– Notre seul ami commun (Tome 3), de Boris Mirroir –

* Pour ceux ayant manqué le début : chroniques des deux premiers tomes, ici et .

Tout va de mal en pis pour le pauvre Boris : enchainant coups durs sur choix malheureux, sa vie se résume finalement en une longue et douloureuse descente aux enfers.
Le seul moyen de le préserver serait-il finalement cet internement en hôpital psychiatrique ?
Mais Boris n’est pas fou : Boris souffre, tout simplement. Et ce n’est pas ce psy’ aussi insipide qu’inutile qui pourra y changer grand-chose.

Alors quoi ?
Essayer – à l’image de ce cochon et de ses joyeuses incursions – de prendre systématiquement les choses du bon côté ? La solution serait-elle de nager dans le bonheur de ce verre à moitié plein plutôt que de se noyer dans les eaux troubles de ce verre à moitié vide ?

Once d’optimisme, lueur d’espoir : Boris tente le coup !
Il reprend ses études, décroche même son diplôme, retourne vers ses amis, retrouve un semblant de vie sociale, succombe de nouveau au sourire d’une jolie fille…
…et après ?

« Choisir la vie, choisir un boulot, choisir une carrière, choisir une famille, choisir une putain de télé à la con, choisir des machines à laver, des bagnoles, des platines laser, des ouvre-boîtes électroniques.
Choisir la santé, un faible taux de cholestérol et une bonne mutuelle. Choisir les prêts à taux fixe, choisir son petit pavillon, choisir ses amis, choisir son survêt’ et le sac qui va avec, choisir son canapé avec les deux fauteuils, le tout à crédit avec un choix de tissus de merde. Choisir de bricoler le dimanche matin en s’interrogeant sur le sens de la vie, choisir de s’affaler sur ce putain de canapé et se lobotomiser aux jeux télé en se bourrant de MacDo. Choisir de pourrir à l’hospice et de finir en se pissant dessus dans la misère en réalisant qu’on fait honte aux enfants niqués de la tête qu’on a pondus pour qu’ils prennent le relais… »

Pas bien reluisant, ce programme, et pourtant, d’autant s’en satisferont…
…notre jovial cochon y verrait même le paradis.
Cependant, même cette version discount du paradis reste sans compter sur les mauvaises surprises que nous réserve cette pute de destin.

La vie est une plage, comme qui dirait.

Life is a bitch… voilà la morale de cette histoire.
Pas vraiment gai, j’en conviens, et pourtant, si c’était ça notre seul ami commun : ce dark passenger qui rode dans l’ombre et nous nous colle systématiquement aux basques.
C’est bien notre côté sombre que Boris Mirroir dissèque, triture, et explore au long des 3 opus de cette trilogie parfaitement maitrisée d’un bout à l’autre – tant d’un point de vue visuel que narratif – jusqu’à ce final implacable qui risque fort de vous prendre aux tripes et vous embuer les yeux.

Notre seul ami commun, Tome 3/3, de Boris Mirroir (Ed. CFSL.INK).
PS : Le texte en italique est extrait de Trainspotting (Danny Boyle, 1996).

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