Je sors de l’Olympia, où pour la neuvième fois, je suis allé voir -M- en concert.
Neuvième fois depuis ses débuts, j’entends ; car cette fois-ci fut la première depuis que le père Matthieu (ou le fils Chedid) a décidé de lâcher peu à peu le personnage de -M- pour cultiver le Mister Mystère ; un peu moins cartoonesque et nettement plus torturé.
Des différences sur scène ? Bien évidemment ! Nouvelle personnalité, nouveaux musiciens, nouvelle ambiance… nouvelle optique.
« – Ils font quand même un peu trop de cinéma, non, maintenant ? demande Vinie.
– Oui, mais quand on aime le cinéma, est-ce vraiment un défaut ? répond PaKa.»
Il est vrai que le show peut paraître un peu moins spontané, plus réfléchi, moins fun, et voire même un peu prétentieux ; mais putain, quel maîtrise, quel spectacle !
Le rideau s’ouvre sur un décor aussi classe que rétro en plastique blanc immaculé, les musiciens de noir vêtus font tourner une boucle au rythme entêtant et puissant, la pression s’installe doucement mais sûrement… Et puis il arrive, notre maître de cérémonie à la coiffe magistrale, froid et mystérieux, le regard camouflé derrière ses lunettes étoilées.
Le tableau n’est pas sans rappeler Orange Mécanique, hypnotisant et prenant.
Puis le film continue, suite logique, mécanique parfaitement huilée.
On assiste à une mise en scène carrée à la Fincher : chaque détail est pensé, réfléchi.
Une lumière en parfaite adéquation avec les ambiances, une pléiade de costumes tous aussi flamboyants les uns que les autres, un impressionnant plan-séquence caméra/guitare à l’épaule à travers la foule, des innovations techniques cameroniennes pour une guitare qui gère les projecteurs en fonctions des notes jouées, des passages plus intimes à la Woody Allen où un Matthieu nostalgique revient sur ses premières amours, un déploiement de figurants pour un Hold-Up quasi’ aussi couillu que le braquage du Dark Knight, la présence de l’acteur fétiche avec un Atef aussi fidèle à -M- que De Niro à Scorsese, un fil conducteur écrivant petit à petit un véritable scénario au spectacle, des rebondissements et des révélations pour un suspens hitchcockien, et bien sûr une bande originale de rêve qui relaye Dirty Dancing au rang de petite comédie musicale pour midinettes !
Alors, oui, au final, ça manque peut-être un peu d’improvisation, de n’importe-quoi, de folie, de roue libre, et même de cette pointe d’imperfection qui humanise.
Mais merde, peut-on dire que The Barber est moins bon que The Big Lebowski parce que les frères Cohen lui ont préféré un noir et blanc classieux aux couleurs psyché’, un scénar’ profond et posé au trip léger et planant, des acteurs sobres et précis à un Dude barré et bourré…? Non, bien sûr que non ! S’il est vrai que The Big Lebowski me fera toujours triper comme un fou et que je pourrai me l’enchaîner trois fois par semaine sans jamais m’en lasser ; il est aussi vrai que The Barber, plus difficile d’accès, restera pourtant à mes yeux un grand film, d’une qualité rare, qui aura su m’en mettre plein la gueule et me marquer profondément.
Bah voilà, -M- et Mister Mystère, c’est The Big Lebowski et The Barber !
PS : Et en plus, à un moment, y a même un super-héros… alors, que demander de plus ?!
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Ca donne envie et c’est frustrant de ne pas avoir été de la partie… Je suis sûr que tu as écrit cet article juste pour te venger de ta non-présence à Beaune ou à Cannes et me faire enrager… C’est ça? 😉
Alors je te dis M…, et je le sème sur ma planète… 😀
Est ce que le super-héros est en collant ?
Son nouveau truc pour nous faire enrager, c’est de dire qu’il va a Arras !!
Sinon toujours aussi plaisant de te lire 😉
@ Boustoune : Bah, t’as déjà vu le Big Lebowski qui sommeillait en lui, c’est déjà pas si mal ! Après, si tu as râté sa prestation « à la Barber », c’est peut-être que tu n’es pas assez cinéphile… haaaaaaaaaaaaan !!
(@ boustoune again : m’en veux pas, hein, je crois que c’est d’avoir râté l’Echezeau Grand Cru qui me fait dire ça !)
Tu le dégusteras dans 10 ou 12 ans, le temps qu’il passe de « excellent » à « exceptionnel ».
En attendant, je te propose de goûter le Vosne-Romanée 1er Cru « les orveaux » 2007 qui est juste un cran au-dessous, c’est-à-dire « très bon ».
Histoire de te faire saliver un peu plus, il est digne de cette dégustation d’anthologie que nous avions faite il y a quelques années – déjà – lors de notre première visite chez Mongeard-Mugneret…
Pour M., je me rappelle avoir failli mourir lors de sa prestation à l’aussi mémorable festival du « Rock dans tous ses états » à Evreux, pris dans un pogo de folie alors que j’avais le dos en vrac. Alors je préfère aller dans les salles de ciné, c’est moins dangereux et ça fait sûrement plus cinéphile
Et pis d’abord, je préfère The Big Lebowski à The Barber! Na !
The Dude, man… The Dude…
@ Dan’ :
– Oui, oui, collants et slip par dessus… la totale !
– Ah oui, tiens, j’avais oublier, Arras… héhé !
– J’avais pourtant dit que j’arrêtais sur un fameux blog vert… mais faut croire que c’est plus fort que moi de raconter ma life !
@ Boust’ :
– Si ce Vosne-Romanée est du même niveau que celui testé lors de cette dégustation, alors vivement demain !
– Là, c’était nettement plus calme dans le public, c’est pour ça que j’ai pu apprécier malgré mon grand âge.
– Ah oui, dans l’absolu, je préfère aussi The Dude, comme j’ai aussi préféré la (les) tournée(s) précédente(s)