– Milky, de Lilidoll –

J’aime cet instant entre l’éveil et le sommeil, où Morphée commence à nous serrer dans ses bras alors que notre conscience n’est pas encore réellement éteinte. Bien trop tôt pour que les rêves s’installent réellement, notre cerveau refusant alors de totalement lâcher prise, mais bien assez tôt pour que notre organe de raison commence à se laisser submerger par des sensations ouatées et vaporeuses. Nous entendons encore des sons au loin, nous avons encore conscience de notre enveloppe physique, et pourtant nous ne sommes déjà plus là, nous ne contrôlons plus rien : derrière nos paupières closes des images sans queues ni têtes affluent, et nos membres, si lourds à l’instant, nous paraissent maintenant léger comme l’air.
Parfois une sensation de chute nous extraie brutalement de ce monde chaud et cotonneux, sinon, nous perdons pieds et nous enfonçons doucement dans un sommeil profond…
Quoi qu’il en soit, cet instant étrange et agréable ne sera toujours que de courte durée, et pourtant, quelque part au fond de nous subsistera un léger souvenir de ses sensations indéfinissables…

Pourquoi je vous parle de ça ? Car justement, avec Milky, Lillidol nous prend par la main pour une balade dans ce mystérieux pays, coincé entre le songe et l’éveil. Sans tenter de nous l’expliquer concrètement, elle nous le décrit simplement d’une poignée de doux mots poétiques et feutrés, et l’illustre à l’aide de formes colorées et lumineuses donnant naissance à de curieux personnages, d’étonnants lieux.
Sans trop savoir où l’on va, ni quels êtres étranges on y rencontrera, on se laisse guider par cette intrigante et charmante nymphe à la peau d’albâtre et à la chevelure serpentine ; batifolant sur un sentier entouré d’une flopée de libellules luminescentes, flottant entre les cimes des arbres en compagnie de méduses multicolores…

Quand la dernière page sera tournée, c’est tout naturellement qu’on lâchera la main de Milky pour celle de Morphée, s’enfonçant plus profond vers le royaume des rêves… ou que l’on se réveillera dans notre monde, gris et terne, mais souriant grâce au doux souvenir des ces sensations éthérées gravé dans un coin de notre tête.

Milky, de Lilidoll (ed. Soleil – Venusdea)

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