Si vous êtes urophile, commencez par aller consulter un psy d’urgence.
Et si vous n’êtes pas guéri, allez donc voir Paperboy. La  scène où Nicole Kidman urine langoureusement sur le torse nu de Zach Efron devrait vous procurer un petit frisson érotique.
Un petit, hein… Mais au moins éprouverez-vous quelque chose à la vue du nouveau film de Lee Daniels, que l’on pourrait définir comme un film noir mollasson mâtiné de drame larmoyant et outrancier. Ah, et visuellement très laid, ce qui n’arrange rien…

Dans son précédent film, Precious, Lee Daniels avait déjà fait montre d’un goût prononcé pour le mélodrame surchargé. Son héroïne était une adolescente noire, obèse, battue par sa mère, violée par son père et mère d’un nourrisson… Rien que ça…
Le truc aurait fait fuir n’importe quel spectateur normalement constitué si le cinéaste n’avait réussi à imposer une patte de metteur en scène particulière, bien que déjà encombrée d’effets visuels assez laids, et n’avait pu compter sur la performance de  sa jeune actrice, Gabourey Sidibe.

Paperboy - 4

Dans Paperboy, le mélo est presque aussi épais.
Le cinéaste aborde les relations entre blancs et noirs dans les états du sud de l’Amérique, juste après l’acquisition des droits civiques et la fin de la ségrégation, parle aussi d’homosexualité, de libéralisation des moeurs, de peine de mort, mais se contente de survoler tout cela pour se concentrer sur l’éveil sentimental d’un jeune neuneu qui souffre d’avoir jadis été abandonné par sa maman… (De là à accepter de se faire pisser dessus…)
Le cocktail d’éléments dramatiques est à la fois bien indigeste et bien fade, et, à la différence de Precious, il n’y a pas grand chose pour le relever.

Et certainement pas l’intrigue criminelle, relativement indigente, qui sert de fil conducteur au récit. Tirée d’un roman de Pete Dexter, l’histoire suit l’enquête d’un journaliste progressiste (Matthew McConaughey) sur l’affaire d’un bouseux pas commode (John Cusak) condamné à mort pour avoir zigouillé un shérif local au coeur des Everglades. Assisté par son frère (Zac Efron), un journaliste noir (David Oyelowo) et la femme du condamné (Nicole Kidman), il tente de faire réviser le premier procès, pour cause de preuves insuffisantes et de vices de procédure, et d’empêcher l’exécution d’un potentiel innocent.
Tout le suspense du film se résume à savoir si le suspect principal est coupable ou innocent du meurtre sauvage du shérif. Wow! Insoutenable! Vu la trogne de l’illuminé du bayou que joue Cusak avec force mimiques vicieuses et tics nerveux, on devine assez vite ce qu’il en est…  
 
Paperboy - 3

Ne comptez pas sur la mise en scène de Lee Daniels pour alléger la lourdeur du récit. C’est tout le contraire qui se produit. Certains effets sont assez ridicules, indignes même d’un étudiant en cinéma. Le montage est chaotique.
Les couleurs sont baveuses et assez laides. Le but était sûrement de retrouver le grain des pellicules des années 1970. Mais n’est pas Tarantino qui veut. Les seules pellicules que l’on retrouve ici sont celles qui tombent de la moumoute 100% cheveux gras de John Cusak… 
Et que dire de la direction d’acteurs, quasi-inexistante…

Zack Efron n’est pas très crédible en puceau traumatisé par l’abandon maternel. Le beau gosse de High school musical  entendait ainsi troquer son image de star pour midinettes pour celle d’un acteur de composition pur et dur. Mouais… Le seul truc qu’on retiendra est que la Kidman lui a pissé sur le torse en gémissant…
John Cusack, on en a brièvement parlé plus haut, n’est guère mieux loti. Il surjoue chacune de ses scènes, tout comme David Oyelowo et Macy Gray.

The paperboy - 3

Mais c’est Nicole Kidman qui remporte la palme du cabotinage éhonté, en livrant une caricature de femme cougar assez pathétique. L’actrice, heureuse d’avoir retrouvé un peu d’expressivité faciale entre deux cures de botox, s’en donne à coeur joie dans les minauderies et les poses provocatrices. Elle est tellement exaspérante qu’on aurait envie de la jeter en pâture aux alligators. Et dire que certains la posent en favorites des prochains Oscars pour ce rôle, on croit rêver… On ne sait pas s’ils sont urophiles, mais on leur conseille aussi d’aller consulter leur psy en urgence…

Le seul qui tire à peu près son épingle du jeu, c’est Matthew McConaughey. Il est moins convaincant que dans le récent Killer Joe  ou que dans Mud, le nouveau film de Jeff Nichols, mais son jeu sobre, à l’opposé de celui de ses petits camarades, est ici appréciable.

On ne comprend toujours pas les raisons de la présence de ce Paperboy en compétition officielle au Festival de Cannes, où il a été jugé assez unanimement comme le film le plus faible de la sélection et a été copieusement sifflé lors de ses projections. Logique, il n’avait pas le niveau pour ce qui est censé être la vitrine des meilleurs films de 2012, puisqu’il peine déjà à ressembler à une série B correcte…

Bref, vous aurez compris qu’on n’est pas, mais alors pas fan du tout de ce Paperboy. (Bon, en même temps, on n’est pas urophiles non plus…)

 

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Paperboy Paperboy
The Paperboy

Réalisateur : Lee Daniels
Avec : Zach Efron, Nicole Kidman, Matthew McConaughey, John Cusak, Macy Gray,  David Oyelowo
Origine : Etats-Unis
Genre : Piss & love dans le bayou
Durée : 1h41

Date de sortie France : 17/10/2012
Note pour ce film :
Contrepoint critique : Télérama (Critique pour)

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