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– Intrus à l’Etrange, de Simon Hureau –

Suite à la récente mort de son grand-père, auquel il était très attaché, Martial se lamente de ne pas avoir été plus présent auprès de lui en ses derniers instants. Un coup dur de plus pour le pauvre garçon, déjà peu enthousiaste de la vie qu’il mène : son couple par à vau-l’eau, son travail suit la même direction, sa vie de banlieusard le déprime, et même sa famille – prête à se servir sur le corps encore chaud de pépère – le débecte.

Plus bas que tout, Martial erre alors dans l’appartement de son aïeul, en quête de souvenirs des doux instants passés auprès de lui et qui sauront soulager son âme en peine. Mais, plus que des souvenirs, Martial y trouvera surtout de curieuses découvertes quant à la vie de son grand-père : une correspondance amoureuse avec une dame dont il n’avait jamais entendu parler, ainsi que deux valises cadenassées à l’attention d’un certain Felix Larose, lui aussi inconnu au bataillon ! Un point commun relie pourtant ces deux personnes : leur origine, toutes deux résidant visiblement à Magnat l’Etrange, petite bourgade perdue au fin fond du Limousin.

Rien d’intéressant ne le retenant plus à Paris, Martial décide donc de tout plaquer pour partir mener l’enquête dans cet intrigant village… et y trouvera, par la même, l’occasion d’une mise au vert tombant à point nommé !

Et si Martial s’octroie une mise au vert, il ne sera pas le seul : grâce à un dessin à l’ancienne, au trait épais et tout en rondeurs, fourmillant de détails, Simon Hureau nous embarquera nous aussi à la campagne, nous offrant de belles scènes contemplatives où Martial se balade longuement dans des paysages idylliques où règnent une nature luxuriante et un calme apaisant… bien loin des rue pollués par les gaz d’échappement, les publicité insipides, et les automobilistes enragés dans lesquelles il évoluait en début d’album.

Après, certains trouveront peut-être un peu désuet ce héros coiffé d’un chapeau melon et au langage quelque peu vieillot, mais si l’on sait l’appréhender pour ce qu’il est – soit un personnage un peu décalé, pas vraiment à l’aise dans notre époque et nostalgique des nobles valeurs du passé – c’est avec un intense plaisir que nous mènerons à ses côtés cette enquête bien ficelée et doublée d’un agréable retour à la terre…

Intrus à l’Etrange, de Simon Hureau (ed. La Boîte à Bulles).

6 Comments

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  3. Je viens de lire la critique de l’album et je me demande si on a bien lu la même bd^^. « Des paysages idylliques où règnent une nature luxuriante et un calme apaisant… « , ce n’est pas exactement comme ça que je décrirais la campagne dessinée par Simon Hureau : ce sont des décharges, des patelins miteux où les gens sont bêtes et méchants, des endroits angoissants où les secrets les plus horribles sommeillent sous la végétation sauvage qui a repris ses droits.

    Les retours à la terre, avec ce dessinateur, n’ont rien d’agréable, et d’ailleurs cet album est l’un des rares qui ne finissent pas de manière dramatique. Donc, effectivement, si on le compare à « Tout doit disparaître » ou « Aspic Voisine », il est presque doux et nostalgique, mais quand même. Des vampires, des règlements de compte, ou plutôt des lynchages, entre villageois, des projets scientifiques douteux… je crois que l’auteur encore une fois a cherché à nous faire basculer dans un imaginaire effrayant et glauque à partir du quotidien morne d’un village de campagne.

    Chez Simon Hureau, il y a une sorte d’intérêt pour le fait divers sordide, la fascination exercée par ces endroits reculés où la vie paraît tellement archaïque, la mentalité parfois sauvage : il y a bien une dichotomie ville/campagne, mais je ne dirais pas que la campagne est présentée comme un lieu de ressourcement rassurant. Au contraire, elle représente plutôt l’étrangeté (d’ailleurs le titre du livre est évocateur), au sens où le citadin moyen va plaquer tous les fantasmes attisés par la presse à scandale sur un lieu qui ne lui est pas familier. J’ai l’impression que Simon Hureau se plaît à filer et mettre en scénarios toutes les histoires morbides et les affabulations qu’on peut tisser sur ces régions rurales a première vue rédhibitoires, tout en sublimant par le dessin les paysages qu’on peut y trouver, ou la richesse insoupçonnée des habitants (comme dans ce tome, avec l’art incompris du personnage de Linlin). Bref, en ce sens, 3intrus à l’étrange » semble, il est vrai, plus positif et moins nihiliste que le dernier album de Simon Hureau, mais l’intrigue reste très ambivalente, et l’atmosphère, à mon sens, volontairement assez malsaine.

    Enfin voilà, mon commentaire paraîtra peut-être un peu véhément, mais je n’ai pas pu m’empêcher de répondre à cet article qui me semblait étonnamment éloigné de ce qu’est l’album en question !

  4. Coucou Anne, je suis en vacances actuellement, mais dès que je récupère une connexion à peu près normale, je passe répondre à ton com’… très intéressant, merci ;o)

  5. @ Anne :

    Bon, je viens de me relire ton long com’, et pour le coup, on est assez d’accord sur le côté plutôt positif qui ressort de cette BD de Simon Hureau.
    Je trouve que tout au long de l’album, on ressent le bien-être que Martial éprouve en quittant sa vie citadine et tous les désagréments qui l’accompagnent.
    Les points noirs qu’il rencontre et que tu mets en avant ne dépeignent pas forcément un noir tableau de ce village : les vampires sont surtout l’occaz’ de se moquer des bloggers et de leur côté dérisoire à vouloir voir du fantastique dans les faits les plus banals, les expériences scientifiques ne sont pas propres à la campagne mais sont des réminiscences des saloperies de la dernière guerre, et le côté rustaud de certains villageois n’est pas si dérangeant ; au contraire l’opposition ville = mal contre campagne = bien aurait été d’un manichéisme assez basique et plutôt malvenu. D’ailleurs, si les habitants du village ont un tel comportement, n’est-ce pas à cause des faits étranges importés par une tierce personne ?
    Après, je maintiens que sur place il rencontrera tout de même des personnes intéressantes et accueillantes, comme la vieille dame dont pépère était amoureux, son neveu, les habitants du village voisin, et bien sûr, la fille de Linlin avec qui il vivra de beaux moments, simplement assis dans l’herbe à déguster de bons produits et apprécier le calme ambiant…
    Quant aux paysages idylliques, je parle évidemment de cette nature préservée dans laquelle Martial se balade dans la dernière partie de l’album, où les décors sont vraiment magnifiques… et particulièrement bien rendus sous les crayons de Mr Hureau.
    Voilà, après ce n’est que mon avis, mais c’est vraiment ainsi que moi et les personnes avec qui j’en ai discuté avons ressenti ce bouquin…
    …mais encore merci de ton avis qui prouve qu’une œuvre peut être perçue de façon vraiment différente selon la sensibilité du lecteur et l’angle selon lequel on l’aborde.

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