Brésil, 1937.
Au début, il y a Oswald, irascible patriarche de la famille Wallace, et irascible patron des mines du même nom. Oswald est autoritaire, colérique, despotique, tyrannique, opportuniste, raciste, et bien d’autres qualités en faisant un charmant homme ! Il y a aussi Ramires et Severino, ces deux fils, et si seul un an les sépare d’un point de vue biologique, un fossé les sépare quant à leur personnalité ! Alors que Severino est un gamin studieux, mais timide, introverti et moqué par ses camarades, Ramires, lui, est un sale gosse arrogant, grande gueule et toujours partant pour un sale coup. Il y a aussi Maria-Augusta, sa femme, très effacée pour ne pas dire écrasée par cet étouffant mari, et il y a leurs filles, qui, à l’inverse, elles, affichent un caractère bien trempé.
Face à eux, il y a la famille Rebendoleng, prolétariens qui ne possèdent pas grand-chose, mais pourtant prêts à tout pour défendre leurs couleurs… la mère, pour le noir de sa peau, le père, pour le rouge de ses idées. Et puis il y a leurs enfants, qui, au-delà de ce qui oppose leurs familles et au grand désespoir de leurs parents, se rapprocheront des garçons Wallace…
Après ce qui peut alors paraître comme des présentations, nous les retrouvons quelques années plus tard, en 1944, puis en 1954, et ainsi de suite jusqu’en 2003 ; et ainsi, avons tout le loisir de les voir grandir, vieillir, mourir… évoluer… pour le meilleur comme pour le pire !
Mais au-delà de l’histoire de ces nombreux personnages, c’est l’Histoire de tout un pays qui se déroule en toile de fond, leurs destins croisés se révélant intimement liés et influencés par les évènements (géo)politiques ayant secoué et transformé le pays durant cette période… réformes sociales, peur du communisme, attentats, coup d’état, dictature militaire et j’en passe !
A la croisée de la fresque familiale à la Gabriel Garcia Marquez et de la BD reportage à la Joe Sacco – saupoudrée d’une pincée d’affreux, sale et méchant à la Pieds Nickelés – Matthias Lehmann nous livre un album dense, à la fois drôle et passionnant, au graphisme oscillant habilement entre caricature, gravure à l’ancienne, coupure de journaux et publicités d’époque.
Chumbo, de Matthias Lehmann (Ed. Casterman)