– Brother Lono, d’Azzarello & Risso –

NDLR : « En cette période estivale, votre serviteur lève un peu le pied et refile exceptionnellement les clés de la R-à-B à l’ami Olivier, invité spécial qui nous parle aujourd’hui de Brother Lono (spin off de la série 100 Bullets)… et reste le bienvenu pour d’autres incursions dans le monde merveilleux des comics !
Merci de lui réserver le meilleur accueil, et bonne lecture à vous,
PaKa. »

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Avant de commencer cette chronique et par souci d’honnêteté je tiens à préciser une chose : je suis archi fan de la série 100 Bullets, qui représente pour moi une sorte de « Best Of » (dans le meilleur sens du terme) du polar. Et si les spin off peuvent souvent faire craindre un intérêt plus mercantile qu’artistique, la structure narrative de la série mère se prête à merveille à cet exercice. Le spin off en question étant réalisé par le même duo gagnant que la série, mon excitation était à son comble lorsque j’ai entamé les premières pages de Brother Lono.

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Vous devez surement connaître cette sensation : lorsqu’on attend trop d’une œuvre, on peut facilement être déçu… Autant être clair directement, c’est totalement l’inverse. Dès les premières cases, les premiers dialogues d’Azzarello et les premiers dessins de Risso, me revoilà scotché à l’univers baroque et violent de 100 Bullets. Un sens incroyable des dialogues et de la narration, une galerie de personnages inquiétants et pittoresques, des cadrages hallucinants et un dessin à la fois stylisé et efficace : la formule imparable est ici déclinée dans une mini-série qui se suffit à elle-même. On quitte les intrigues multiples à tiroirs pour se concentrer sur le face à face entre une équipe de trafiquants (forcément ultra-violents) et un orphelinat, avec au milieu un Lono hagard sur le chemin d’une (impossible) rédemption.

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Encore une fois, les situations et les personnages semblent être des archétypes du polar tendance « hard-boiled ». Brother Lono évolue également selon la trame archi-classique du western (l’action se déroule d’ailleurs dans la mythique ville de Durango) : une petite communauté harcelée par un groupe de hors-la-loi et défendue par un héros énigmatique. Mais le génie des dialogues, le soin apporté aux personnages et aux situations, et l’espèce de folie furieuse qui se dégage de l’ensemble permettent aux auteurs de dépasser des références pourtant ultra-évidentes et de signer encore une fois une œuvre beaucoup plus originale et personnelle qu’on pourrait le croire au premier abord. En même temps si Azzarello et Risso nous racontaient qu’ils ont pris du peyotl avec Tarantino pour communiquer avec Leone et Peckinpah et écrire le scenario… je trouverai ça plutôt crédible !

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Alors effectivement, on peut trouver l’intrigue un peu « légère » (malgré la violence et la noirceur qui la parcourent) et Lono sous-exploité. L’histoire n’apporte absolument rien à la série 100 Bullets (qui se suffisait déjà largement à elle-même), et peut donc se lire totalement indépendamment de la série principale. Personnellement, ce fut un tel bonheur de replonger – les auteurs faisant preuve d’une telle maitrise pour nous entrainer dans leur histoire – qu’aucun de ces tous petits bémols ne m’a empêché de prendre mon pied en dévorant Brother Lono.

Brother Lono

Brother Lono, d’Azzarello & Risso (ed. Urban Comics).

PS : Et merci à l’ami David Fournol de nous accueillir chez lui pour sa chro’ sur 100 bullets… entre bien d’autres chroniques toutes aussi bonnes !

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