Pour ses débuts en tant que réalisateur, le comédien Philip Seymour Hoffman a choisi d’adapter une pièce de Bob Goldini qu’il avait jouée sur les planches, “Jack goes boating”, une variation sur le couple et les relations humaines.

C’est  l’histoire d’une romance en devenir, entre deux écorchés vifs, Jack, un homme qui a peur des relations humaines et qui n’a pas confiance en lui, et Connie, une femme blessée par des relations compliquée, timide et maladroite. Mais c’est aussi, en parallèle, l’histoire d’un couple qui se déchire, celui de leurs amis Clyde et Lucy, rongé par les petits mensonges, les infidélités successives, l’usure du quotidien…

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La partie romantique est convaincante. On aime la façon avec laquelle le cinéaste décrit l’évolution des sentiments de Jack et Connie, très lente et s’appuyant sur des choses délicates : de gentilles attentions, des échanges de regards, des sourires timides…
On est séduit par ces deux personnages dès la fin de la première scène, celle de leur rencontre, au cours d’un dîner justement organisé par Lucy et Clyde pour permettre aux deux célibataires de faire plus ample connaissance.
Au début, il y a inévitablement une certaine gêne entre eux – méfiance mutuelle et échanges de banalités –  mais une étincelle se produit. Suffisante pour allumer la mèche et faire que Jack surmonte sa timidité en proposant à Connie une promenade en barque, quand viendront les beaux jours. La demande a beau être un peu saugrenue, au beau milieu de l’hiver, la jeune femme accepte, touchée par l’intérêt que lui porte ce grand gaillard différent des autres hommes qu’elle a connus.

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Pour Jack, c’est le début d’une irrésistible métamorphose. Afin de se montrer à la hauteur de sa belle, notre homme prend sa vie en main, cherche à surmonter ses complexes et ses blocages.
Pour une promenade en barque, il vaut mieux savoir nager. Alors, il prend des cours de natation pour surmonter sa peur de l’eau… Si l’amour donne des ailes, il doit aussi donner des branchies, non?
Pour honorer la promesse de préparer un dîner romantique, il vaut mieux savoir cuisiner. Alors, il apprend auprès d’un chef…
Et puis, maintenant qu’il prend conscience qu’il n’est pas si nul qu’il le pensait, pourquoi pas se trouver un emploi plus stable et mieux rémunéré que les petits jobs qu’il effectue pour son oncle ?

On est touchés par l’opiniâtreté de ce grand dadais un peu gauche, joué avec gourmandise par Philip Seymour Hoffman lui-même. Ses efforts rappellent un peu ceux fournis par Patrick Timsit pour séduire Cécile de France dans L’Art délicat de la séduction, le côté résolument comique en moins.
Il faut dire que Connie est particulièrement séduisante, puisqu’elle a les traits et la grâce de la ravissante Amy Ryan, que le cinéaste avait eue pour partenaire sur les plateaux de tournages de Truman Capote ou de 7h58, ce samedi-là.
L’actrice apporte une certaine complexité, une sorte de gravité à son personnage, femme blessée qui s’ouvre de nouveau à la vie et à l’amour.
Grâce à sa complicité avec Philip Seymour Hoffman, mais aussi grâce à une mise en scène sobre, qui évite le piège de la mièvrerie et de l’étalage des bons sentiments, on suit avec plaisir le cheminement amoureux de ce drôle de couple.

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Le cinéaste fait preuve de la même pudeur, très louable, pour décrire la déliquescence du couple formé par Clyde et Lucy, mais là, ça fonctionne moins bien. Cette histoire est un peu en retrait par rapport à celle de Jack et Connie, elle manque un peu de consistance et d’intensité. Même chose au niveau des performances des acteurs, moyennement convaincantes.
Pourtant, John Ortiz et Daphne Rubin-Vega connaissent bien les rôles pour les avoir joués au théâtre.
C’est peut-être là où le bât blesse, justement. Ils jouent sans doute de façon un peu trop théâtrale une partition insuffisamment adaptée pour le grand écran.
Le couple Hoffman/Ryan s’en sort mieux car le premier, on le sait, est un acteur de tout premier plan et que la seconde est la seule comédienne du film à n’avoir pas joué la pièce originale.

Au final, Rendez-vous l’été prochain nous laisse un peu sur notre faim. Le film de Philip Seymour Hoffman ne possède pas l’ampleur qu’il aurait pu avoir sous la direction d’un John Cassavetes ou d’un Woody Allen, par exemple. Il ne s’y passe rien de vraiment surprenant ou de passionnant.
Reste une comédie douce-amère dotée d’un certain charme, qui permet de passer en douceur le cap de cette fin d’année 2010…

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Jack goes boating

Réalisateur : Philip Seymour Hoffman
Avec : Philip Seymour Hoffman, Amy Ryan, John Ortiz, Daphne Rubin-Vega
Origine : Etats-Unis
Genre : des couples se forment, d’autres se déforment
Durée : 1h31
Date de sortie France : 29/12/2010
Note pour ce film :

contrepoint critique chez :  Le Point

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