– Celui qui ressemble à un lapin (James & Boris Mirroir) / Bouloche (Hervé Bourhis) –

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Un lapin – ou en tout cas ce qui lui ressemble – se balade la pine au vent en vue de pécho de la lapine, traverse l’équivalent de 5 continents et 4 saisons pour dégoter des chiottes dans un désert, se tire allègrement sur la nouille pour qu’elle soit aussi longue que celle du voisin, ou combat du gros monstre vénère à grands coups de tatanes… toujours dans l’optique de pécho’ de la lapine !

Pauvres gags de bas étage oscillant entre geekerie potache et beauferie crasse ?

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Que nenni !
Un tel humour pût en effet vite tourner en rond ou à la vieille blague, pourtant, avec des auteurs tels que James et Boris Mirroir aux manettes, vous obtiendrez pile l’inverse : un mélange de grotesque jamais grossier, de poésie absurde, et de folie douce joliment trash. En véritable artisans amoureux du média, le fameux duo nous offre des histoires certes basiques et loufoques, mais aux qualités irréprochables : un scénario au sens du rythme et de la narration hallucinants pour des récits muets, et visuellement, Boris Mirroir nous régale avec son univers peuplé d’animaux-monstres rigolos, de robots organiques et d’arbres plastiques illustrés dans un style faussement simple et véritablement incroyable, empruntant tant à Myazaki ou Trondheim qu’à Franquin ou Dave Cooper !

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Autre album, autre ambiance : avec Bouloche, Hervé Bourhis nous entraine dans les coulisses du monde fantabuleux du 9ème art. En suivant, l’arrivée au festival d’Angoulême d’une toute jeune dessinatrice aux yeux brillants de mille étoiles face à cette avalanche de bulles et de cases, l’auteur brossera un portrait caustique du « petit monde de la bédé ». Et si le choix de traiter ce sujet comme une comédie musicale un peu kitchouille aux rimes capillotractées, aux chorégraphies bien barrées et aux jeux de mots aussi drôles qu’éhontés (ou très drôles justement car éhontés) offre un premier abord très fun et léger, entre les lignes, ça balance allègrement ! Et chacun en prend pour son grade : du gros éditeur ne misant que sur du gros bouquins emplis de filles à gros seins, à l’auteur téléramesque ténébreux qui nous étale son cancer sur les 2000 pages de son rôÔôman grâÂâphique génialissimement déprimant, en passant par le chasseur de dédicaces avec sa petite chaise pliable vissée au fion et sa valisette débordant de bouquins à monnayer sur e-bay dès que le dessinateur y aura apposé sa griffe… oui, « dessinateur », parce que, bon, les scénaristes, on s’en fout un peu, non : les signatures ont beaucoup moins la côte à la revente !

Deux salles, deux ambiances, donc, chez les toutes jeunes mais prometteuses Expé Editions qui offrent ce mois-ci deux jolis cadeaux aux bédéphiles aguerris : d’une part, un bel objet oubapien qui rend hommage au média autant qu’il en joue ; et d’autre part, un pamphlet drôlement cynique (ou cyniquement drôle, c’est selon) qui écorche le média autant qu’il l’aime !

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* Celui qui ressemble à un lapin, de James & Boris Mirroir (Ed. Expé Editions)
* Bouloche, de Hervé Bourhis (Ed. Expé Editions)

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