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– La faute aux chinois, de Ravard & Ducoudray –

Au début, on pourrait penser à un reportage à la Groland sur la classe ouvrière ; le côté satyre sociale, drôle et cynique, où les imparables clichés s’enchainent joyeusement pour mieux dégommer tout ce gentil p’tit monde : le pauvre gars avec sa vie tristoune qui bosse à la chaine dans une usine d’équarrissage de poulets, ses épousailles avec la secrétaire un peu godiche qu’il protège des vannes salaces de ses machos de collègues, le personnage burlesque du beau-frère grande gueule et envahissant qui s’impose et dirige sa vie, les discussions de vestiaires où l’on se raconte les dimanches « apéricubes et belle-maman », le directeur vachard qui ressasse encore et toujours l’excuse bidon du moment pour mieux exploiter ses employés (ici, la crise de la grippe aviaire)…

…mais petit à petit, quand le personnage central se voit dans l’obligation de trouver rapidement des fonds pour soigner sa fille malade, pour renflouer les caisses en période de chômage technique, ou encore pour protéger ses arrières alors que plane la menace d’une délocalisation en Chine ; la petite satyre s’assombrit et prend des allures de thriller : du découpage de volailles au découpage d’êtres humains, il n’y a qu’un pas !

Bon, quand je dis thriller, on ne va pas non plus nous jouer du Dexter, hein ? On n’est pas en Amérique, que diable ! Loin du style clinquant des séries US, François Ravard, choisi ici un visuel sobre, voir même morne, à l’image de la vie de son personnage : l’unique couleur de l’album sera un gris aussi charbonneux que celui de son horizon, et le découpage, quant à lui, se réduira à un simple gaufrier aussi monotone que son train-train quotidien.

Plombant, donc, mais tellement représentatif de la misère de notre pauvre hère, que l’on s’attache forcément au bonhomme et que l’on finit par compatir à son triste sort… voire-même à cautionner ses actes bien peu catholiques !

Un récit peu banal et arrosé au vitriol, sur une vie qui aurait pu être tout ce qu’il y a de plus banale et arrosée à La Villageoise.

La faute aux chinois, de Ravard & Ducoudray (ed. Futuropolis).

2 Comments

on “– La faute aux chinois, de Ravard & Ducoudray –
2 Comments on “– La faute aux chinois, de Ravard & Ducoudray –
  1. Histoire de ne plus considérer les ouvriers travaillant dans des usines d’équarrissage de la même manière oui ! ^^
    L’histoire m’a tout de même moins marquée, j’aurais aimé le prendre et le secouer un peu :)

  2. Pingback: La Rubrique-à-Brac | – L’anniversaire de Kim Jong-Il / A coucher dehors / Mort aux vaches (Ducoudray & Co) –

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