics (1), et mis en scène avec force ralentis et effets de montage, un peu comme la scène de la mort du Comédien dans Watchmen. Du pain béni pour les fans, du grain à moudre pour les détracteurs…

Et ce n’est que le début, car la suite du métrage est complètement folle.
A ce point, on s’attend à voir un hommage aux films carcéraux et au sous-genre que constituent les “women in prison”.
Raté… Alors qu’un plan nous montre l’héroïne en mauvaise posture, sur le point de recevoir le coup de poinçon fatidique qui pourrait la transformer en légume, hop, on passe dans une autre réalité, un fantasme créé par Baby Doll pour rendre son séjour à l’asile un peu moins sordide et déprimant (enfin, tout est relatif…)

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L’asile psychiatrique des années 1960 devient un cabaret clandestin des années folles, tenu par l’infâme parrain de la mafia, Blue Jones. Celui-ci accueille généreusement des orphelines pour les transformer en “danseuses” et plus si affinités avec les “spectateurs” – des notables ayant envie de s’encanailler. Blue annonce que la virginité de Baby Doll doit prochainement être vendue au High Roller (allégorie du chirurgien chargé de la lobotomie), et qu’elle doit comme les autres filles participer aux corvées, en cuisine ou ailleurs, et assister aux répétitions de Madame Gorski, la professeure de danse (Carla Gugino). On s’attend alors à voir une sorte de comédie musicale façon Moulin Rouge, avec numéros dansés sur fond de tubes contemporains (ici, “Army of me” de Björk ou “Where is my mind?” des Pixies, en version remixée). Encore raté !
On ne verra rien des numéros exécutés par Emily Browning. (2)

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Dès qu’elle se met à danser, hop, elle est encore projetée dans une autre dimension, un fantasme dans le fantasme, où elle se transforme en super-guerrière et est capable d’exploits physiques impressionnants. Dans ce niveau de réalité, elle est guidé par un vieux sage (Scott Glenn), qui lui donne des missions à accomplir. Chaque mission correspond, dans la réalité (ou du moins dans la réalité altérée) à la quête d’un objet précis, qui pourrait l’aider à s’évader physiquement du cabaret/hôpital : un plan des lieux, un briquet, un couteau, une clé…
Mais pour cela, Baby Doll a besoin d’aide. Elle s’associe à quatre autres pensionnaires, elles-aussi désireuses de s’évader : les deux soeurs Sweet Pea (Abbie Cornish) et Rocket (Jena Malone), Amber (Jamie Chung) et la frêle Blondie (Vanessa Hudgens).

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Dans le niveau de réalité numéro 1, le plan est simple : quand Baby Doll danse, tout le monde n’a d’yeux que pour elle. Alors, pendant ce moment de distraction, ses complices peuvent dérober les précieux objets.
Mais dans le niveau de réalité numéro 2, c’est une autre affaire… Les cinq filles doivent combattre des hordes de créatures de plus en plus dangereuses et variées.

Là, Snyder se lâche complètement, laisse libre cours à ses fantasmes de geek pur et dur. Dans un temple asiatique isolé, Baby Doll combat, un sabre dans une main et un gun dans l’autre, des samouraïs titanesques. Puis elle et ses copines se retrouvent dans les tranchées, affrontant des soldats-zombies (!) à la botte de généraux nazis (!) avec l’aide d’un Mechwarrior (!). Elles combattent des orcs et des dragons tout droit issus du Seigneur des anneaux (!) dans un château médiéval ou des droïdes flingueurs(!) dans un univers futuriste… Rien que ça…

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le cinéaste s’est fait plaisir en casant dans son long-métrage tout ce qu’il aime en tant que spectateur. C’est un peu la démarche utilisée par Quentin Tarantino dans ses films. Mais le cinéaste de Kill Bill est nettement plus subtil et raisonnable que Zack Snyder. S’il avait réalisé ce film, QT se serait probablement cantonné à des clins d’oeil aux séries B des années 1970, aux bobines de sexploitation type Women in cages mais il n’aurait certainement pas osé ce grand mélange de genres.
Snyder, lui, ose et assume totalement ce qui constitue à la fois la force et la faiblesse de son film.

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Il serait hypocrite d’affirmer qu’on ne prend pas son pied à voir ces cinq filles ultra-sexy (3) exterminer du monstre à coups de sabre, de mitrailleuse ou même à mains nues. Ou bien à guetter les apparitions de Scott Glenn et ses “encore une dernière chose…”. C’est du grand n’importe quoi, d’accord, mais du grand n’importe quoi jouissif. Et comme Snyder soigne globalement son emballage esthétique, le spectacle est appréciable.
Le problème, c’est qu’il essaie de caser beaucoup trop de choses, trop de références différentes, dans ces scènes d’action. Et qu’il enchaîne ses séquences comme autant de morceaux de bravoure indépendants les uns des autres.
Passée la première transition d’un monde à l’autre, l’effet de surprise ne joue plus et l’intérêt faiblit de scène en scène, d’autant que Snyder n’essaie pas, étrangement, d’utiliser ces séquences comme des moteurs dramatiques, contrairement à Inception, par exemple, ni pour appuyer symboliquement l’avancée de son intrigue principale, qui reste la tentative d’évasion des filles.

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Il aurait pu jouer un peu plus sur les symboles oniriques et psychanalytiques, accentuer d’un niveau à l’autre  la déformation des faits réels – sordides, scandaleux – vécus par l’héroïne. Oh, il le fait un peu, bien sûr, en jouant notamment sur la symbolique des objets recherchés ou par l’intermédiaire des musiques choisies : “Sweet dreams” (“doux rêves”, en français), “where is my mind?” (“ou est mon esprit?”), “Tomorow never knows”, titre psychédélique des Beatles, ou “White rabbit” d’Emilia Torrini.
Cette dernière chanson évoque évidemment “Alice au pays des merveilles” qui est aussi un récit initiatique et identitaire fort, à l’ambiance onirique/psychanalytique marquée, dans lequel une jeune fille troublée affronte les épreuves en les recréant en rêve.
Or c’est bien cela qui est le plus intéressant dans Sucker Punch : la vision déformée d’un véritable calvaire, la fugue mentale d’une jeune femme en grande détresse psychologique.

D’ailleurs, Snyder en a bien conscience. Car en toute fin de parcours – mieux vaut tard que jamais –  il parvient à donner une autre dimension à son récit en laissant au spectateur une certaine liberté d’interprétation.
Qui est la véritable héroïne du film? Baby Doll? Sweet Pea? Ou bien ne sont-elles, et les autres filles, que les projections mentales d’une seule et même personne? La fin, destination Paradise, signifie-t-elle le succès de l’opération ou bien la mort? Nous avons bien sûr nos propres théories, que nous vous proposons de développer dans la partie “commentaires” de cet article, à ne lire bien sûr, qu’une fois que vous aurez vu le film…

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Disons simplement, que Sucker Punch peut être vu comme le Mulholland drive ou le Brazil de Zack Snyder, en plus brouillon et en moins génial, bien sûr. Et que, malgré de nombreux défauts – rythme inégal, dialogues assez plat, jeu d’acteur parfois défaillant car écrasé par la lourdeur du dispositif, mise en scène abusant d’effets indigestes… – ce cinquième long-métrage en forme de gros bordel organisé ne manque ni de charme ni d’intérêt.

Bien sûr, le film va diviser. Il est difficile de marier film de genre ultra-référencé et puzzle complexe et tortueux sans s’attirer les foudres d’un groupe ou l’autre de spectateurs. Il y a ceux qui ne vont rien comprendre et ceux qui ne vont même pas essayer de creuser un peu, ceux qui vont baver devant les exploits de ces superwomen et ceux qui vont trouver fatigants ce bruit et cette fureur…
Snyder s’en moque éperdument. Il a réalisé le film qu’il voulait faire, même s’il a été contraint de se limiter au niveau de la violence et des sous-entendus sexuels (4) : une oeuvre sombre, plus complexe qu’elle n’en a l’air, et dont l’abondance de références et d’action peut-être vue comme le bouquet final de son “enfance cinématographique” avant de passer à des films plus adultes…
Une oeuvre qui envoie de surcroît un démenti cinglant à tous ceux qui le qualifiaient de macho, après 300 et Watchmen, puisqu’elle offre les premiers rôles de scènes d’action bien bourrines à un quintette d’actrices on ne peut moins masculines…

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Reste à voir si Snyder saura affiner son style, le débarrasser de ses inutiles fioritures, pour réussir enfin une oeuvre totalement aboutie et mature. Le projet Superman : man of steel n’est pas forcément l’idéal pour ce changement de cap, mais qui sait ? Avec la tutelle de Christopher Nolan, coproducteur et coscénariste du film, on veut s’attendre à une relecture digne de Batman : The Dark knight. A suivre, donc…

(1) : L’asile psychiatrique s’appelle le “Lennox asylum”, en hommage à Annie Lennox, chanteuse de Eurythmics. Dans le clip de cette chanson, à l’époque, on visualisait les rêves de l’interprète via un petit point rouge dessiné sur son crâne, pile à l’endroit où le médecin cherche à pratiquer la lobotomie, au poinçon…
(2) : Les numéros ont été filmés, mais retirés du montage final, pour ne pas alourdir la durée du film. Ils seront en bonus de la version director’s cut en DVD.
(3) : Personnellement, j’avoue un petit faible pour la délicieuse Abbie Cornish… Rhaaa lovely…
(4) : certaines scènes seront aussi sur le DVD.

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Sucker Punch Sucker Punch
Sucker Punch

Réalisateur : Zack Snyder
Avec : Emily Browning, Abbie Cornish, Jena Malone, Jamie Chung, Vanessa Hudgens, Scott Glenn
Origine : Etats-Unis
Genre : dreams are my reality
Durée : 1h49
Date de sortie France : 30/03/2011
Note pour ce film : ●●●●

contrepoint critique chez :  Le Nouvel Observateur

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4 COMMENTS

  1. En fait, il semble que Zack Snyder ait voulu laisser au spectateur la liberté de voir le film comme il l’entend. C’est le sens de la tirade finale. C’est le spectateur qui a le dernier mot dans ce film, qui décide qui vit et qui meurt, qui choisit ce qu’il considère comme réel ou non.
    A partir de là plusieurs explications sont possibles et se tiennent à peu près, en fonction de ce que l’on choisit de considérer comme réel ou non :

    1) on peut voir le film de façon linéaire et au premier degré. Baby Doll est réelle, les autres filles aussi. Elle est internée contre son gré par son beau-père et plutôt que d’attendre sagement sa lobotomie, elle met au point un plan pour s’évader, tout en s’imaginant dans une sorte d’univers parallèle pour supporter son quotidien sordide. Elle réussit presque son coup, mais se retrouve bloquée avec Sweet Pea à la dernière étape. Elle se sacrifie pour aider son amie à s’échapper, soit en tant qu’acte rédempteur, pour se pardonner d’avoir contribué à la mort de sa sœur, soit parce qu’elle sait que si elle sort, elle ira encore plus loin dans sa spirale de vengeance et de mort… Elle se fait lobotomiser, mais réussit à faire condamner son beau-père et l’infirmier véreux. Sweet Pea s’en sort… Evidemment, ça se tient puisque c’est ce qu’on voit à l’écran,

    2) Deuxième option, plus psychanalytique : Baby Doll est l’héroïne et est réelle. Les autres filles sont irréelles. Elle est internée contre son gré par son salaud de beau-père et au moment de se faire lobotomiser, s’invente tout un scénario où elle réussit à sauver une de ses amies imaginaires – et son quasi double – s’évadant ainsi par la pensée d’un destin tragique.
    Variante : elle meurt lors de l’assaut de son beau-père (une explosion liée à la fuite de gaz que l’on aperçoit en insert) et s’imagine toute cette histoire compliquée où elle parvient à accepter une mort plus douce, via le personnage-factice de Sweet Pea.

    3) Encore plus séduisante et plus tordue (mais valide et solide), la théorie qui pose que Baby Doll n’existe pas. Pas plus que les autres filles, à l’exception de Sweet Pea – qui a par ailleurs les mêmes initiales que le titre S.P. – Au début du film, on voit une fille assise sur une chaise, sur une scène de théâtre. Puis commence l’histoire de Baby Doll. Quand celle-ci arrive à l’hôpital, Sweet Pea est assise sur une chaise, sur la scène d’un théâtre, en pleine séance thérapeutique avec le Docteur Gorski.
    On peut très bien imaginer qu’elle s’est repliée dans la folie suite à un drame personnel, où elle a causé la mort de sa jeune sœur – un incident qui est suggéré de différentes façons dans le film, via l’histoire de Baby Doll, et via la relation entre Sweet Pea et sa « sœur » fictive Rocket.
    Au cours de cette thérapie, elle s’imagine un double inversé, un personnage-miroir, Baby Doll. La jeune femme est plus audacieuse qu’elle, plus athlétique, plus « masculine » (tout est relatif…). Sweet Pea, elle, ne veut pas s’enfuir. En termes plus psychanalytiques, elle reste repliée sur elle-même.
    La thérapie fonctionne. Baby Doll réussit à convaincre Sweet Pea, et ses doubles factices Amber, Blondie, Rocket, (une « Army of me » (armée de moi) comme dans la chanson de Björk) de passer à l’action. La patiente se libère ainsi de ses peurs, affronte ses démons. D’abord l’élément fondateur, la mort de sa propre sœur, via celle de Rocket.
    A noter que dans son illusion, c’est Rocket qui a entraîné Sweet Pea hors du giron familial et les a menées droit à l’asile/maison close. La patiente se protège de la réalité en postulant que sa sœur est encore en vie et que c’est elle qui porte la responsabilité de leur situation délicate.
    La mort de la petite sœur virtuelle est un premier pas vers la guérison.
    S’ensuit la disparition des autres figures factices : Blondie, symbole de timidité, de fragilité et de peur, disparaît. L’angoisse d’être guérie et de sortir de l’aile disparaît avec elle.
    Amber était la fille qui sortait tout le monde des mauvais pas lors des missions guerrières fantasmées. C’est elle qui a débarqué avec le mecha pour sauver la mise à Baby Doll et les autres lors du combat contre les nazis/zombies. Quand elle disparaît, il ne reste plus que Baby Doll et Sweet Pea. Pas le choix, les deux filles sont livrées à elles-mêmes, ne peuvent compter que sur elles-mêmes pour se sortir de là.
    Enfin, Baby Doll disparaît pour laisser Sweet Pea remonter à la surface. Elle lui dit, « depuis le début, ça a toujours été ton rêve… »
    Le problème, c’est que si Sweet Pea a peu à peu retrouvé sa vraie nature, toute sa guérison s’est faite dans la violence. Puisqu’elle est toute seule, c’est elle qui a agressé le gardien, qui a mis le feu, qui a tenté de s’échapper… Du coup, les médecins ont décidé qu’il n’y avait pas d’autre option que la lobotomie. Elle revient à la surface juste au moment où le chirurgien donne le coup de poinçon fatidique, notant juste que la jeune femme avait le regard de quelqu’un de sain d’esprit…
    La suite est la prolongation du fantasme. Liberée, Sweet Pea atteint une forme de Paradis, laissant à son double-fantôme, Baby Doll, la place de martyr.

    Bien d’autres variantes sont possibles à partir de cette trame. On peut par exemple considérer que l’infirmier est un violeur qui abuse des patientes dans les toilettes des hommes.
    Sweet Pea s’imagine son double pour échapper mentalement à cette situation humiliante et insoutenable et pour se venger du salaud. Blessé et conscient du risque qu’il encourt, il la fait lobotomiser… Tout le reste de la théorie psychanalytique reste valable…
    De toute façon, à notre avis, il convient de considérer Sweet Pea et Baby Doll comme deux facettes de la même personnalité : elles ont toutes deux un surnom composé, utilisent des armes similaires (sabre et épée), ont un rapport complexé à la mort de la sœur, elles sont toutes deux d’excellentes danseuses et sont jouées par des actrices d’origine australienne…

    A partir du moment où on ne sait jamais ce qui est réel ou non, toutes les hypothèses peuvent coller. En tout cas, le film semble clairement à vivre comme un pur fantasme – celui du cinéaste, en premier lieu – ou le délire d’un esprit malade – schizophrène ou personnalité troublée, en fugue psychogénique… Finalement, le but du cinéma de Snyder est de traiter de choses graves, douloureuses, inacceptables – l’internement forcé, le viol, la maltraitance vis-à-vis des femmes – tout en proposant au spectateur de s’évader par le divertissement – toutes les séquences « musicales » ou les scènes d’action…

    Il y aurait probablement beaucoup à décortiquer dans le film de Zack Snyder, moins basique et bourrin qu’il n’y paraît. On pourrait s’interroger sur les noms des personnages, hautement improbables.
    Pourquoi Baby Doll ? Pour le côté femme-enfant ? pour référence à Kazan et Tennessee Williams ? pour le côté « poupée », au sens de marionnette ?).
    Pourquoi Sweet Pea? Pour le pois de senteur ? Le côté fleur fragile ? Ou le lathyrisme, la paralysie neurologique provoquée par l’ingestion de cette plante ?
    Pourquoi Rocket ? Pour la plante ou pour le missile ?
    Pourquoi Amber ? Pour l’ambre, fossilisation d’une résine végétale, capable d’emprisonner des êtres ?
    Pourquoi Blondie ? Une référence au groupe de pop-rock ? Au personnage sans nom dans Le Bon la brute et le truand ? Au comics book éponyme ? A la blondeur des deux héroïnes principales ?

    On pourrait aussi s’interroger sur les symboles récurrents : le lapin (empaillé au début du film, puis sous forme de mecha dans la scène de bataille, puis dans la chanson d’Emilia Torrini), le feu (du revolver, du briquet, du dragon…), les miroirs, etc…

    Bref, il y a de quoi se creuser les méninges, mais cela suppose de voir plusieurs fois le film. Faute de temps pour cela, ma participation se bornera, pour le moment, à ces quelques pistes, énoncées après une unique vision du film.
    Si certains souhaitent compléter ces théories, les étayer ou les infirmer, ils sont les bienvenus…

  2. La première théorie est toute fois remise en cause au début du film: sur l’écriteau de pierre devant l’entrée de l’asile (oui, je suis sûre que c’est un asile et non une maison close) il est écrit « Lennox House for the mentally insane (en français: Maison Lennox pour les malades mentaux) ». Lorsque Baby Doll est sortie de la voiture et entrainée à dans le batiment, la caméra insiste bien sur l’écriteau (et ce n’est surment pas pour le nom de l’asile, puisque qu’on nous l’a déjà indiqué sur le portail, quelque seconde avant). C’est donc bien un asile, ce qui rends toute la partie « maison close/cabaret » fausse. Mais attention! Cela ne fausse pas la partie thérapie mais la relègue à une thérapie beaucoup plus sinistre puisque c’est en faites des séances semblables à ce qui ce passe quand Baby Doll et son beau père « visite » l’asile et se retrouve dans la même pièce que les filles et Madame Gorski.

    Autre détaille interressent: Les 5 première minutes du film influance grandement les « voyages ». J’explique:
    Le 1er Voyage: On y voit un décor faisant penser à la seconde guerre mondial avec des tranchées, une cathédrale en ruine et un paysage sombre, quasiment monocrome. Mais il peu aussi, au delà du no man’s land, rappeler le cimetière ou est enterré la mère de Baby Doll (je rapelle que ce que j’écrit se base sur la première option de Boustoune) Les tranchées rappelle le trou pour le cerceil et, pour allé plus loin, un enterment c’est plutôt triste et cette guerre n’avait rien de joyeux.

    Le 2ème Voyage nous plongeons dans un décor plus « Seigneur des anneaux » et Baby Doll, Rocket et Sweet Pea entre dans la forteresse en se jettant dans vide comme le fait Baby Doll pour sortir de sa chambre en glissant le long de la goutière aprés être sortie par la fenètre lorsque son beau père veux s’en prendre à sa soeur. Autre resemblance entre les deux passages du film: Baby Doll sort de sa chanbre pour aller chercher un arme à feu et elle va, lors du voyage, chercher de quoi faire du feu.

    3ème et dernier voyage, première resemblance frapante qui m’a permit de faire le lien entre les scènes: Au début, la petite soeur meurt et dans le train, Rocket meurt (je rapelle que c’est la soeur de Sweet Pea). Encore deux resemblances, la tête du robot explose de la même façon que l’ampoule et le propulseur de Rocket fuit comme le tuyau.

    Et aussi, le premier « rêve » de Baby Doll (avec les samourails) se rappelle le papier pain de la chambre de la petit soeur au début.

    Voilà, c’est tout (c’est déjà pas mal et je félicite ceux qui ont tout lu). Pardon pour les fautes d’orthographe (Vous pouvez vous amuser à la compter si ça vous amuse).

  3. Merci pour votre commentaire et bravo pour l’observation des détails de la scène introductive et leurs correspondances dans le film.
    Il y en a quelques-uns qui m’avaient échappé, j’avoue…

    En revanche, je précise que, dans aucune des théories que j’ai énoncées, je n’ai supposé comme réelle la partie « maison close ». Il s’agit bien d’un fantasme, une façon d’atténuer une réalité sordide.
    Le film se déroule bien entre les murs d’un asile psychiatrique. Il n’y a aucun doute sur cela.
    Après, tout dépend de qui on choisit comme héroïne « réelle » : Baby Doll, Sweet Pea ou les deux…

    Quant aux fautes d’orthographe, je ne vais pas les compter…
    Mais j’aime bien l’idée des « samourails » qui évoque autant les samouraïs que le train de la dernière partie 🙂

  4. Je viens de le regarder pour la premiere fois. J’en reste un peu bloqué … C’est d’ailleurs ce qui m’a emmené ici … La soif d’analyse … Psychiatrique ?!? Peut etre :p Néanmoins merci à vous deux pour vos éclaircissements. Je compte me le regarder de nouveau dans les jours qui viennent en posant un regard plus « décripteur » sur le petit bijou qu’est ce film.

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